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Économie bleue : Les avancées du Maroc sous la loupe de la Banque Mondiale


Rédigé par Omar ASSIF Mardi 8 Novembre 2022

Les diverses parties prenantes institutionnelles concernées ont fait le point avec les représentants de la Banque Mondiale sur l’état d’avancement de la mise en oeuvre d’une économie bleue au Maroc.



Les contours du vaste chantier national de mise en place d’une économie bleue se précisent depuis la signature, le 9 juin 2022, d’un accord de prêt d’un montant de 350 millions de dollars entre le Royaume et la Banque Mondiale pour le programme pour les résultats de l’économie bleue (PPR EB). Du 17 au 26 octobre 2022, le ministère de l’Économie et des Finances et la Banque Mondiale ont par ailleurs assuré conjointement une mission de supervision dudit programme à travers plusieurs réunions avec les partenaires, ainsi que des visites sur le terrain, principalement dans la région d’Agadir.

L’objectif de cette mission de supervision a été de procéder «à l’examen détaillé de la performance du PPR EB et des avancées réalisées, des points de vue nancier, institutionnel et environnemental & social», souligne un communiqué conjoint de la Banque Mondiale et du ministère de l’Économie et des Finances. Ainsi, tout au long de la mission de supervision, différentes parties prenantes concernées ont présenté leurs états d’avancement.

Aires marines protégées

Le Département de la Pêche Maritime (DPM) a présenté l’état d’avancement de ses activités en annonçant «la création de trois aires marines protégées au niveau d’Agadir, Larache et du cap des trois fourches, ainsi que pour le développement d’activités génératrices de revenus au profit des pêcheurs marocains», précise le communiqué, notant que le DPM mène également trois assistances techniques dans le cadre du partenariat établi avec la Banque Mondiale. L’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) a pour sa part présenté les projets aquacoles inscrits dans le programme Économie Bleue.

«La délégation s’est rendue à Imiouadar dans la Région de Souss-Massa pour apprécier le potentiel aquacole de cette zone et échanger autour de la typologie des projets aquacoles qui seront mis en oeuvre dans le cadre de ce programme et aussi leur articulation pour une chaîne de valeur compétitive qui renforce la valorisation de la production locale et la création de richesses régionales, tout en contribuant à la création de nouveaux emplois bleus», poursuit la même source.

Valorisation du littoral

Le programme pour les résultats de l’économie bleue (PPR EB) s’appuiera par ailleurs sur l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH) qui contribuera au renforcement des interactions multisectorielles dans le cadre de l’écosystème économie bleue et favorisera l’implantation effective de clusters économiques côtiers autour de la valorisation et l’exploitation des services écologiques marins.

«Quant au littoral marocain, la Direction des Ports et du Domaine Public Maritime (DPDPM) a exposé l’état d’avancement de son projet d’acquisition pluriannuelle d’images satellite de très haute résolution et la cartographie d’un état de référence», souligne le communiqué. Le Département de Développement durable a pour sa part mis en avant les actions «menées dans le cadre de son programme de surveillance environnementale du littoral, ainsi que celles relatives à la communication et à la formation autour d’une économie bleue résiliente, à même de soutenir la Contribution Déterminée au niveau national du Royaume telle que définie par l’Accord de Paris».

Tourisme environnemental

«Sur le volet touristique, le projet de mise en valeur de la nouvelle zone «Aghroud», porté par la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT) et la Région de Souss-Massa, permettra de mettre à la disposition des futurs investisseurs privés des lots de terrains équipés à des conditions incitatives pour y développer des unités d’hébergement et d’animation touristiques», souligne le communiqué de la Banque Mondiale. Une multitude de retombées socio- économiques pour la Région seront perçues, et ce, en termes de création d’emplois (6000 emplois directs à horizon 2035), de dynamisation du tissu d’entreprises locales et d’amélioration des conditions de vie de la population locale (mise à niveau et valorisation des villages existants) et d’amélioration de l’attractivité touristique de cette Région.

Aussi, la Banque Mondiale soutiendra le programme d’appui à la TPME, porté par la SMIT en partenariat avec les Régions, permettant «la transformation des TPME touristiques existantes et la création de nouvelles TPME principalement portées sur l’animation».



Omar ASSIF

Repères

Forêts littorales et économie bleue
La zone forestière d’intervention du programme pour les résultats de l’économie bleue(PPR EB) s’étend sur une superficie d’environ 325.000 Ha répartie sur 11 sites. Cette composante, pilotée par l’Agence Nationale des Eaux et Forêts, comprend plusieurs activités afférentes, principalement, à la conservation et à la valorisation de la biodiversité, et à la restauration des écosystèmes forestiers dans les zones côtières. Lesquelles activités permettent de contribuer à la création de l’emploi et à l’amélioration des conditions et du cadre de vie des populations.
 
Contribution de l’ONMT
Dans le cadre du PPR EB, l’ONMT met à contribution les campagnes de promotion de la destination Maroc au sein des marchés émetteurs de touristes à l’international. La dernière en date a été déployée à partir du 2ème trimestre 2022. L’évaluation de ses performances pourra présenter un état d’avancement systématique et able à ce stade, alors que le dispositif média relatif à la 2ème vague est en cours de finalisation, comme c’est également le cas pour la campagne de communication initiée pour le tourisme interne et les Marocains du monde.

