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Études à l’étranger : La Chine, nouvel eldorado pour les étudiants marocains ?


Rédigé par Oussama ABAOUSS Dimanche 16 Janvier 2022

En dépit de la pandémie, de l’éloignement et de la difficulté de la langue, un nombre croissant de Marocains choisissent de poursuivre leurs études en Chine.



Une nouvelle vague de bourses à destination des étudiants marocains qui souhaitent poursuivre leurs études en Chine vient d’être annoncée. Il s’agit cette fois de bourses d’études pour les cycles master et doctorat à l’Institut de technologie de Pékin. Le dernier délai pour soumettre les candidatures a été fixé au 15 avril 2022. Une actualité qui vient confirmer que la Chine est désormais une destination privilégiée pour les étudiants étrangers, notamment marocains.

« Poursuivre les études supérieures en Chine est un choix de plus en plus attractif pour les étudiants marocains pour plusieurs raisons. Premièrement, la Chine dispose de plus de 3.000 universités qui offrent des formations dans tous les domaines. Deuxièmement, le coût des études en Chine est relativement bas par rapport à celui de pays européens par exemple. Troisièmement, la Chine met en place plusieurs types de bourses pour encourager les étudiants étrangers à venir étudier sur son territoire », énumère Mehdi El Ihsani, lauréat d’une université basée dans la province de Zhejiang et fondateur du cabinet Foorsa qui se spécialise dans l’accompagnement des étudiants marocains qui souhaitent étudier en Chine.

Ouverture et soft power

À défaut de trouver un chiffre fiable sur le nombre précis de Marocains en Chine actuellement, les sources que nous avons recoupées évoquent une communauté qui totaliserait plusieurs milliers d’étudiants. « Le nombre d’étudiants de nationalité marocaine qui s’inscrivent chaque année dans des universités chinoises est en constante croissance. Il en est de même pour plusieurs autres pays en voie de développement », affirme notre interlocuteur.

Que gagne la Chine en investissant ainsi dans la formation de ressortissants étrangers ? « Quand j’étais en Chine, je m’étais posé cette question à plusieurs reprises en voyant les efforts qui sont consentis pour inciter les étudiants étrangers à venir étudier sur leur territoire. Un professeur chinois m’avait expliqué qu’il s’agissait d’un investissement qui aurait des retombées positives pour le pays à long terme puisque cette politique participait à la dynamique d’ouverture entamée par la Chine après plusieurs décennies marquées par le repli sur soi. En plus de favoriser les échanges entre les cultures dans un contexte chinois, ce choix est également une façon de construire un soft power qui permettra à la Chine d’améliorer son image », explique Mehdi El Ihsani.

Études et pandémie

En 2020, l’opinion publique marocaine découvrait les difficultés de centaines d’étudiants marocains résidant en Chine dont la situation a été précarisée par la pandémie de Coronavirus. Actuellement, les 1000 étudiants environ qui ont pu être rapatriés sont toujours bloqués au Maroc et continuent à se mobiliser pour pouvoir retourner en Chine afin de poursuivre leurs études. « C’est vrai, nous connaissons beaucoup de personnes qui sont actuellement dans ce cas de figure.

Cela dit, cette situation est due au choix de la Chine de fermer ses frontières. Ces étudiants continuent cependant à bénéficier de cours à distance en attendant une amélioration de la situation sanitaire qui leur permettrait de retourner en Chine », nuance le fondateur de Foorsa. En attendant, les demandes d’inscription dans des universités chinoises et les demandes d’accompagnement que reçoit le cabinet Foorsa ne laissent pas transparaître une baisse d’engouement pour la Chine.

« Je pense que c’est normal puisque les universités chinoises ont un excellent classement au niveau international et leurs diplômes permettent le plus souvent d’obtenir des situations professionnelles intéressantes au niveau international», précise notre interlocuteur.

Le rêve chinois

Pays dont le territoire et la culture sont très éloignés du Maroc, la Chine et sa langue réputée difficile ne semblent pas constituer un obstacle dissuasif pour les Marocains.

« Il est possible en Chine de faire des études en chinois après une année préparatoire où les étudiants apprennent la langue. Il est également possible d’opter pour un enseignement en anglais même s’il reste toujours obligatoire d’obtenir un certificat de maîtrise de la langue chinoise avant la fin des études », explique Mehdi El Ihsani qui souligne que les Marocains en Chine sont réputés pour la vitesse avec laquelle ils arrivent à maîtriser la langue chinoise.

« La majorité des étudiants marocains arrivent à s’intégrer facilement, surtout que le peuple chinois fait majoritairement preuve d’ouverture et de tolérance. Le coût de la vie est également plus bas qu’en Europe. À titre d’exemple, il est possible de louer un petit appartement dans une grande ville pour 300 euros environ. Les conditions de vie et l’aide pédagogique dont bénéficient les étudiants leur permettent par ailleurs de poursuivre leurs cycles dans de bonnes conditions », conclut le fondateur de Foorsa.


Oussama ABAOUSS

Repères

Éligibilité aux bourses
Pour être éligibles au programme de bourse récemment annoncé, les étudiants marocains - qui veulent poursuivre leurs études à l’Institut de technologie de Pékin - doivent avoir un diplôme qui permet l’accès au cycle d’études demandé. Les candidats au master doivent être âgés de moins de 35 ans et ceux du doctorat de moins de 40 ans. Tous doivent « répondre aux exigences académiques, linguistiques et professionnelles exigées par l’Université». Les langues d’études seront l’anglais et le chinois.

