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Etudes économiques : L’inclusion financière au Maroc sous la loupe du Réseau euro-méditerranéen


Rédigé par A. CHANNAJE Mardi 14 Décembre 2021

Malgré d’importantes réformes mises en oeuvre depuis 2002 pour renforcer l’ouverture du secteur financier, l’exclusion financière reste extrêmement élevée, particulièrement chez les jeunes, les ménages à faible revenu, les femmes, les personnes moins instruites et celles vivant en milieu rural.



Tel est, du moins, le constat dressé par le Réseau euro-méditerranéen d’études économiques (EMNES) dans une étude, datée de ce mois de décembre, sur l’inclusion financière dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Il en ressort pour le Maroc que les jeunes, les ménages à faible revenu, les femmes, les personnes moins instruites et celles vivant en milieu rural demeurent peu bancarisées.

« Selon Bank Al Maghrib, le ratio entre le nombre de comptes bancaires et la population totale est passé de 56% en 2017 à 78% en juin 2020. Les dernières données disponibles de l’enquête Findex 2017 révèlent que 28% de la population âgée de 15 ans et plus possède un compte dans une institution financière. De plus, à l’instar de nombreux autres pays dans le monde, l’exclusion financière concerne principalement les ménages à faible revenu, les femmes, les moins instruits et ceux vivant en milieu rural », explique la même source.

D’après EMNES, les principales raison qui expliquent pourquoi l’exclusion financière reste extrêmement élevée au Maroc sont : manque de fonds chez la majorité de Marocains, faible nombre d’agences bancaires, méfiance envers les institutions financières, coûts élevés de l’ouverture et du maintien d’un compte bancaire, et manque de personnel qualifié et compétitif…

Pourtant, poursuit la même source, de nombreuses actions ont été initiées pour stimuler l’inclusion financière, dont la Stratégie Nationale d’Investissement Financier, les Politiques d’appui au financement des PME, les Politiques d’appui à l’accès au logement des ménages modestes.

Stratégie nationale d’investissement financier

Mises en place en 2016 par le ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et Bank Al-Maghrib (BAM), la Stratégie Nationale d’Investissement Financier a pour ambition de réduire les disparités d’accès et d’utilisation des services financiers. En ce sens, des mesures ont été mises en oeuvre pour adopter une charte d’investissement qui devrait simplifier les procédures administratives de création d’entreprise et améliorer le cadre judiciaire, afin d’assurer l’efficacité des programmes d’investissement régionaux.

Dans le cadre de cette stratégie, des instances de gouvernance ont été créées pour déployer la stratégie sous l’impulsion de BAM et du MEF. Parmi ces instances, le Conseil National qui est en charge du suivi global de la stratégie, avec la possibilité de recadrer les priorités et orientations stratégiques. Il est constitué de représentants des ministères, régulateurs et acteurs privés actifs dans la SNIF, et est présidé par le ministre de l’Economie et des Finances.

Financement des PME

Pour dynamiser le financement des PME, des start-up et des entreprises innovantes, plusieurs mesures ont été engagées comme le fonds « Innov Invest » qui a été lancé par le gouvernement en 2016 pour soutenir les start-up avec un budget actuel de plus de 500 millions de dirhams. Il y a également eu la mise en place de procédures et de chartes pour favoriser et renforcer l’intervention des business angels pour financer les start-up, ainsi que le développement du crowdfunding pour accompagner le financement des entreprises innovantes.

Ce dernier mécanisme consiste à mettre en relation, via Internet, de jeunes porteurs de projets avec un large public. La loi n° 15-18 sur le financement participatif a été adoptée en février 2021 par la Chambre des Représentants au parlement. Par ailleurs, le programme de financement « Intilaka » a été lancé en février 2020 par le gouvernement marocain pour accompagner et financer les start-up et les PME.

Inclusion financière des ménages

Pour simuler l’inclusion financière au Maroc, le réseau EMNES souligne que deux types d’actions ont été identifiés pour l’IF des ménages, qui comprennent la promotion de l’accès aux services financiers et à l’éducation des ménages, et le soutien à l’accès au logement pour les ménages à faible revenu. Le premier type d’actions vise à favoriser l’accès aux comptes de dépôt.

BAM a publié deux directives en 2010, obligeant les banques à offrir gratuitement un certain nombre de services, par exemple l’ouverture d’un compte pour effectuer des opérations de base, telles que la réception de salaires, les retraits aux distributeurs automatiques, les virements vers d’autres comptes au sein de la même banque, etc.

Les banques ont également été tenues de renoncer aux exigences minimales de transaction ou de solde et aux frais de clôture, ainsi que de limiter les frais de tenue de compte pour ces comptes. Une autre mesure de promotion de l’IF a été la création de la Fondation Marocaine pour l’Éducation Financière, lancée en 2013 à l’initiative de BAM pour définir et mettre en oeuvre une stratégie nationale d’éducation financière qui unifie les efforts du public et acteurs privés et capitalise sur les expériences internationales.

Le deuxième type d’action vise à faciliter l’accès au financement du logement pour les ménages modestes. Les actions comprennent l’octroi de garanties et de micro-prêts pour le logement, du côté de la demande, ainsi que des allégements fiscaux et des subventions aux développeurs pour la mise à disposition de logements abordables, du côté de l’offre.

En tant qu’un des acteurs majeurs de l’IF, l’Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC) s’est engagée, elle-aussi, à adopter une réglementation favorable à l’innovation dans le cadre de son plan stratégique 2021-2023. Cet engagement renforce le soutien de l’agence à l’opérationnalisation de nouveaux marchés, tels que les marchés à terme et les instruments financiers innovants, permettant ainsi de diversifier l’offre et d’améliorer la liquidité des marchés. Ces engagements se traduisent par des actions, telles que celles favorables au financement participatif et celles visant à élargir la gamme d’instruments conformes à la Charia à différents segments de marché.

« Dans le contexte de la crise mondiale du Covid-19, l’accès aux services financiers et au crédit est au coeur de la plupart des mesures d’atténuation prises par le gouvernement marocain. En outre, l’accès aux services financiers est un élément clé dans la mise en oeuvre de toute politique ciblant les groupes vulnérables de la population et, en particulier, pouvoir les atteindre », souligne EMNES.


A. CHANNAJE


Baisse du taux de crédit consommation

Les taux de rémunération des dépôts à terme ont enregistré en octobre 2021 des baisses mensuelles de 22 points de base à 2,13% pour ceux à 6 mois et de 39 points à 2,21% pour ceux à un an. En ce qui concerne le taux minimum de rémunération des comptes sur carnet, il a été fixé pour le 2ème semestre de l’année 2021 à 1,03%, en baisse de 24 points de base par rapport au premier semestre de 2021.

S’agissant des taux débiteurs, le taux moyen global s’est quasiment stabilisé à 4,35% au 3ème trimestre.

De leur côté, les taux assortissant les prêts aux particuliers sont restés quasiment inchangés à 5,20%, recouvrant un accroissement de 66 points des taux appliqués aux comptes débiteurs et crédits de trésorerie, une baisse de 13 points de ceux des prêts à la consommation et une stabilité de ceux des crédits à l’habitat. Quant aux taux appliqués aux prêts octroyés aux entreprises, ils ont augmenté de 13 points.

 








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