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Education des filles : Le défi de la scolarisation des filles rurales


Rédigé par Hiba CHAKER Jeudi 21 Octobre 2021

Alors qu’une grande partie des filles et des femmes marocaines peinent encore à exercer leur droit fondamental d’éducation, une minorité domine et excelle aux niveaux supérieurs de l’enseignement. Cependant, toutes sont faiblement représentées au monde de l’emploi. Détails.



Le Haut-commissariat au Plan (HCP) a publié un important rapport sur la situation de la femme marocaine, intitulé : « La Femme marocaine en chiffres : 20 ans de progrès ».

Cette étude présente un recueil de données statistiques portant sur plusieurs domaines, sous forme de données, graphiques et infographie : santé et bien-être, éducation et formation, accès au marché de travail, violence, niveau de vie…

Il en ressort que le taux d’alphabétisation des femmes, qui représentaient 50,3% de la population totale en 2020, est passé à 53,9% en 2019 contre 39,6% en 2004. Chez les hommes, ce taux a atteint 74,6% en 2019 contre 65,6% en 2004. Sur le plan de l’accès à l’éducation, le même rapport fait état de la scolarisation de 90,5% des filles âgées entre 15-17 en 2020 en milieu urbain et de 39,2% en milieu rural.

A l’inverse, les garçons sont scolarisés à hauteur de 85,7% pour la même tranche d’âge en milieu urbain et de 50,5% en milieu rural, contre respectivement 70,3% et 14,7% en 2000. Toujours selon le Haut-commissariat au Plan, 59% des filles âgées de 15 ans et plus n’avaient aucun diplôme en 2020, 28,3% ont un niveau de diplôme moyen, et 12,7% possèdent un diplôme supérieur.

Zones rurales : 6 filles sur 10 non scolarisées

Fragile malgré les avancées. La scolarisation des jeunes filles en milieu rural reste un défi de taille. Si le Taux de scolarisation au milieu urbain reste positif avec un taux qui est passé de 70,3% pour les hommes en 2000 à 85,7% en 2020 et de 56,3% pour les filles en 2000 à 90.5% en 2020, ce taux reste très faible en milieu rural, surtout pour les filles.

En effet, Alors que ce taux était de 6,1% en 2000 face à 14,7%, il a fallu 20 ans pour qu’il atteigne 39,2%. Pour Mohcine Benzakour, psychosociologue, ces faibles résultats sont corrélés à la réalité sociologique marocaine. La femme rurale n’a pas eu la même chance que la femme citadine.

« La mentalité masculine qui interdit à la femme l’accès à l’école, les mariages précoces ou ce que j’appelle le mariage forcé des enfants, les problèmes d’infrastructures, l’éloignement de leur établissement scolaire, l’insuffisance des transports ou des cantines, et désormais les répercussions de la pandémie de Coronavirus… », sont les facteurs que l’expert avance pour expliquer ce phénomène avant de plaider pour une refonte du système et social et politique.

Les filles brillent au supérieur

Dans ce rapport, le HCP fait le point également sur le taux de féminisation de l’enseignement supérieur par filière. Les filles dominent la Médecine dentaire avec un taux qui est passé de 67.4% en 2000 à 73.2% en 2019. Les filles sont en haut du podium également aux écoles de Commerce et gestion avec un taux qui est passé de 42% en 2000 à 60.2% en 2019 puis aux différentes filières scientifiques avec un taux de féminisation de 59,4% en 2019.

Au total, le taux de féminisation du cycle normal de l’enseignement supérieur est passé de 42.9% en 2000 à 52.7% en 2019. Ce taux connaît également le même progrès au niveau troisième cycle de l’enseignement supérieur.

En parlant de ce secteur de la société, le sociologue estime que ces chiffres, tous positifs qu’ils semblent cachent une réalité beaucoup plus sombre. M. Benzakour annonce que « selon des données du terrain, une majorité de ces filles qui ont eu la chance de terminer leurs études, annoncent que leur motivation suprême est l’inégalité avec les hommes au niveau social ».

Ces filles ont réalisé que l’excellence académique garantirait une marge de liberté et d’indépendance plus grande à l’avenir, mais ça se fait au détriment de leur équilibre psychologique et de leur vie sociale, déplore le sociologue.

Malgré le progrès considérable enregistré en matière d’éducation des filles, le HCP indique, d’autre part, que la participation des femmes au marché de travail en 2020 demeure faible avec un taux d’activité de 19,9% contre 70,4% pour les hommes.

Pour M. Benzakour, la mise en place de mesures institutionnelles et législatives visant l’amélioration de la parité, de l’égalité des chances entre les deux sexes et la promotion de l’éducation et de la représentativité des femmes au niveau des différentes institutions représente dès lors une nécessité.

 
Hiba CHAKER