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Entretien avec Lagrange Fidèle Sinmenou Agnankpe : « Le Maroc, acteur majeur dans la dynamique des jeunes et femmes africains »


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 22 Août 2022

En Afrique, les femmes et les jeunes représentent un énorme potentiel mal exploité au sein de la Zone de Libre Échange Continentale dont le marché compte aujourd’hui plus de 900 millions de jeunes et pourrait approcher 1,7 milliard parmi les 2,5 milliards d’habitants en 2050. Un défi à relever.



- La question du développement des jeunes et des femmes est au coeur des débats en Afrique. Comment arrimer les discours aux réalités socio-économiques sur le continent ?

- Il faut un consensus, donc pouvoir se retrouver, avoir des discussions franches, prendre des engagements concrets et les assumer.

Selon la Banque Africaine de Développement, en dépit des aléas existants, les perturbations économiques liées à la guerre Russie-Ukraine pourraient plonger 1,8 million de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2022 en Afrique. Cela pourrait augmenter de 2,1 millions en 2023. Les besoins de financement supplémentaires du continent étant estimés à 432 milliards de dollars, cela démontre la nécessité d’inscrire ces questions à l’ordre du jour des rencontres importantes, qu’une franchise caractérise les échanges, que des résolutions idoines en sortent et soient mises en oeuvre.


- Justement, ce sujet sera à l’ordre du jour de la 77ème Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre. Que faut-il espérer ?

- Dans un contexte de chocs multiples, nouveaux et généralisés, vu la menace d’une stagnation économique mondiale, les dirigeants africains doivent mettre en oeuvre des politiques qui accélèrent la transformation structurelle grâce à la croissance de la productivité et la création d’emplois conséquents et décents. L’amélioration de la productivité agricole par exemple est un levier essentiel. Le contexte de flambée des prix des denrées alimentaires et des difficultés d’approvisionnement inquiète. Vu le thème retenu, « Un tournant décisif : des solutions transformatrices face à des défis intriqués », espérons des discussions franches, des prises de conscience, ainsi que des résolutions et engagements concrets qui seront respectés par tous.


- En marge de cette session, vous organisez le Sommet de haut niveau sur le financement des jeunes et des femmes en Afrique. Concrètement de quoi s’agit-il ?

- Ce Sommet, organisé par le LaRAD et ses partenaires stratégiques, dont l’Association Gabonaise pour les Nations Unies (AGNU), a vocation de susciter, favoriser des échanges constructifs directs entre jeunes, femmes, chefs d’État et de gouvernement, législateurs, opérateurs économiques, partenaires bilatéraux et multilatéraux. Nous présenterons l’état des lieux du financement des jeunes et des femmes en Afrique qui n’est pas à la hauteur des attentes, proposerons des actions innovantes pour accroître ces financements, et d’autres modes de financement.

Somme toute, susciter conjointement des réflexions et engagements des décideurs et acteurs. Les femmes et les jeunes représentent un énorme potentiel mal exploité au sein de notre Zone de Libre Échange Continentale dont le marché compte aujourd’hui plus de 900 millions de jeunes et pourrait approcher 1,7 milliard parmi les 2,5 milliards d’habitants en 2050.


- Quel sera le rôle du secteur privé dans cette nouvelle approche ?

- Il joue un rôle crucial pour promouvoir un développement soutenable des économies africaines. C’est lui qui absorbe une grande partie des besoins des jeunes et femmes. Un renforcement durable du tissu économique implique donc de s’attaquer aux difficultés auxquelles font face les jeunes et les femmes.

Parmi ces obstacles, le faible accès au crédit et la faible législation sont des freins aux PME, aux entreprises de taille intermédiaire et aux start-ups. Mobiliser des capitaux, trouver et former des talents, surmonter la bureaucratie sont des défis que les jeunes et femmes attribuent à leur environnement. Ces défis peuvent être atténués par le secteur privé. L’implication totale du secteur privé dans l’élaboration des politiques est aussi importante que son partenariat avec l’UA, les Etats membres et les jeunes entrepreneurs.


- Existe-t-il une démarche, une initiative ou au plus un mécanisme de l’Union Africaine en la matière ?

- L’UA avait décidé en mai 2013 de créer sa Fondation, sur proposition du Groupe de haut niveau sur les sources alternatives de financement (Assembly/AU/ Dec. 487(XXI)). La Fondation a été lancée finalement le 30 janvier 2015 et finance des programmes et des initiatives, en mettant l’accent sur des domaines tels le développement des jeunes et l’entrepreneuriat, l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes. Ajoutons qu’Afrexim Bank et d’autres partenaires multilatéraux que nous souhaitons voir à ce Sommet comme la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, accompagnent également l’Union Africaine sur plusieurs volets, mais, malheureusement, les jeunes et les femmes ne ressentent pas encore les résultats de ces efforts.


- Qu’en est-il du cas du Maroc dans cet accompagnement des jeunes et des femmes en Afrique ?

- Le Maroc a toujours participé au développement du continent, particulièrement des jeunes et des femmes en Afrique par ses actions de solidarité, son approche basée sur l’intégration, et par ses investissements qui visent le partage de croissance à l’échelle de la région. Une institution constitutionnelle indépendante mise en place par SM le Roi Mohammed VI, en 2011, a permis l’annulation de la dette des pays africains les moins avancés, l’accès au Maroc des produits de plusieurs pays d’Afrique en exonération des droits de douane, l’octroi de bourses au profit des étudiants africains.

Récemment, il a offert un siège en plus à l’Union Panafricaine de la Jeunesse. Le Royaume soutient directement plusieurs initiatives et projets de jeunes et de femmes sur le continent. Dans sa politique étrangère, il veille à une inclusion, une association des jeunes et des femmes aux prises de décisions, à ce que les décisions prises à leur endroit soient exécutées. Le plaidoyer de Son Excellence M. Nasser Bourita en faveur des jeunes lors du renouvellement des Accords ACP-UE est un exemple.

Grâce à la dynamique renouvelée des relations économiques entre lui et les autres pays de l’Afrique, il est aujourd’hui le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième sur le continent. Le Maroc donne une grande lueur d’espoir à cette catégorie. Autrement dit, le Maroc est un acteur majeur des jeunes et femmes africains.




Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE
 


Bon à savoir

Lagrange Fidèle Sinmenou Agnankpe est Spécialiste en Intelligence Stratégique, Communication et Diplomatie. Il est le Fondateur et Directeur Exécutif du Laboratoire de Recherches et d'Actions Diplomatiques (LaRAD), qui est une Organisation de la société civile à vocation panafricaine. Le LaRAD oeuvre dans le développement social à travers la recherche, la formation et la sensibilisation au profit de la jeunesse africaine particulièrement. Il se veut également une source de propositions en faveur des dirigeants du continent face aux nombreux défis qui sont les siens.

Ce Sommet est organisé en partenariat avec l’Institut Mandela de Paris, présidé par le Dr Paul Kananura. Cette institution se veut un «think tank» (Laboratoire d’idées) de promotion de l’égalité des chances, favorable à l’économie de marché, à la solidarité internationale et à l’unité africaine. Cet établissement se donne pour objectif majeur de garder vivant l’esprit et l’inspiration du panafricanisme dans la promotion des valeurs de paix grâce à une diplomatie intellectuelle.
 








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