La daya de Takaddoum, dernier bastion de la biodiversité dans le périmètre urbain de la capitale, vit manifestement ses derniers jours, car le site est menacé de destruction par le projet de la nouvelle plate-forme agroalimentaire de Youssoufia. Une lueur d’espoir semble cependant poindre depuis que le Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM/Birdlife) a alerté le reste de la société civile sur la possibilité de signaler son opposition au projet dans le cadre de l’enquête publique menée selon les dispositions de la loi n°12- 03 relative aux études d’impact sur l’environnement. « Mercredi 15 juillet, une dizaine d’associations ont fait le déplacement vers le bureau de l’arrondissement de Youssoufia après la diffusion de l’information », raconte Brahim Haddane de l’Association Marocaine pour la Protection de l’Environnement et du Climat (ASMAPEC).
Mobilisation des associations
Après plusieurs heures passées à chercher le bon endroit, les militants ont été reçus par le secrétaire général du bureau de l’arrondissement qui les a informés qu’en plus du registre présenté sur place pour recueillir leurs remarques et oppositions -qui étaient les premières depuis l’ouverture de l’enquête publique le 7 juillet-, un autre registre était également disponible dans la 18ème annexe de l’arrondissement du quartier. « Nous avons contacté l’annexe en question, mais on nous a dit que le registre n’était pas consultable pour le moment en raison d’une grève du personnel de l’administration. Même si plusieurs personnes ont dû faire le déplacement depuis d’autres villes, beaucoup sont décidés à revenir avant le délai imparti du 27 juillet pour signaler leur opposition sur ce deuxième registre », explique Pr Rhimou El Hammoumi présidente du GREPOM.
Annonce très discrète
« Normalement, selon la loi, l’arrondissement concerné doit annoncer que l’enquête publique et ouverte et mettre à disposition du grand public pour une durée déterminée un document officiel paraphé pour recueillir les remarques ou oppositions au projet. Ce document est ensuite présenté à un comité qui l’étudie pour statuer », précise pour sa part M. Abdeslam Bouchefra, secrétaire général de la Société Protectrice des Animaux et de la Nature au Maroc (SPANA) qui lui aussi a fait le déplacement pour s’opposer au projet. L’annonce de l’enquête publique n’a vraisemblablement pas franchi le périmètre des locaux de l’arrondissement. Elle y est affichée dans le résumé de l’étude d’impact du projet qui par ailleurs réduit les retombées négatives des travaux de construction de la nouvelle plate-forme agroalimentaire de Youssoufia à « une augmentation du trafic routier, la production d’une quantité importante de déchets solides, les risques d’accidents et une nuisance sonore ». Dans ce résumé, aucune mention n’est faite à propos de la destruction d’un habitat naturel riche en biodiversité.
Un site naturel précieux
Pourtant, la Daya de Takaddoum est un écosystème unique dans la région où 98 espèces différentes ont été recensées par le GREPOM. « Le site abrite des espèces d’intérêt patrimonial, dont certaines ne se reproduisent plus, dans toute la vallée, que dans la Daya de Takaddoum », peut-on lire dans une publication scientifique faite par des membres du GREPOM qui soulignent le rôle de la Daya en tant qu’escale migratoire des oiseaux (rapport complet sur https://urlz.fr/dtCY). Plus surprenant encore, des travaux effectués dans le périmètre de la daya en 2019 et dénoncé par le GREPOM avaient pour objectif de drainer la daya et de détruire une partie de sa végétation alors que « l’acceptabilité environnementale » du projet n’a toujours pas été établie à ce jour. « Sachant que les travaux ne peuvent débuter que lorsque l’enquête publique est terminée, ce qui n’est toujours pas le cas, ces travaux que nous avions nous-mêmes constaté et qui se faisaient en l’absence du panneau réglementaire qui identifie le maitre d’ouvrage et l’autorisation du chantier, ne peuvent qu’être en infraction avec la loi », souligne Pr El Hamoumi.
En attendant que la lumière se fasse à ce sujet, les citoyens et les organismes de la société civile peuvent jusqu’au 27 juillet exprimer leur volonté de sauvegarder la Daya de Takaddoum en se déplaçant à la 18ème annexe de l’arrondissement de Youssoufia afin de consigner officiellement leur opposition au projet.
