L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



International

Entretien avec Sansy Kaba Diakité : Nous avons le soutien total du Maroc pour le projet «Conakry, Capitale du livre»


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 6 Juin 2022

La Guinée et le Maroc entretiennent des relations fraternelles et historiques touchant tous les domaines, académique, diplomatique, économique et culturel... M. Sansy Kaba Diakité, Directeur de l’Harmattan Guinée et Délégué Général de « Conakry Capitale du Livre » sait de quoi il parle quand il s’agit de l’édition et du livre. Sa présence au SIEL 22 à Rabat et à l’Académie du Royaume, lors du lancement de la Chaire de la Littérature Africaine et des Arts, en sont la parfaite illustration. Explications



- Vous avez organisé, dernièrement, la 14ème édition de « 72 Heures du Livre » de Conakry où le Maroc a été le pays invité d’honneur. Que peut-on retenir de la participation du Royaume à cette manifestation culturelle panafricaine ?

- Effectivement, ce «Salon du livre, dénommé « 72 Heures du Livre de Conakry », était à sa 14ème édition et le Maroc a été le pays invité d’honneur de cette année 2022. Le Royaume a fait une remarquable participation à deux niveaux : le ministère de la Culture, de la Communication et de la Jeunesse, à travers une forte délégation, pour participer aux dédicaces, aux conférences. Pour ce volet, « Les belles lettres du Maroc » étaient à l’honneur.

Ensuite, il y a eu « la Journée du Maroc » ainsi que « la Nuit du Maroc » afin de montrer à la Guinée et aux Guinéens la beauté de la culture marocaine. Le deuxième niveau a été la participation de l’Académie du Royaume. Le Secrétaire perpétuel de cette grande institution était l’invité d’honneur. Il a reçu le titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia.

Il a également pris part aux conférences et à d’autres animations culturelles sans oublier la rencontre avec les recteurs des Universités guinéennes pour raffermir la coopération entre l’Académie et la République de Guinée. Le Salon fut un succès puisque nous avons eu plus de 80 000 visiteurs et la thématique était « Sauvegarde du patrimoine et paix sociale ». Il faut dire, enfin, que la coopération culturelle dans le domaine de l’édition et du livre, se porte bien.


- Actuellement, vous portez un projet dénommé « Conakry, Capitale Africaine du Livre ». Quels en sont les éléments fondateurs ?

- Il faut rappeler, d’abord, que la Guinée est un pays de culture et de grands écrivains. C’est le pays de Laye Camara, de Djibril Thamsir Niane et de William Sassine. C’est aussi le pays de Keita Fodeba et de Tierno Monénembo.  Si vous prenez, aujourd’hui, l’Afrique Subsaharienne Francophone, toutes les capitales ont une référence culturelle. C’est le cas de Ouagadougou au Burkina avec le FESPACO, Dakar au Sénégal avec la Biennale de l’Art Contemporain, Bamako au Mali avec la Biennale de la Photographie, Niamey au Niger avec Aphadi pour la Mode, Abidjan en Côte d’Ivoire avec le MASA. Dans ce concert, la Guinée voudrait avoir sa référence culturelle. D’où la naissance de « Conakry, Capitale du Livre ».

C’est un projet qui dure depuis 14 ans. Et l’on s’est dit que l’on peut faire de Conakry la capitale africaine du livre. Pour ce faire, il fallait avoir les bases en fédérant toutes les synergies africaines. En 2015, nous avons ainsi déposé un dossier à l’UNESCO, pour faire de Conakry la capitale mondiale du livre. Fin 2015 et début 2016, nous avons été élus. Donc du 23 avril 2017 au 22 avril 2018, Conakry a accueilli le monde entier pour célébrer le livre. C’était l’année mondiale du livre en Guinée.

Nous en avons profité pour tisser des liens avec la plupart des institutions, les acteurs et les professionnels du livre du monde. A la fin de cette grande manifestation, nous avons donc lancé le projet « Conakry, Capitale du Livre ». Car nous ne sommes pas encore Capitale africaine du livre. C’est cette bataille que nous menons actuellement pour dire que le livre mérite d’être célébré sur le continent à l’instar du football, de la musique, du cinéma et de l’art. Nous nous battons pour organiser la Biennale Africaine du Livre à Conakry afin de célébrer les acteurs et les éditeurs du livre du continent.


- Justement, et dans ces conditions, qu’attendez-vous du Maroc dans ce projet sinon que peux faire le Royaume dans ce chantier ?

- Il faut rappeler que le Maroc et la Guinée entretiennent des relations historiques. Feu SM le Roi Hassan II et feu Président Ahmed Sékou Touré, paix à leurs âmes, ont tissé et consolidé cette relation. La création de l’OUA, aujourd’hui UA, avec le groupe de Casablanca en est la parfaite illustration.

La même flamme fraternelle et historique est entretenue entre SM le Roi Mohammed VI et les différents chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête de notre pays. Cette coopération s’est également élargie dans tous les domaines, scientifique, économique, diplomatique et culturel.

