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Enseignement supérieur: Pourquoi nos Universités peinent-elles à monter en gamme ?


Rédigé par Siham MDIJI Mardi 9 Août 2022

Le Maroc ne consacre que 0,75% de son PIB à la recherche scientifique. Un ratio très faible qui constitue un réel handicap au développement de cette dernière et par ricochet de nos Universités.



Le classement Webometrics des universités mondiales vient d’être publié et comme à l’accoutumée des universités marocaines figurent dans la liste, néanmoins, elles demeurent mal classées. En effet, huit établissements marocains ont décroché une place dans le classement des meilleures universités du monde, dont Cadi Ayyad qui est classée en tête des meilleures universités au Maroc et au Maghreb, 19ème en Afrique, 18ème dans le monde arabe et 1.154ème dans le monde. Celle-ci est suivie par l’Université Mohammed V qui est classée 33ème en Afrique, 40ème dans le monde arabe et 1.668ème au niveau international.

C’est dire que les meilleures universités marocaines peinent à se hisser parmi les instances africaines les plus performantes. Ces résultats viennent conforter le classement «Times Higher Education (THE) World University Rankings», qui est l’un des plus prestigieux classements internationaux en la matière.

Dans ce baromètre qui prend en compte des critères scientifiques précis tels que la qualité de l’enseignement, la recherche scientifique, le transfert de connaissances ou encore l’ouverture internationale, l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah s’est classée dans le top 1000-801. La faiblesse de la recherche scientifique au Maroc est le principal motif de cette faible performance.

Contrairement à d’autres pays émergents qui aspirent à une société de savoir, le Maroc ne consacre que %0,75 de son Produit Intérieur Brut (PIB) à la recherche scientifique. Un financement « très timide » pour la production d’un travail de qualité apte à apporter une plus-value à la société. « L’effort consenti par le Maroc pour financer la recherche scientifique ramené à son Produit Intérieur Brut (PIB) est assez faible », selon l’Instance Nationale d’Evaluation du Système d’Education, de Formation et de Recherche Scientifique (CSEFRS) qui a publié en avril un rapport baptisé « La recherche scientifique et technologique au Maroc ».

« Ce ratio n’est que de %0,75 quand bien même la Vision Stratégique de la réforme 2030-2015 avait déjà recommandé en 2015 d’atteindre %1 à court terme, %1,5 en 2025 et %2 en 2030 », a-t-elle fait savoir, précisant que « l’État demeure le principal pourvoyeur de ressources financières pour la recherche ». Cela dit, le mécanisme d’appels à projets ne semble pas encore constituer la priorité pour optimiser les ressources de financement disponibles, les faire converger et traduire et afficher les priorités et les choix de la stratégie nationale en recherche.

En plus du financement, les ressources humaines...

Malgré le fait que la recherche scientifique revêt une grande importance, notamment dans le processus de développement de la société, le capital humain qui lui est consacré demeure très limité. Ce dernier, qui doit être aussi bien qualifié que productif, est d’environ 1.508 par million d’habitants du Maroc.

« Le Maroc au côté de l’Afrique du Sud est moins doté en ressources humaines dédiées à la recherche scientifique par comparaison à la population totale », d’après le CSEFRS, sachant que la Vision Stratégique de la réforme 2030 -2015 préconisait dans ses recommandations de recruter 15.000 enseignants-chercheurs à l’horizon 2030, dans le but de renforcer les structures de recherche. Désormais, même l’organisation du capital humain laisse à désirer.

Malgré le fait que la recherche scientifique est une activité conduite par plusieurs institutions et acteurs, à savoir les établissements d’enseignement supérieur ne relevant pas de l’université, les universités en partenariat public-privé, les universités privées, ou même les institutions publiques de recherche, les universités publiques constituent les plus grands pourvoyeurs de ressources humaines, a révélé la même source. Un constat observé également dans le rapport de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques concernant le volet des ressources humaines en 2016. « Par type d’institution, (ce constat) montre que %77 de ce personnel existent au niveau des universités publiques », a indiqué le rapport.

Quid des bourses d’excellence ?

Pour encourager les titulaires d’un bac5+ à opter pour un doctorat, le Maroc octroie des bourses d’excellence pour la recherche. Des bourses, consacrées aux plus méritants, qui ne dépassent pas les 3.000 Dhs.

En effet, l’analyse du cycle doctoral entreprise par l’INE en 2017 montre que le taux d’abandon est de %32,7 pour toute la période 2013 -2004. Celui-ci s’élève à %41,4 si on se limite à la période d’analyse -20042010. Un montant qui reste en deçà des aspirations du Royaume en matière de recherche. C’est un peu plus du tiers du salaire dans la Fonction publique pour un lauréat de Master (ou ingénieur), et à peine l’équivalent d’une fois et demie le SMIG au Maroc pour un doctorant talentueux après 5 années d’études supérieures. Outre cela, l’efficacité aval du cycle doctoral n’est pas meilleure que celle en amont. Le ratio du nombre de thèses de doctorat soutenues par rapport au nombre de doctorants est assez faible (%5,7 en 2017), par comparaison aux autres pays.

À titre d’exemple, en France, quatre doctorants sur dix obtiennent leurs doctorats chaque deux ans alors qu’en Tunisie ce ratio est nettement meilleur. Ce ratio pour le Maroc a même chuté entre 2014 et 2017.

