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Entretien avec Janice Flora Sinmenou Agnankpe : Unifier les Etats africains dans le cadre d’une vision stratégique continentale


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 25 Octobre 2021

Le Royaume du Maroc, eu égard à son leadership, est appelé à renforcer ses actions au profit de la Jeunesse du Continent qui, dans les années à venir, prendra la relève et constituera 30% de la Jeunesse Mondiale. Cet appel est de Janice Flora Sinmenou Agnankpe, Spécialiste des Questions d’Intégration Africaine et Secrétaire Générale du Laboratoire de Recherches et d’Actions Diplomatiques (LaRAD), institution panafricaine sise au Gabon. Explications.



Entretien avec Janice Flora Sinmenou Agnankpe : Unifier les Etats africains dans le cadre d’une vision stratégique continentale
- Vous venez d’animer une visioconférence sur la configuration stratégique des Communautés Régionales Africaines organisée par l’Institut Mandela de Paris. Que peut-on en retenir ? 

- Les Communautés Régionales Africaines sont, selon l’Union Africaine, des piliers de l’intégration régionale. Mais il en existe excessivement sur le Continent, ce qui ralentit l’atteinte de l’objectif principal de l’organisation panafricaine qui est la mise en place d’un espace continental intégré et prospère.

En effet, alors que la Résolution 464 du Conseil des Ministres de l’OUA de Juillet 1976 découpe l’Afrique en 5 grandes régions et que celle de Juillet 2006 interdise, d’une part, la création de nouvelles Communautés et, d’autre part, ne reconnait que 8 Communautés sur le Continent, force est de constater que les Etats décident encore de mettre en place des Communautés Régionales. Ce qui obère évidement l’efficacité des décisions, programmes et activités d’intégration sous-régionale puisque les ressources et les énergies sont utilisées doublement et donc il y a dilapidation.

Aujourd’hui, on dénombre une quinzaine de Communautés Régionales Africaines avec une cinquantaine d’institutions spécialisées qui en sont les satellites. Repenser la configuration stratégique des Communautés Régionales Africaines n’est donc pas une option mais une nécessité impérieuse pour garantir au processus d’intégration africaine les meilleures chances d’aboutir.


- Existe-t-il un lien entre configuration stratégique des Communautés Régionales Africaines et l’intégration africaine ?

- Effectivement. En effet, le processus enclenché par l’adoption du Plan d’Action et l’Acte Final de Lagos a abouti à la formulation d’un cadre juridique et institutionnel avec la signature du Traité d’Abuja en 1991 instituant la Communauté Economique Africaine et l’Acte constitutif de l’Union Africaine en 2002.

Ce traité assigne aux Communautés Régionales Africaines un rôle essentiel dans le renforcement de l’intégration et la création ultérieure d’une Communauté Economique Africaine. Ce dispositif consacre, par-dessus tout, la volonté des Etats africains d’unifier dans le cadre d’une vision et d’une stratégie continentales, les multiples engagements exprimés et les efforts déployés ici et là pour promouvoir et consolider une coopération économique soutenue pour un développement endogène et durable.

Le fait est que, depuis la mise en place de l’UA, les divers processus d’intégration sous-régionale du Continent n’ont pas permis l’apparition d’un espace intégré africain. Les échanges interafricains sont encore faibles, les rivalités et les doubles-emplois existent encore. Par exemple, en Afrique centrale il existe 3 Communautés sous-régionales qui ont pratiquement les mêmes mandats et objectifs : la CEEAC, la CEMAC et la CEPGL. Malgré la présence de ces trois Communautés, l’Afrique Centrale est la région la plus en retard dans le processus d’intégration africaine.

Les Etats doivent donc décider fermement de restreindre leur souveraineté et permettre à une seule communauté de porter le projet d’intégration avec toutes les conséquences que cela devrait induire. Sur la quinzaine de Communautés existant en Afrique, les huit (8) communautés établies comme les piliers de l’intégration régionale devraient être les seules à oeuvrer en faveur du développement continentale, les autres devraient soit disparaitre au profit de celles-là, soit être absorbée en leur sein.


- A l’heure actuelle quels sont les éléments ou les conditions réelles de cette intégration continentale ?

- Les éléments qui pourraient permettre au continent de connaitre une vraie intégration sont : l’acceptabilité par les Etats que le droit Communautaire s’applique sur le plan national, la délégation d’une partie de leur souveraineté. Celles-ci permettront aux Décisions et Recommandations de l’Union Africaine de s’appliquer dans les pays membres de la Communauté économique africaine. A mon avis, ce sont les premières et impératives conditions à respecter afin de favoriser l’intégration africaine.

