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Éducation : Il était une fois le Baccalauréat !


Rédigé par Oussama ABAOUSS Lundi 4 Juillet 2022

Le baccalauréat, jadis comme de nos jours, est une phase incontournable pour accéder aux études supérieures. Récit de l’évolution d’une épreuve décisive pour le futur des lycéens.



Depuis vendredi, ils sont des dizaines de milliers de jeunes hommes et jeunes femmes à connaître enfin le résultat final de leurs efforts. Selon le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, 231.272 candidats scolarisés de l’enseignement public et privé ont ainsi réussi les épreuves de la session ordinaire de l’examen national normalisé pour l’obtention du baccalauréat 2022.

Ultime sésame pour les lycéens, l’obtention du baccalauréat clôture le cycle éducatif secondaire ouvrant ainsi les portes des études supérieures, dernière étape - et non la plus facile - avant l’emploi et la vie professionnelle active.

« Le baccalauréat a été instauré au Maroc par les Français à l’époque du protectorat. Il n’y avait alors que très peu de Marocains qui obtenaient chaque année ce diplôme, mais le fait de réussir l’épreuve était synonyme d’un grand prestige. En plus de permettre de s’inscrire dans des cycles universitaires, le Bac ouvrait même à l’époque un accès direct à l’emploi », raconte Mly Ismaïl El Filali, Conseiller en orientation à la Direction provinciale de l’Education nationale de Marrakech.

L’évolution du Bac marocain

Après l’indépendance du Royaume, le système éducatif marocain est passé par plusieurs réformes, notamment celle amorcée par feu Dr Benhima qui se basait sur les quatre fameux piliers : généralisation, arabisation, unification et marocanisation de l’enseignement.

« Je pense que l’étape qui a véritablement acté une nouvelle page pour le baccalauréat au Maroc date de l’année 1999, lorsque les travaux de la Commission Spéciale d’Education et de Formation (COSEF) avaient abouti à l’adoption de la Charte Nationale d’Education et de Formation », explique Mly Ismaïl El Filali, soulignant que cette réforme a permis « la diversification de l’offre éducative pour que chaque élève puisse trouver un parcours qui convienne à ses aspirations, et pour se préparer à une spécialisation qui se précise au fur et à mesure ». C’est ainsi que le baccalauréat marocain s’est vu décliné en un cycle de deux années avec plusieurs branches durant la première et encore plus de filières durant la terminale. « Il existe actuellement plus de 35 filières différentes de baccalauréats au Maroc », précise la même source.

Un ascenseur social ?

Vendredi dernier, l’affichage des résultats du baccalauréat a donné lieu à des scènes qui témoignent de l’importance que continue à constituer cette épreuve pour les lycéens et leurs familles. Entre pleurs et détresse des recalés et bonheur des nouveaux bacheliers, le baccalauréat est un phénomène sociétal qui impacte, parfois profondément, les vies et les parcours.

« Les familles savent que seuls les bacheliers qui ont eu d’excellentes notes peuvent choisir de se lancer dans des cycles universitaires qui aboutissent à des professions perçues par la société comme synonymes de réussite », confie M. El Filali, déplorant un phénomène de « dopage » à travers les heures supplémentaires que beaucoup de parents payent pour leurs enfants afin de les préparer aux examens.

« L’enjeu d’obtention de bonnes notes au baccalauréat a eu une conséquence que je considère négative, à savoir la focalisation excessive des familles sur la préparation de l’examen. Nous nous sommes malheureusement retrouvés avec des étudiants qui sont plus préparés pour affronter l’examen, que préparés à affronter la vie », regrette-t-il.

Plus de chance et de réussite

En dépit de ce qui parfois s’apparente à une véritable frénésie, les taux de réussite au Bac, autant que les perspectives d’études qui s’offrent aux bacheliers, sont bien plus importants aujourd’hui qu’il y a encore quelques décennies.

« N’oublions pas que le taux de réussite durant les années 70 et 80 n’excédait pas les 15% puisque le système à l’époque était beaucoup plus rigide et sélectif. Il n’y avait pas durant cette phase de possibilités de rattrapage et il n’existait alors qu’une seule session d’examen. Aujourd’hui, les étudiants ont plus de chances de réussir leur parcours puisque le système actuel prévoit des ponts et des passerelles entre les divers cycles qui font émerger plusieurs solutions pour rectifier le tir ou changer de parcours sans se voir forcément pénalisé », précise le conseiller en orientation. Souvent, l’obtention du Bac permet aux étudiants de réaliser que leur accomplissement n’est que le premier d’une longue liste et que loin d’être « terminal », le Bac n’est qu’un sésame initial pour débuter le parcours des études supérieures. Félicitations aux nouveaux bacheliers et bon vent pour la suite.



Oussama ABAOUSS

Repères

Chevalier couronné de lauriers
L’examen du baccalauréat aurait vu le jour il y a plus deux siècles en France. Napoléon Ier, en rétablissant les Universités par décret impérial du 17 mars 1808, aurait ainsi officialisé la création du baccalauréat, du latin médiéval baccalarius (« apprenti chevalier ») et laureatus (« couronné de lauriers »). Selon les historiens, ce cycle a cependant existé avant ce décret sous forme d’un grade de capacité universitaire qui précède la maîtrise et le doctorat et qui était décerné depuis le Moyen Age.
Major de baccalauréat
Avec une note de 19,44 sur 20, l’élève Zaid Lahroussi qui poursuit ses études dans un lycée de la Direction provinciale d’Aïn Chock à Casablanca (branche des sciences physiques, section française) a décroché la meilleure moyenne générale au baccalauréat au titre de l’année 2022 à l’échelle nationale, a annoncé, vendredi, l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) de Casablanca-Settat. L’Académie s’est par ailleurs réjouie d’avoir enregistré « un ensemble de chiffres et indicateurs de qualité ».