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Économie bleue : Les avancées du Maroc sous la loupe de la Banque Mondiale

Pilotage


Une task-force multi-acteurs pour un chantier transversal prometteur
 
Le programme pour les résultats de l’économie bleue (PPR EB) vise à libérer le potentiel économique de l’économie bleue à travers une valorisation durable des ressources des zones marines et côtières et une meilleure coordination institutionnelle verticale et horizontale. Il repose sur trois piliers : la sécurité alimentaire nationale ; le développement économique et la création d’emplois ; et la protection et l’utilisation des ressources naturelles.

Dirigé par le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) à travers son Unité de Gestion du Programme (UGP), ce projet coordonne huit entités de mise en oeuvre : le Département de la Pêche Maritime (DPM), la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT), le Département du Développement Durable (DDD), l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF), la Direction des Ports et du Domaine Public Maritime (DPDPM), l’Agence Nationale du Développement de l’Aquaculture (ANDA) et l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH).
 

Unité Nudge


Les sciences du comportement à la rescousse de l’économie bleue
 
Dans le cadre du programme Économie Bleue, la Banque Mondiale soutient le ministère de l’Économie et des Finances pour l’intégration des sciences du comportement dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques publiques associées à ce secteur à travers la création d’une unité baptisée «Unité Nudge».

«Un nouveau mode de management public est en train de naître au Maroc, celui de l’intégration des sciences du comportement dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques publiques, et inciter ainsi les individus à prendre les «bonnes décisions» sur des sujets vitaux, tels que : la consommation d’énergie, les transports publics, la sécurité routière, l’alimentation, l’éducation, l’épargne, le paiement des impôts…», souligne un communiqué du ministère.

Les pays ayant adopté cette approche l’ont fait par la création d’une unité baptisée «Nudge Unit». Un rapport annuel de la Banque Mondiale et de l’OCDE fait état des expériences menées par les pays développant une telle approche. «Le Maroc pourrait être le premier pays africain et arabe à figurer dans ce rapport», assure la même source.

Ainsi, une assistance technique a été déployée par la Banque Mondiale au profit de l’Unité de Gestion de Programme (UGP) chargée de l’économie bleue, ainsi que les autres Directions du ministère de l’Économie et des Finances (MEF). Une action de renforcement des capacités (dix sessions) est en cours d’exécution par des experts du comportement relevant de la Banque Mondiale dont la première session a eu lieu le mercredi 26 octobre.
 

3 questions à Houcine Nibani


« Il est nécessaire de connaître les zones et écosystèmes marins qui doivent être protégés »
 
Enseignant de gestion intégrée des zones côtières à la Faculté des Sciences et Techniques d’Al Hoceima, Houcine Nibani répond à nos questions sur les enjeux de l’économie bleue au Maroc.


- Quels sont, selon vous, les préalables nécessaires au développement d’une économie bleue au Maroc ?


- L’enjeu majeur est de faire de cette économie bleue une filière durable, profitable et soutenable. Le point de départ est celui de la connaissance et de la cartographie des écosystèmes marins du Royaume qui sont encore mal connus. Il est indispensable d’investir massivement dans la recherche scientifique marine et dans les nouvelles technologies afin que l’on puisse avoir une idée réelle de la complexité, des vulnérabilités et des atouts de nos écosystèmes marins, ainsi que de leurs tendances d’évolution.

Établir une cartographie des écosystèmes marins nous permettra aussi de savoir comment et où installer les différentes filières, puis d’en faire le suivi environnemental pour veiller à la durabilité des activités et ainsi éviter des impacts négatifs potentiels.


- Le Maroc héberge-t-il des aires marines protégées dont le rôle est de sauvegarder des écosystèmes fragiles ?

- Un des «objectifs d’Aichi» incite les pays-signataires (dont fait partie le Maroc) à créer des aires protégées, marines et terrestres, dans au moins 10% de leurs territoires, sachant que notre pays s’est récemment engagé à adhérer à la nouvelle proposition qui tend à tripler ce pourcentage dans le futur. Ce qui constitue un véritable défi, d’autant plus que les aires marines qui existent en ce moment au Maroc sont au nombre de trois et représentent moins de 1% de la superficie du territoire puisqu’elles ne sont que des zones de prolongement de parcs nationaux terrestres (Souss-Massa, Al Hoceima, Khenifiss).


- Quels sont les préalables pour établir encore plus d’aires marines protégées ?

- Il est avant tout nécessaire de connaître les zones et écosystèmes marins qui doivent être protégés et cela ne peut avoir lieu sans la recherche et la prospection scientifique que j’ai précédemment évoquées. Tant qu’on n’a pas cartographié le milieu marin, on ne pourra pas protéger les écosystèmes vulnérables ou remarquables, car on ne les connaît pas. En attendant, ils resteront exposés à des menaces «invisibles et silencieuses», notamment celles liées aux activités de pêche intensive menées par des partenaires du Royaume.



Recueillis par O. A.

 








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