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Etudiants marocains en Ukraine : Scénarios d’une réintégration complexe


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 7 Mars 2022

Le ministère de l’Enseignement supérieur est en cours de recensement des étudiants marocains en Ukraine dans la perspective d’une potentielle intégration dans les universités marocaines. Voici les scénarios possibles.



Etudiants marocains en Ukraine : Scénarios d’une réintégration complexe
Pris en otage par la guerre qui sévit en Ukraine, les étudiants marocains commencent petit à petit à retourner à la mère patrie au fur et à mesure qu’avancent les opérations d’exfiltration et les vols de rapatriement. Fuir la guerre n’est pas leur unique souci puisqu’une grande partie des étudiants se posent moult questions sur leur avenir après l’interruption des cours, sachant qu’une grande partie d’entre eux ont perdu tout espoir d’achever leur parcours universitaire en Ukraine.

Force est de constater que plusieurs universités ukrainiennes ont été ciblées par des bombardements, tandis que d’autres ont menacé d’expulsion les étudiants étrangers ayant quitté le territoire. Le sort de ces étudiants rescapés est devenu une question récurrente au sein de l’opinion publique.

Le ministère de tutelle promet une solution définitive

Prenant acte de cette situation, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation a lancé une opération de recensement des étudiants aussi bien ceux qui sont revenus au Maroc que ceux qui sont encore bloqués dans le territoire ukrainien. Le ministère a mis en place une plateforme contenant un formulaire que les étudiants doivent remplir. Il contient des informations concernant l’université d’inscription, la spécialité, le niveau de formation, la ville de résidence au Maroc ainsi que d’autres informations relatives à l’identité.

Bien que le communiqué ministériel du 4 mars n’ait pas donné plus de détails sur les raisons de ce recensement, cela laisse croire qu’une solution est en cours de préparation dans les coulisses. Une possible réintégration dans les universités marocaines ? Très probable, juge une source proche du dossier, qui a requis l’anonymat. Cette possibilité est d’autant plus probable que l’Ambassade du Maroc à Kiev a rassuré tous les étudiants qui avaient l’intention de quitter l’Ukraine dès le début de la guerre que leur situation sera réglée, en dépit des injonctions de leurs universités.

Un traitement au cas par cas

Il va sans dire que l’annonce du ministère a pris de court les universités marocaines qui doivent gérer l’admission des nouveaux étudiants. “Pour le moment, nous n’avons pas encore eu un débat sur cette question avec les autorités ministérielles”, nous assure Mohamed Ahallat, Doyen de la Faculté de Médecine de Tanger, qui nous explique que les étudiants concernés seront bel et bien intégrés dans les Facultés après l’examen de tous les dossiers dans la plateforme mise en place par le ministère.

En ce qui concerne les étudiants en médecine, leur intégration suscite un vif débat, d’autant que la qualité de la formation en Ukraine fait l’objet d’un doute. L’achat de modules est une pratique courante dans ce pays, selon plusieurs témoignages que nous avons recueillis auprès des étudiants. Ceci pose donc la question de l’évaluation du niveau avant l’intégration dans les cursus, insiste le député istiqlalien Allal Amraoui, pour qui l’intégration est une question évidente.

Selon une source bien informée, le ministère devrait se charger de l’orientation de chaque étudiant en fonction de son parcours. Il procédera au cas par cas, et déciderait de l’orientation à suivre selon les spécificités de chaque étudiant et de son dossier.

Le problème qui s’impose ici est la convergence linguistique. Compte tenu que les étudiants marocains sont formés en ukrainien ou en russe, il serait difficile qu’ils puissent suivre leurs cours au Maroc en français, d’où la nécessité de leur procurer des cours de langue en parallèle avec leur intégration.


Anass MACHLOUKH

Trois questions à Allal Amraoui


« Les universités marocaines doivent proposer des débouchés aux étudiants en fonction de leur niveau »
 
Allal Amraoui, membre du groupe istiqlalien « Pour l’Unité et l’Égalitarisme » à la Chambre des Représentants, a répondu à nos questions sur l’intégration des étudiants marocains en Ukraine dans les universités marocaines.

- Le ministère de l’Enseignement supérieur a décidé de recenser les étudiants marocains revenus d’Ukraine, comment les réintégrer dans les universités marocaines ?


- Ces jeunes étudiants marocains, partis à l’étranger pour poursuivre leurs études, notamment en Ukraine, n’ont pas choisi cette situation malheureuse. Notre pays a réalisé l’essentiel après leur rapatriement rapide. Aujourd’hui, il est important aussi de réfléchir sur leur avenir universitaire. Pour ceux qui voudraient continuer leurs études au Maroc, au moins jusqu’au règlement du conflit, le ministère de l’Enseignement supérieur devra proposer des alternatives, bien sûr en fonction de leurs cursus, c’est-à-dire leur parcours universitaire en Ukraine.


- Concernant les étudiants en médecine et en pharmacie, les diplômes ukrainiens sont mal réputés, que faire dans ce cas ?

- Il est vrai qu’il y a eu beaucoup de suspicion autour de ces diplômes, surtout durant la période d’effondrement de l’ancienne URSS, pour cela, le Maroc avait instauré un système de complément de stage au sein de nos hôpitaux, avant de qualifier les titulaires à exercer. Je peux témoigner que certains d’entre eux étaient très bien formés, et je suis contre le fait de taxer et de dénigrer de façon systématique les diplômes issus de ces pays de l’Est.


- Faut-il procéder à des évaluations de niveau avant l’intégration ?

- Comme cela se fait dans toutes les universités du monde, chaque étudiant devra faire valoir son parcours universitaire, et c’est à la Faculté d’étudier ces dossiers, et faire des propositions concrètes et logiques à ces jeunes marocains venus d’Ukraine dans ces circonstances difficiles. Donc, toute alternative doit être basée sur une évaluation. C’est dans l’intérêt de l’étudiant et de la qualité de l’enseignement.

Recueillis par A. M.
 








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