L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Enquête Coface : 50% des entreprises font face à des retards de paiement supérieurs à trois mois


Rédigé par A. CHANNAJE Dimanche 23 Janvier 2022

Les délais de paiement contractuels au Maroc restent longs, atteignant en moyenne 79 jours. C’est la principale conclusion de la nouvelle enquête sur le comportement de paiement des entreprises au Maroc.



Enquête Coface : 50% des entreprises font face à des retards de paiement supérieurs à trois mois
Au cours du deuxième trimestre de l’année 2021, Coface (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur), a conduit sa cinquième enquête sur le comportement de paiement des entreprises au Maroc, menée auprès de 380 entreprises. Objectif : suivre l’évolution des délais et des retards de paiement. Le comportement de paiement reflète à la fois l’évolution de la conjoncture économique et de l’environnement des affaires.

« Bien que toujours élevés, les délais de paiement enregistrent une nette amélioration, se raccourcissant d’environ 14 jours par rapport à notre enquête conduite début 2019 », précise l’étude. Les retards de paiement restent cependant très répandus, puisque près de la moitié de son échantillon indique avoir connu un retard de paiement excédant trois mois au cours du dernier semestre, ajoute la même source. L’étude révèle aussi que près de la moitié des entreprises semblent s’attendre, en 2021, à ce que les délais de paiement restent stables et plus du tiers à ce qu’ils augmentent.

« Nos répondants estiment, sans doute, que l’amélioration de la conjoncture ne se traduira pas par une diminution des délais, du fait d’un manque de visibilité sur l’évolution de la pandémie, ainsi que sur la fin de l’état d’urgence (prévu au 31 janvier 2022) », soulignent les économistes de Coface.

La longueur persistante des délais de paiement suggère que, faute de textes d’application sur les indemnités pour retard, la loi sur les délais de paiement peine à être mise en oeuvre. Toutefois, l’enquête montre une nette amélioration en ce qui concerne les délais de paiement par rapport à 2019.

Factures impayées, crédit interentreprises

Coface note, en outre, que les factures impayées représentent plus de 20% du chiffre d’affaires pour plus du quart des entreprises ayant participé à son enquête. Tandis que l’année 2020 s’est soldée par une réduction du nombre de défaillances de 22% par rapport à 2019, du fait de la fermeture temporaire des tribunaux de commerce et des aides qui ont pu artificiellement maintenir en vie les entreprises dont la situation financière était déjà périlleuse, elles sont désormais en forte augmentation (+94% d’après Inforisk au premier semestre 2021, relativement au 1er semestre 2020).

Autre résultat de l’enquête : le crédit interentreprises connaît une nette amélioration par rapport à l’enquête de 2019: parmi les entreprises ayant répondu, un peu moins d’un tiers estime que le délai de paiement légal maximal de 60 jours est, en moyenne, respecté. De plus, un quart des répondants indiquent que le délai de 60 à 90 jours, pouvant être légalement consenti entre les partenaires, est observé.

Toutefois, pour 41% des entreprises de l’échantillon, il dépasse les 90 jours. De plus, dans les faits, près d’un tiers des entreprises interrogées a constaté des délais de paiement maximaux supérieurs à 180 jours. Il s’agit, toujours selon Coface, d’une nette amélioration par rapport à 2019, lorsque la proportion avoisinait 50%, mais ces délais de paiements ultra-longs restent très répandus.

Délais de paiement plus longs dans le secteur de la chimie

En comparaison de la dernière enquête, le délai moyen estimé a diminué de 14 jours, passant de 93 à 79 jours. Cette évolution s’opère alors que la part des entreprises observant des délais de 30 à 60 jours a plus que doublé, tandis que celle connaissant des délais de plus de 120 jours a diminué dans des proportions équivalentes, précise la même source.

Malgré ces améliorations par rapport à sa dernière enquête, Coface estime, pour tout type d’entreprise, que la perception des délais de paiement s’est plus dégradée qu’améliorée. « Bien que les délais aient été améliorés, leur perception s’est dégradée au cours de la première moitié de 2021. La perception de la dégradation est particulièrement prononcée, lorsque les entreprises clientes sont des entreprises privées », explique Coface.

Pour tout type d’entreprise, la perception de la dégradation est plus prononcée qu’en 2019. Le secteur de la chimie se démarque par des délais de paiement bien plus longs que la moyenne, atteignant 134 jours. Pour les autres secteurs, les délais moyens de paiement restent entre 60 et 90 jours, à l’exception du BTP, pour lequel ils atteignent 95 jours.

Retards de paiement supérieurs à trois mois

Coface fait remarquer, d’autre part, que les retards de paiement restent, à l’image des enquêtes des années précédentes, répandus : 44,8% de l’échantillon indiquent des retards importants, supérieurs à trois mois. S’il s’agit d’une légère amélioration par rapport à l’enquête précédente, le nombre de retards supérieurs à 6 mois a progressé de 2,7%. Les retards semblent toutefois plus courts : la part des retards dans la tranche de 90 à 120 jours a diminué de 5%, au profit, principalement, de celle indiquant des retards courts (inférieurs à 30 jours).

En considérant la perception de l’évolution des retards de paiement au cours des 6 derniers mois, il semblerait que pour les contreparties de petite ou moyenne taille, les retards se soient majoritairement allongés. Lorsque la contrepartie est une grande entreprise, près de la moitié des répondants fait état d’une situation inchangée, et une proportion équivalente, d’une dégradation.

Niveau des impayés globalement moindre pour les GE

L‘enquête de Coface révèle, en outre, que les factures impayées atteignent des niveaux très élevés, représentant plus de 20% de leurs chiffres d’affaires (CA). Cette proportion est en progression de 3 points de pourcentage, une évolution attribuable au plus grand nombre d’impayés auprès des entreprises de petite taille, majoritaires dans l’échantillon.

Sans surprise, l’enquête démontre que le niveau des impayés est globalement moindre pour les grandes entreprises : la moitié déclare qu’ils représentent moins de 0,5% de leur CA. Si aucune n’a déclaré un niveau d’impayés supérieur à 20% de son CA, elles sont près de 40% à signaler des niveaux d’impayés qui représentent plus de 10% de leur CA. En cas de retard de paiement, plus de la moitié des entreprises estime que l’accord à l’amiable est le plus efficace pour obtenir le règlement.

« Déjà la mesure majoritairement employée dans notre enquête 2019 progresse de 12 points de pourcentage (43%). Ceux jugeant les arrêts de livraisons comme plus efficaces sont, eux, en baisse par rapport à notre enquête précédente (31 % en 2019) », note Coface.


A. CHANNAJE


Quelques signes d’amélioration après la crise
 
L’enquête de Coface montre que presque la moitié des entreprises anticipe une dégradation du climat des affaires et de la conjoncture économique. Un cinquième seulement voit une amélioration à l’avenir. Les entreprises livrent néanmoins des opinions relativement optimistes sur les perspectives de leur activité : elles ne sont que 21% à s’attendre à une baisse de leur CA au cours du prochain semestre, tandis que 39% estiment que ce dernier augmentera, et 41% qu’il restera stable.

Alors que près de la moitié des entreprises de l’échantillon déclarent avoir vu leur trésorerie diminuer au cours du dernier semestre, elles ne sont plus que 22% à le prévoir pour le semestre à venir. A l’inverse, la proportion de celles voyant une amélioration est passée de 12% à 24%. Ces chiffres semblent cohérents avec l’évolution de la conjoncture économique des derniers mois : après avoir subi l’impact de la crise liée à la pandémie de la Covid-19, les entreprises s’attendent à une amélioration.