Mobilisation des associations
Après plusieurs heures passées à chercher le bon endroit, les militants ont été reçus par le secrétaire général du bureau de l’arrondissement qui les a informés qu’en plus du registre présenté sur place pour recueillir leurs remarques et oppositions -qui étaient les premières depuis l’ouverture de l’enquête publique le 7 juillet-, un autre registre était également disponible dans la 18ème annexe de l’arrondissement du quartier. « Nous avons contacté l’annexe en question, mais on nous a dit que le registre n’était pas consultable pour le moment en raison d’une grève du personnel de l’administration. Même si plusieurs personnes ont dû faire le déplacement depuis d’autres villes, beaucoup sont décidés à revenir avant le délai imparti du 27 juillet pour signaler leur opposition sur ce deuxième registre », explique Pr Rhimou El Hammoumi présidente du GREPOM.
Annonce très discrète
« Normalement, selon la loi, l’arrondissement concerné doit annoncer que l’enquête publique et ouverte et mettre à disposition du grand public pour une durée déterminée un document officiel paraphé pour recueillir les remarques ou oppositions au projet. Ce document est ensuite présenté à un comité qui l’étudie pour statuer », précise pour sa part M. Abdeslam Bouchefra, secrétaire général de la Société Protectrice des Animaux et de la Nature au Maroc (SPANA) qui lui aussi a fait le déplacement pour s’opposer au projet. L’annonce de l’enquête publique n’a vraisemblablement pas franchi le périmètre des locaux de l’arrondissement. Elle y est affichée dans le résumé de l’étude d’impact du projet qui par ailleurs réduit les retombées négatives des travaux de construction de la nouvelle plate-forme agroalimentaire de Youssoufia à « une augmentation du trafic routier, la production d’une quantité importante de déchets solides, les risques d’accidents et une nuisance sonore ». Dans ce résumé, aucune mention n’est faite à propos de la destruction d’un habitat naturel riche en biodiversité.
Un site naturel précieux
Pourtant, la Daya de Takaddoum est un écosystème unique dans la région où 98 espèces différentes ont été recensées par le GREPOM. « Le site abrite des espèces d’intérêt patrimonial, dont certaines ne se reproduisent plus, dans toute la vallée, que dans la Daya de Takaddoum », peut-on lire dans une publication scientifique faite par des membres du GREPOM qui soulignent le rôle de la Daya en tant qu’escale migratoire des oiseaux (rapport complet sur https://urlz.fr/dtCY). Plus surprenant encore, des travaux effectués dans le périmètre de la daya en 2019 et dénoncé par le GREPOM avaient pour objectif de drainer la daya et de détruire une partie de sa végétation alors que « l’acceptabilité environnementale » du projet n’a toujours pas été établie à ce jour. « Sachant que les travaux ne peuvent débuter que lorsque l’enquête publique est terminée, ce qui n’est toujours pas le cas, ces travaux que nous avions nous-mêmes constaté et qui se faisaient en l’absence du panneau réglementaire qui identifie le maitre d’ouvrage et l’autorisation du chantier, ne peuvent qu’être en infraction avec la loi », souligne Pr El Hamoumi.
En attendant que la lumière se fasse à ce sujet, les citoyens et les organismes de la société civile peuvent jusqu’au 27 juillet exprimer leur volonté de sauvegarder la Daya de Takaddoum en se déplaçant à la 18ème annexe de l’arrondissement de Youssoufia afin de consigner officiellement leur opposition au projet.
Oussama ABAOUSS
3 questions au Pr Rhimou El Hamoumi, présidente du GREPOM
« Nous avons une chance jusqu’au 27 juillet pour contribuer à souligner l’intérêt de sauvegarder la Daya »
Présidente du Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM/ Birdlife), Pr Rhimou El Hamoumi a répondu à nos questions à propos de la sauvegarde des zones humides urbaines.
- Comment faire pour sauvegarder les zones humides urbaines de petites superficies dont le foncier et convoité?
