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Embouteillage «inédit» de pétroliers au large des Etats-Unis

Pétrole


Mercredi 29 Avril 2020

L’US Coast Guard a relevé une présence «inédite» de 27 pétroliers près des côtes californiennes. Situation due au manque d’emplacement de stockage du brut.



Embouteillage «inédit» de pétroliers au large des Etats-Unis
Quelques jours après le plongeon historique du prix du pétrole américain (WTI) qui a perdu 300% de sa valeur avant de repartir à la hausse, plusieurs dizaines de pétroliers ont été aperçus au large des côtes californiennes. L’arrivée de nouveaux navires a été signalée le 23 avril par les Gardes côte américains (US Coast Guard).

Au total, 27 pétroliers ont jeté l’ancre près du port de Long Beach, près de celui de Los Angeles. Les contrôleurs du port sont sur le quivive pour assurer la sécurité des navires et la protection de l’environnement face à une situation qualifiée d’«inédite».

Selon le Wall Street Journal, la situation est liée au manque d’emplacements de stockage du brut sur le territoire américain provoqué par la chute de la demande en or noir pendant la pandémie.

Concernant l’accumulation de pétroliers, le WSJ indique que les stocks terrestres manquent de place en raison de la sursaturation du marché de pétrole provoquée par la chute de la demande sur fond de pandémie de coronavirus. De plus, la chute du prix de pétrole est étroitement liée aux problèmes de stockage, souligne le quotidien.

Les installations de stockage du brut à terre, d’une capacité totale de 4,4 milliards de barils, sont actuellement remplies à environ 65%, a déclaré Antoine Halff, analyste en chef de la société Kayrros basée à Paris et spécialisée dans les matières premières, cité par le média.

Selon lui, les réservoirs se remplissaient à un taux de 10 millions de barils par jour. Si cette vitesse est maintenue, «les stockages pourraient être complets dans les 100 jours», prévient-il. D’où le recours à la location de Tankers pour y stocker le brut au prix de 4,5 dollars le baril par mois. Soit neuf millions de dollars pour un pétrolier de taille moyenne d’une capacité de deux millions de barils.

Une situation identique a été observée près des côtes maltaises et sud-africaines.

Les Américains ne seraient plus maîtres du jeu

Dans un édito pour Russeurope Express, Jacques Sapir économiste français et directeur d’études à l’EHESS revient sur le rapport de force entre la Russie, l’Arabie saoudite et les États-Unis sur la question des cours du pétrole, en pleine chute de la consommation liée à la pandémie de coronavirus. Un affrontement qui révèle selon l’économiste tout l’aspect historique de la période.

Si les prix du pétrole avaient déjà commencé à baisser dès la fin du mois de janvier à cause de l’épidémie de coronavirus, c’est depuis le 6 mars qu’ils s’effondrent. Suivant qu’il s’agisse du Brent - le brut de la mer du Nord, dont le marché est à Londres - ou du WTI - le fameux West Texas In-termediate, coté, lui, à New York -, cette baisse est plus ou moins marquée.

Les 20 et 21 avril, le prix du baril de WTI pour livraison en mai est même passé en dessous de zéro. On peut maintenant penser que les prix vont se stabiliser autour de 25-28 dollars pour le Brent et 15-20 dollars pour le WTI, mais il est clair que nous vivons une période tout à fait historique.

Au début du mois de mars, le Brent était à plus de 50 dollars le baril. Cet effondrement est bien entendu en partie le résultat de l’arrêt des principales économies mondiales du fait de l’épidémie de Covid-19

Un conflit tripartite

Mais pas seulement, relève l’économiste français: si la demande a fortement baissé, l’offre a paradoxalement augmenté. On assiste aussi à un conflit feutré entre les trois puissances dominantes sur le marché du pétrole: l’Arabie saoudite, la Russie et les États-Unis.

Tout a commencé lors de l’échec de la réunion à Vienne des pays du groupe dit «OPEP+», soit l’OPEP plus la Russie. La Russie a refusé de nouvelles restrictions de production tant que les États-Unis ne feraient pas eux aussi un effort. Car les États-Unis, via leur pétrole de schiste, sont devenus ces dernières années un grand exportateur, et surtout un exportateur qui déséquilibre profondément le marché.

L’Arabie saoudite a réagi en rompant les accords signés jusque-là et en faisant des rabais à ses clients afin de gagner des parts de marchés. Tous les autres pays ont suivis, Y compris la Russie. Alors que la demande s’affaiblissait de jour en jour, l’offre n’était plus contenue. L’effondrement des prix qui en a résulté était logique.

Les conséquences de cet effondrement ont été diverses. Le choc a été très important pour les États-Unis. En effet, le prix moyen nécessaire à la survie des compagnies pétrolières varie de 23 dollars le baril, pour les meilleurs gisements, à 32 dollars pour le pétrole de schiste. Mais, ce prix cache de profondes différences. Si les grands groupes peuvent tolérer des prix très bas, il n’en va pas de même pour les petites compagnies qui ont besoin d’au moins 40 dollars le baril dans le meilleur des cas, et de plus de 50 dans de nombreuses zones de production. Cette lutte autour du pétrole augure de changements importants dans le rapport de force sur la scène internationale. Les Etats-Unis peuvent-ils encore faire la loi sur le marché du pétrole ? Voire !



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