Le rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP), basé sur les appréciations des chefs d’entreprises, détaille les tendances observées au cours du 3ème trimestre 2023, offrant ainsi un aperçu détaillé de l’évolution de l’activité dans les industries manufacturières, l’extraction, l’énergie, l’environnement, et le secteur de la construction.
Industrie manufacturière : Des flux contrastés
Au cœur de l’analyse se trouve l’industrie manufacturière et qui a connu des flux contrastés au cours du 3ème trimestre. Pour sa part, la production a légèrement diminué, marquée par des baisses dans des secteurs tels que l’Industrie chimique et l’Industrie automobile. Cependant, des lueurs d’optimisme émanent de la fabrication d’équipements électriques et de l’industrie de l’habillement, affichant une croissance encourageante, soutient le HCP.
« Les facteurs de production ont augmenté, ce qui rend compréhensible une telle performance, sans oublier la baisse du pouvoir d’achat ainsi que la tension géopolitique qui est en train de s’installer et impacter tout le monde mettant un barrage devant toute émancipation économique », nous explique Mehdi Fakir, expert-comptable et consultant en stratégie et risk management.
Dans cette optique, le HCP soutient que les carnets de commandes restent stables, l’emploi ne subissant que des fluctuations mineures. De leur part, un quart des entreprises ont signalé des difficultés d’approvisionnement en matières premières, principalement d’origine étrangère. Cependant, la trésorerie demeure une préoccupation pour 25% des chefs d’entreprise, atteignant près de 33% dans la fabrication d’équipements électriques.
Secteur de la construction : Contrastes et stabilité
Concernant le secteur de la construction, il a également connu des mouvements contrastés, avec une baisse globale de l’activité. Idem pour la construction de bâtiments, laquelle a affiché une hausse, tandis que celles du génie civil et des travaux de construction spécialisés ont connu un déclin.
Les entreprises signalent des carnets de commandes inférieurs à la normale, et 17% ont rencontré des difficultés d’approvisionnement en matières premières. La trésorerie est qualifiée de « difficile » par plus de la moitié des chefs d’entreprise. Cependant, l’emploi demeure stable, avec un taux d’utilisation des capacités de production à 65%.
Perspectives pour le 4ème trimestre 2023
Les anticipations des chefs d’entreprises pour le 4ème trimestre présentent un tableau optimiste, avec une augmentation prévue de la production dans l’industrie manufacturière. A cet effet, la fabrication d’équipements électriques et l’industrie automobile devraient être les moteurs de cette croissance, tandis que l’industrie alimentaire et l’industrie chimique pourraient connaître une légère diminution.
Pour Mehdi Fakir, l’optimisme ressenti par les chefs d’entreprises se base sur les bons signaux émanant des mesures adoptées par l’Etat, « on peut énumérer plusieurs mesures établies par le gouvernement qui permettent d’espérer un bon déroulement des affaires dans plusieurs domaines, notamment avec les aides allouées au logement et l’engagement croissant sur le plan sociétal, etc. ».
Mais cela reste, selon notre interlocuteur, « une déclaration d’intention plus qu’autre chose », soulignant dans le même sens que, « mis à part les facteurs politiques déjà expliqués, l’atteinte des objectifs nécessitera une mise en œuvre rigoureuse et des actions concrètes. Il est impératif que les paroles se traduisent en mesures tangibles pour garantir le succès de cette vision ambitieuse. En fin de compte, la réalisation de ces intentions dépendra de l’engagement et de la coordination efficace de toutes les parties impliquées, y compris les acteurs politiques, économiques et sociaux ».
Dans le secteur de la construction, une stabilité globale est prévue, avec des hausses attendues dans la construction de bâtiments et les travaux de construction spécialisés, mais une diminution prévue dans le génie civil.
La publication de ces prévisions optimistes offre un éclairage précieux sur la reprise économique en cours dans le pays, soulignant la nécessité d’une gestion prudente des ressources et d’une adaptation agile aux changements du marché.
Trois questions à El Mehdi Fakir« La contraction économique est liée à plusieurs facteurs »
Expert-comptable et Consultant en Stratégie et Risk Management
- Pouvez-vous détailler les facteurs qui ont contribué à la baisse de la production dans certaines branches de l’industrie manufacturière au 3ème trimestre 2023 ?
- Les facteurs sous-jacents à cette baisse de production sont variés. Tout d’abord, une augmentation des coûts de production, notamment en termes d’énergie, laquelle a entraîné une diminution du pouvoir d’achat global. A cela, il faut ajouter les tensions géopolitiques mondiales, créant un obstacle enraciné dans le paysage économique qui freine son émancipation. En résumé, la principale force à l’origine de la contraction économique réside dans la diminution du pouvoir d’achat, accentuée par des facteurs géopolitiques et énergétiques préoccupants. Il est important de noter que notre économie est fortement dépendante du secteur agricole et la récurrence des sécheresses, ces dernières années, limite également les taux de croissance.
- Comment les difficultés d’approvisionnement en matières premières affectent-elles la trésorerie des entreprises de construction ?
- Les défis d’approvisionnement en matières premières se manifestent à la fois en termes de quantité et de valeur. En premier lieu, la rareté de certaines matières premières entraîne une augmentation significative des prix sur le marché. Dans le contexte spécifique de l’industrie immobilière, le secteur est resté en attente, anticipant des mesures telles que des aides directes aux citoyens pour l’acquisition de logements. Une injection de fonds de la part de l’État stimulerait potentiellement le secteur immobilier. En tant qu’investisseur, je considérerais favorablement un environnement où l’État offre des aides directes et renforce son engagement dans le développement de la couverture sociale, ce qui encouragerait davantage mes investissements.
- Quelles sont les raisons sous-jacentes aux prévisions d’augmentation de la production dans certains secteurs pour le 4ème trimestre 2023 ?
- Ces prévisions semblent davantage être une déclaration d’intention plutôt qu’une corrélation directe avec des éléments concrets. Cependant, le signal politique émanant du gouvernement, notamment en termes d’aides et du budget alloué, pourrait effectivement encourager les investisseurs à s’orienter vers le secteur immobilier. Toutefois, il est important de noter qu’il n’existe pas nécessairement un lien direct et explicite entre ces prévisions et des indicateurs concrets de croissance.