- La responsabilité de sauvegarder est partagée dans ce genre de sites urbains et périurbain. Ca devient dès lors une question d’arbitrage. Soit on décide de conserver soit on détruit la zone pour y développer un projet sans prendre en considération ses valeurs écologiques. Souvent, pour justifier la destruction d’une zone de ce genre, les gens avancent l’argument de la nuisance, avec principalement les moustiques pointés du doigt.
- Cet argument de nuisance due aux moustiques est-il fondé?
- Pas du tout. Pour les moustiques, il y a des solutions biologiques simples à mettre en place. C’est l’approche urbanistique utilisée qui n’est pas capable de réellement intégrer la biodiversité dans le milieu urbain. La Daya de Takaddoum par exemple est un endroit idéal pour tenter de créer un parc urbain qui intègre un magnifique cortège de biodiversité. Or alors qu’on voit beaucoup d’argent dépensé pour verdir les collines avoisinantes avec du gazon qu’il faut arroser chaque jour, on assiste simultanément à une tentative pour détruire la zone humide naturelle avec sa très belle roselière naturelle et toutes les espèces qui y vivent.
- Comment la société civile peut-elle se mobiliser pour sauvegarder la Daya de Takaddoum ?
- Maintenant que nous savons où aller pour faire opposition, nous avons une chance jusqu’au 27 juillet -pour contribuer à souligner l’intérêt de sauvegarder la Daya- en faisant le déplacement et en consignant notre désaccord avec le projet.
Présidente du Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM/ Birdlife), Pr Rhimou El Hamoumi a répondu à nos questions à propos de la sauvegarde des zones humides urbaines.
- Comment faire pour sauvegarder les zones humides urbaines de petites superficies dont le foncier et convoité?
- La responsabilité de sauvegarder est partagée dans ce genre de sites urbains et périurbain. Ca devient dès lors une question d’arbitrage. Soit on décide de conserver soit on détruit la zone pour y développer un projet sans prendre en considération ses valeurs écologiques. Souvent, pour justifier la destruction d’une zone de ce genre, les gens avancent l’argument de la nuisance, avec principalement les moustiques pointés du doigt.
- Cet argument de nuisance due aux moustiques est-il fondé?
- Pas du tout. Pour les moustiques, il y a des solutions biologiques simples à mettre en place. C’est l’approche urbanistique utilisée qui n’est pas capable de réellement intégrer la biodiversité dans le milieu urbain. La Daya de Takaddoum par exemple est un endroit idéal pour tenter de créer un parc urbain qui intègre un magnifique cortège de biodiversité. Or alors qu’on voit beaucoup d’argent dépensé pour verdir les collines avoisinantes avec du gazon qu’il faut arroser chaque jour, on assiste simultanément à une tentative pour détruire la zone humide naturelle avec sa très belle roselière naturelle et toutes les espèces qui y vivent.
- Comment la société civile peut-elle se mobiliser pour sauvegarder la Daya de Takaddoum ?
- Maintenant que nous savons où aller pour faire opposition, nous avons une chance jusqu’au 27 juillet -pour contribuer à souligner l’intérêt de sauvegarder la Daya- en faisant le déplacement et en consignant notre désaccord avec le projet.
Repères
Le marais de Oualidia terrassé
Les naturalistes de tous bords avaient dénoncé il y a quelques mois l’installation d’un canal de drainage dans le marais à proximité de la lagune de Oualidia. « On nous disait que ce canal de drainage était temporaire et que les eaux traitées de la station en amont allait à nouveau y être déversé pour faire revivre le marais », explique Pr El Hamoumi présidente du GREPOM. Le marais connu pour sa beauté et pour héberger plusieurs espèces migratrices a depuis été en grande partie vidé, remblayé et terrassé.
Daya de Dar Bouazza : le bras de fer continue
Dans la région de Casablanca, alors que le sort de la Daya de Dar Bouazza n’est toujours pas fixé, le Groupe Ornithologique du Maroc (GOMAC) nous a déclaré être « extrêmement surpris de constater que l’Agence du bassin hydraulique (ABHBC) éprouve des difficultés à mettre en application les mécanismes réglementaires nécessaires à la délimitation de ce Domaine Public Hydraulique (DPH) ». Cette zone humide victime d’une tentative de spoliation « rempli pourtant tous les critères d’appartenance au DPH ».