D’ailleurs, en marge de notre Salon, le Maroc nous a accordé son soutien total dans ce projet. C'est ce qui justifie, d’ailleurs, notre présence ici au SIEL 2022 mais aussi à l’Académie du Royaume lors du lancement de la Chaire de la Littérature Africaine et des Arts. Donc le Maroc promeut notre projet à travers les différentes manifestations académiques et culturelles pour que Conakry fasse la place au livre.


- Qu’en est-il du SIEL 2022 ?

- Il est évident que ce SIEL, qui est à sa 27ème édition et qui se tient cette année à Rabat, constitue une plateforme et un espace pour la promotion de notre projet. D’autant plus qu’il consacre la littérature africaine mais aussi et surtout que Rabat est la capitale de la culture africaine. Une belle coïncidence et qui est énorme en termes de symboles.

C’est aussi une belle opportunité pour faire passer nos messages. Nous allons mettre à profit ce Salon pour vanter tout le mérite de célébrer le livre en Afrique et par les Africains. Qu’il s’agisse de l’Afrique francophone, lusophone, hispanique ou arabophone.


- Enfin, quel est l’état des lieux concernant la lecture et la production du livre en Guinée ?

- Le livre se porte bien en Guinée. D’après les statistiques, quand je créais ma maison d’édition l’Harmattan Guinée, il y avait trois ou quatre livres qui sortaient par an. Aujourd’hui, c’est plus d’une centaine qui est éditée annuellement. Cela veut dire que ça bouge, en témoigne notre Salon, les « 72 Heures du Livre » dont le nombre de visiteurs ne fait que grossir d’année en année.

Mieux, aujourd’hui, il y a des manifestations culturelles et des dédicaces toutes les semaines sans oublier les débats autour et sur le livre pour que celui-ci soit la nourriture de l’esprit. Et nous sommes convaincus que le livre sauvera la Guinée et le continent africain.


- Sur un autre plan, l’Harmattan Guinée vient de lancer un grand chantier de republication des œuvres complètes du Président Ahmed Sékou Touré. De quoi s’agit-il ?

- C’est un grand projet qui nous tient à cœur car les Guinéens ont besoin de leur histoire, donc leur passé dans sa pluralité et dans sa diversité. Pour mener à bien ce chantier, nous avons rencontré le président Mamadi Doumbouya dès la prise de pouvoir par l’armée, par le CNRD [Comité national du rassemblement pour le développement].

Nous avons eu sa confiance et il nous a exprimé la volonté de son institution à republier toutes les anciennes œuvres sur la Guinée. Naturellement, les œuvres du président Ahmed Sékou Touré en font partie. Cette republication va permettre à la jeunesse guinéenne d’avoir accès au patrimoine littéraire de son pays.



Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE

 


 


Bon à savoir
 
De nationalité guinéenne. M. Sansy KABA DIAKITE est titulaire d’une maîtrise en Sciences Economiques de l’Université Gamal Abdel de Conakry, et d’un Master en Gestion et Management des Entreprises de l’Economie Sociale de l’IUP Charles Gide, Université du Maine (Le Mans en France). Du début de sa carrière, il y a 17 ans, à ce jour, M. KABA DIAKITE a été très actif dans la conception et l’organisation de rencontres internationales, telles que : les Universités d’Eté Fragments du Monde à Marly le Roy (France), le Sommet Mondial sur l’Emploi des Jeunes, les Rencontres et Camping humanistes à Prague, le Forum de la Mano River pour la société civile (Sierra Leone), les Salons du Livre et de la Lecture du Centre Culturel Franco-guinéen,  et aussi de l’Université Internationale d’Eté en Guinée, les Salons de l’Emploi et de la Formation de Guinée (SADE) 2007, 2008, 2009 et 2010.

Depuis quatorze ans, il est le Directeur de l’Harmattan Guinée, Maison d’édition et de diffusion de droit guinéen qui assure la représentation des Editions l’Harmattan France. Il vient de faire de Conakry, capitale mondiale du livre 2017. Son grand projet est de faire de Conakry, la capitale Africaine du livre dans les prochaines années.

Sur le plan associatif, Monsieur Sansy KABA DIAKITE est Fondateur et Président de l’ONG « Les Amis du Futur », qui s’occupe, entre autres, de Management des Ressources humaines et du bénévolat, de gestion et suivi de projets. Il est également Co-Fondateur du « Forum des Jeunes de Guinée », Délégué général des Humanistes de Guinée, et Membre de plusieurs autres associations : Réseau Fragment Monde, Réseau des ONG de la Francophonie, Réseau des Jeunes Africains pour la Lutte contre le VIH SIDA, Méritant Or du Programme Mérite International de la Jeunesse. Enfin, notre interlocuteur est nouveau leader du futur du Crans Montana Forum.

 



Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 25 Avril 2024 - 22:14 Opération israélienne au sud du Liban