 

Coopération Maroc-Chine
Le 5 janvier 2022, le Maroc et la Chine ont signé le Plan de la mise en oeuvre conjointe de « l’Initiative la Ceinture et la Route ». Selon Nasser Bourita, il s’agit d’un outil complet pour la gestion stratégique et le déploiement concret d’un partenariat global allant du dialogue politique à une coopération sectorielle transversale. Cette coopération porte notamment sur les infrastructures, le commerce, les investissements, l’industrie, l’éducation, les sciences et technologies, le développement vert et la santé.

 

L’info...Graphie

Études à l’étranger : La Chine, nouvel eldorado pour les étudiants marocains ?

Statistique


La Chine, une des principales destinations des étudiants étrangers
 
Le nombre total d’étudiants étrangers en Chine n’a cessé d’augmenter ces dernières années et a atteint plus de 490.000 en 2018. C’est à peu près le double en comparaison avec les chiffres enregistrés il y a dix ans. Alors que la part des étudiants des pays occidentaux n’a cessé de diminuer ces dernières années, de plus en plus d’étudiants d’Asie et d’Afrique ont choisi de poursuivre leurs études dans ce pays.

Les chiffres d’étudiants en provenance des pays qui participent à l’initiative chinoise «la nouvelle route de la soie» ont par ailleurs affiché les taux de croissance les plus élevés ces dernières années. La plupart des étudiants internationaux en Chine se sont autofinancés ou reçoivent une bourse d’études d’institutions étrangères.

Toutefois, le nombre d’étudiants soutenus par le gouvernement chinois a considérablement augmenté au cours des dix dernières années, avec un nombre croissant de bourses accordées aux étudiants des pays en développement. Les universités les plus plébiscitées sont à Pékin, Shanghai et dans les régions côtières de l’Est et du Sud de la Chine.


 

Recherche


Les publications scientifiques désormais dominées par les chercheurs chinois
 
Il y a deux décennies, la production scientifique des chercheurs basés en Chine était presque six fois inférieure à celle des chercheurs affiliés à des institutions de recherche aux États-Unis. En 2020, cependant, la Chine a pris le leadership dans ce domaine grâce au nombre de publications scientifiques des chercheurs chinois qui ont dépassé la production scientifique américaine.

Les chercheurs et scientifiques liés aux universités, instituts et hôpitaux en Chine ont ainsi publié un total de 788.000 articles scientifiques en 2020 dans tous les domaines de la connaissance. Ce chiffre équivaut à une moyenne de 90 nouveaux résultats scientifiques par heure publiés dans des articles universitaires avec la participation de chercheurs chinois. Selon une récente étude comparative qui s’est penchée sur ce sujet, le nombre de publications nord-américaines en 2020 a enregistré une croissance de 2,4% par rapport à l’année précédente, tandis que la production scientifique chinoise a augmenté de 10%, à un rythme de plus en plus accéléré année après année.

À noter que les domaines de connaissances dominés par la Chine sont la biologie moléculaire et la pharmacologie (principalement grâce à des recherches directement liées au Covid-19). Le pays se classe également au premier rang mondial dans des domaines tels que l’astronomie, l’agriculture, l’informatique et l’ingénierie. La Chine occupe la deuxième place en science économique et la sixième au niveau mondial dans les domaines des arts et sciences humaines.

 

3 questions à Majdouline Mhalla, doctorante et enseignante à l’université Dongbei


« Nous avons en Chine la possibilité de bénéficier de l’expérience d’un pays qui s’est développé très vite et a pu franchir des étapes considérables en quelques années »
 
Chercheur, enseignante et doctorante au sein du département Business Administration à l’université Dongbei dans la ville chinoise de Dalian, Majdouline Mhalla répond à nos questions.


- Pourquoi avoir choisi la Chine pour poursuivre vos études supérieures ?

- J’ai eu la chance de pouvoir entamer une expérience professionnelle en Chine avant de penser à y poursuivre mes études. Ce choix m’a donc semblé logique, car les conditions d’étude en Chine sont très avantageuses.

En plus des diverses raisons liées à la sécurité et à mon intérêt pour la culture chinoise, l’université où j’ai la chance d’étudier en ce moment dispose d’un matériel de pointe qui est très coûteux et qui n’est le plus souvent pas disponible dans des établissements équivalents au Maroc ou ailleurs. Les moyens et la marge de liberté dont je dispose pour mener mes recherches ainsi que la qualité de l’encadrement dont je bénéficie sont également des arguments qui ont influencé mon choix.


- Comment avez-vous vécu cette période pandémique en tant qu’étudiante en Chine ?

- Il est certain que les étudiants en Chine ont dû passer par des moments plutôt difficiles durant cette pandémie. Cela dit, les autorités sanitaires et universitaires chinoises ont fait énormément d’efforts pour nous aider et nous permettre de dépasser les difficultés liées notamment aux périodes de confinement, en nous assistant quotidiennement, mais aussi en nous faisant bénéficier de l’accès aux vaccins au même moment où les citoyens et étudiants chinois faisaient leurs premières vaccinations.


- Pensez-vous que la Chine continuera à attirer un nombre croissant d’étudiants étrangers, en dépit de la pandémie ?

- Oui, j’en suis convaincue. La Chine a entamé depuis plusieurs années des efforts considérables pour développer les universités, la recherche scientifique et les possibilités d’études pour les étudiants nationaux et internationaux. Nous avons en Chine la possibilité de bénéficier de l’expérience d’un pays qui s’est développé très vite et a pu franchir des étapes considérables en quelques années. Je pense que l’attrait des étudiants, notamment marocains, pour la Chine ne peut que continuer à se renforcer.

 

Recueillis par O. A.