Pour le ministre de tutelle, Abdellatif Miraoui, qui travaille sur un projet de réforme, le malaise de l’université marocaine est une question de financement. Le ministre a fait part, à maintes reprises, de sa volonté de se focaliser sur la formation des docteurs et des chercheurs de nouvelle génération, et ce, selon les normes internationales. Tout cela pour garantir un minimum de qualité dans les profils des futurs chercheurs qui devraient hisser le niveau de la recherche scientifique. En attendant la réforme, bon vent.



Siham MDIJI

Trois questions à Mohammed Guedira


« La recherche au Maroc est liée au syndrome de la diplomite et non pas au développement des secteurs vitaux du pays »
 
 
Le Professeur universitaire, expert en Politique Éducative et Ingénierie des Compétences, Mohammed Guedira, a accepté de répondre à nos questions sur les lacunes auxquelles fait face la recherche scientifique.

- Est-ce que vous considérez que le budget alloué à la recherche scientifique est suffisant, notamment pour produire une thèse de qualité ?

- Il faut reconnaître qu’il n’est pas suffisant. Plusieurs pays consacrent une partie importante de leur PIB à la recherche scientifique, tel est le cas d’Israël (%5), l’Allemagne (%3,2), la Finlande (%2,8), la Belgique (%2,77), etc. Nous sommes très loin des normes qui ont été établies par l’UNESCO en 2000 à la rencontre de Lisbonne.

La recherche scientifique ne dépend pas uniquement d’un budget, mais de plusieurs variables, à commencer par les ressources informationnelles et logistiques, la richesse des canaux de publications, l’encadrement rigoureux des enseignants, l’existence de structures collaboratives et pluridisciplinaires. Malheureusement, la recherche au Maroc est liée au syndrome de la diplomite et non pas au développement des secteurs vitaux du pays.


• Qu’en est-il des bourses de recherche qui ne dépassent pas les 3.000 Dhs ?

- C’est déplorable. Un chercheur ne peut pas faire de la recherche avec 3.000 Dhs/mois. Cependant, il faut une bourse assez conséquente pour permettre des voyages de recherche, des échanges, des formations, etc. Par conséquent, il faut augmenter cette somme et travailler par laboratoire ou par centre de recherche et non pas uniquement par étudiant ou équipe de recherche pour qu’il y ait une économie d’échelle à ce niveau-là. La voie du salut est, dans ce sens, de multiplier les partenariats entre le Nord et le Sud.


- A votre avis, quel est le meilleur moyen pour attirer plus d’étudiants à faire de la recherche ?

- La compétitivité nécessite des moyens, une très bonne sélection basée sur la méritocratie, l’égalité et l’équité, une attractivité par des bourses, des voyages et des partenariats à l’étranger. A mon sens, il faut revoir le nombre de spécialistes en méthodologie qui ne sont pas assez en plus des ressources financières qui doivent dorénavant provenir des collectivités locales, des ministères, des entreprises, etc. Nous assistons aujourd’hui à une course de publications, or, nous n’avons pas assez de revues de recherche.


 

Classement THE


Six Universités marocaines dans le top mondial, mais !

Six universités marocaines se sont distinguées dans le classement international « Times Higher Education 2022 » (THE), en se positionnant dans le Top-1000 mondial dans diverses thématiques. L’Université Ibn Tofail de Kénitra s’est classée dans le top 601-800 en sciences physiques, suivie des universités Hassan II de Casablanca et Cadi Ayad de Marrakech (801-1.000), puis des universités Mohammed V de Rabat, Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès et Hassan 1er de Settat (+1.001), indique un communiqué du ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

S’agissant des sciences cliniques et de la santé, trois universités marocaines ont figuré parmi les 600 meilleures universités au monde. il s’agit de Sidi Mohammed Ben Abdellah (301-400), Hassan II et Mohammed V (+601). Pour ce qui des sciences de la vie, trois universités, en l’occurrence Hassan II, Cadi Ayad et Mohammed V, ont été classées respectivement 501-600, 601-800 et +801.
 

Apprentissage


Régler le souci dès l’enfance
 
Pour avoir une bonne performance des étudiants au sein des universités, il faut qu’ils soient préparés dès l’enfance. La lecture, l’écriture ou encore les calculs de base sont des compétences fondamentales que chaque enfant est censé acquérir à l’école. Néanmoins, pour réussir à s’épanouir dans le monde d’aujourd’hui, les enfants et les jeunes devront développer une large gamme de compétences leur permettant de réussir aussi bien à l’école qu’au travail et dans la vie, c’est ce qui ressort d’un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF).

En plus des compétences de base ou fondamentales, les jeunes auront besoin de compétences transférables, également appelées « compétences de la vie courante » ou « compétences socio-émotionnelles ». Il s’agit notamment des compétences numériques permettant d’utiliser et de comprendre la technologie, de compétences professionnelles pour les aider à intégrer la vie active, et de compétences entrepreneuriales pour entreprendre dans les domaines commercial et social.

L’UNICEF a alerté sur la nécessité de mieux suivre les progrès en matière de développement des compétences, en particulier à la lumière de la priorité mondiale de restauration de l’éducation en réponse aux perturbations associées à la crise du Covid-19, et a appelé à des investissements urgents pour faire face à la crise mondiale de l’apprentissage et des compétences.
 

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