En Europe, par exemple, les décisions et autres avis de la Commission de l’UE ont force exécutoire dans les Etats membres, même si quelques fois il est accepté dans certains cas de figures que le droit national prime sur le droit communautaire. Un autre point important est de booster les échanges interétatiques et je crois que la Zone de Libre-Echange Economique Africaine (ZLECAF), mise en place depuis le début de cette année 2021, est une formidable opportunité à saisir par chacun des pays africains.

Il a été déjà prouvé que pour qu’un processus d’intégration régionale réussisse, il faudrait une restructuration et une transformation de la base productive des économies. Ce qui devrait aider toutes les Communautés Régionales à grimper l’échelle « vertueuse » de la croissance par la production. Au demeurant, cela devrait contribuer à favoriser la dynamique d’intégration, la libéralisation du marché et l’établissement effectif du marché commun Continental.



- Quel pourrait être le rôle du Maroc dans cette intégration ?

- Le Maroc, dont la croissance économique est forte, pourrait dans le cadre de la région du Nord, et particulièrement dans le cadre de l’Union du Maghreb Arabe qui est l’une des Communautés Régionales Africaines, apporter un nouveau souffle dans la dynamisation du processus d’intégration.

En effet, capitalisant sur son implication auprès des pays du continent, le Maroc manifeste également sa volonté d’intégrer les groupements régionaux. Déjà membre de l’UMA et de la Communauté des Etats sahélo-sahariens CEN-SAD, il entreprend les démarches pour intégrer la CEDEAO, la CEMAC et l’UEMOA et prévoit incessamment la ratification de l’accord de principe, signé en 2018, pour intégrer la ZLECAF, la zone de libre-échange qui regroupe les 54 pays du Continent.

Le Maroc pourrait et devrait être un acteur de développement de l’Afrique en se basant sur une approche de co-développement à l’échelle bilatérale, régionale et continentale, en s’érigeant en hub régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, et aussi en hub financier. Il pourrait à travers une relation gagnant-gagnant qui mobilise les complémentarités, impulser les profils de spécialisation économique et concourir à l’édification de chaînes de valeurs régionales dans des secteurs à fort potentiel (l’agro-industrie, le textile, l’industrie automobile, le tourisme, l’enseignement supérieur, l’innovation, l’industrie culturelle et le développement durable et l’industrie pharmaceutique).


- Sur un autre plan, la question du Sahara marocain connaît une dynamique avec l’ouverture de plusieurs Consulats à Laâyoune et Dakhla. Quelle analyse faites-vous à ce sujet ?

- Effectivement, la question du Sahara connaît une dynamique sans précédent à travers l’ouverture de plusieurs Consulats à Laâyoune et Dakhla dont celui du Gabon, mon pays. Ces ouvertures contribuent à la paix, à la sécurité et à la stabilité dans la région. Le Maroc a un véritable leadership en matière de diplomatie et les résultats sont là.

Néanmoins, le Laboratoire de Recherches et d’Actions Diplomatiques (LaRAD) dont je suis le Secrétaire Général, a proposé et souhaiterait vivement que le Royaume du Maroc, eu égard à son leadership, renforce ses actions au profit de la Jeunesse du Continent qui dans les années à venir devra prendre la relève et constituera 30% de la Jeunesse Mondiale.


Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE


Bon à savoir

Palmarès de FESPACO 2021 Mme Janice Flora SINMENOU AGNANKPE, est Conseiller des Affaires Étrangères, Spécialiste des Questions d’Intégration Africaine et Secrétaire Générale du Laboratoire de Recherches et d’Actions Diplomatiques (LaRAD).

Pour ce qui est de cette institution, c’est une Section du Département Diplomatie du Groupe L¥J COUNCIL qui regroupe des Analystes et Chercheurs, particulièrement la jeune élite africaine dans plusieurs domaines de développement durable des Nations, qui est encadrée aux fins de leur perfectionnement, puis révélée aux bénéfices du Continent et de ses Peuples.

LaRAD se veut, de prime abord, une Force de Réflexion et de Propositions aux Leaders Nationaux et Internationaux (Particulièrement du Secteur Diplomatie), Étudiants, Particuliers, Experts et surtout aux Décideurs Politiques Africains dans le cadre d’une Affirmation Effective de la Souveraineté Africaine et d’un mieux-être pour ses peuples. Il s’agit également d’un Cadre de Formation, de Renforcement des Capacités d’une Jeune Élite Africaine ainsi que sa Révélation.
 








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