L'info...Graphie


Statistiques


Taux de réussite au Bac en recul par rapport à l’année dernière
 
Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports a indiqué vendredi dernier que le taux de réussite aux épreuves de la session ordinaire de l’examen national normalisé pour l’obtention du baccalauréat 2022 a atteint 66,28% (231.272 candidats), contre 68% pour la même session de l’année 2021. La même source a précisé dans son communiqué que le nombre de candidates filles à avoir passé avec succès l’épreuve de cette année est de 132.258.

Le ministère de l’Éducation nationale a également relevé que le nombre de candidats libres ayant participé à cet examen a atteint 118.894, avec un taux de présence de 59,73%. Le nombre de candidats libres ayant réussi l’examen a atteint, quant à lui, 36.582 avec un taux de réussite de 30,77%.

Un total de 171.519 candidats des deux sexes, y compris 104.991 candidats scolarisés, passeront les examens de rattrapage les 15, 16, 18 et 19 juillet 2022, fait savoir la même source, ajoutant que les résultats seront annoncés le 22 juillet 2022.
 

Résultats


Taux de réussite plus important chez les filles que chez les garçons
 
« Le taux de réussite des filles constitue 70,87% du nombre total d’élèves filles ayant passé cet examen, tandis que pour les garçons ayant passé l’examen, le taux de réussite constitue 61,01% », a souligné le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, ajoutant que plus de 171.519 candidats masculins et féminins devront passer la session de rattrapage.

Sur un autre registre, le communiqué du ministère précise que « le nombre de candidats ayant obtenu une mention entre les scolarisés et les libres a atteint 137.486, soit un taux de 51% ». Le taux de réussite pour les filières internationales du baccalauréat marocain a pour sa part atteint 73,2%, alors que ce pourcentage a été de 54,60% pour les filières du baccalauréat professionnel.

« Au total, 348.931 candidats scolarisés ont participé aux examens de cette session, avec un taux de présence de 97,01%, contre 323.022 candidats qui se sont présentés pour la session de l’année dernière (95,15%) », a ainsi souligné le ministère de l’Éducation nationale qui n’a par ailleurs pas manqué de féliciter tous les candidats ayant réussi l’examen pour leurs efforts, saluant la forte implication des parents dans cette « étape importante du parcours scolaire de leurs enfants ».

De même, le ministère a salué « tous les cadres éducatifs et administratifs, les autorités locales, de sécurité et de santé et toutes les parties prenantes, pour leur contribution efficace à la réussite de cet important événement national ».

 

3 questions à Mly Ismaïl El Filali


« Obtenir un Bac atteste de l’acquisition de savoirs, mais également d’aptitudes et de compétences qui ne peuvent pas devenir obsolètes du jour au lendemain »
 
Conseiller en orientation à la Direction provinciale de l’Education nationale de Marrakech, Mly Ismaïl El Filali répond à nos questions sur le baccalauréat marocain.

- Est-ce que le Bac marocain est bien coté au niveau international ?

- À mon humble avis, le Bac marocain a malheureusement perdu de son lustre d’antan en partie à cause des informations qui circulent parfois sur les pratiques de triche. Cela n’a pas manqué de se répercuter négativement sur la crédibilité et la réputation du Bac marocain. Cela dit, il faut saluer les efforts des divers responsables et décideurs ainsi que ceux des enseignants et personnels administratifs qui oeuvrent continuellement pour que les standards de rigueur et de qualité du Bac marocain puissent se maintenir et s’améliorer.


- Le Bac marocain n’en demeure pas moins accepté dans les Universités étrangères ?

- Le baccalauréat marocain n’est pas uniquement dédié à poursuivre les études au Maroc, mais également à l’étranger. Évidemment, plusieurs pays continuent à reconnaître et à accepter le Bac marocain. Cela dit, il y a d’autres pays qui exigent un certain degré d’équivalence. Ça peut passer par des attestations de maîtrise de la langue comme ça peut également parfois passer par l’obligation de faire une mise à niveau, c’est-à-dire étudier pour une certaine durée afin d’obtenir un diplôme qui permet l’équivalence du Bac marocain avec le Bac du pays en question.


- Que pensez-vous des écoles supérieures marocaines qui ferment leurs portes face aux Bacs qui ont plus de deux ans ?

- Franchement, je suis absolument contre cette limitation, car obtenir un Bac atteste de l’acquisition de savoirs, mais également d’aptitudes et de compétences qui ne peuvent pas devenir obsolètes du jour au lendemain. C’est pour cette raison que nous voyons souvent des personnes, avec des Bacs anciens, obligées de refaire un Bac libre afin de contourner cette règle. J’espère que les décideurs penseront à relancer la réflexion à ce sujet et, à minima, permettre aux anciens bacheliers d’au moins accéder aux concours d’admission et prouver leurs capacités.



Recueillis par O. A.

 








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