L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Croissance au Maroc en 2021: La Banque Mondiale moins optimiste que Bank Al-Maghrib, le HCP et le FMI


Rédigé par A. CHANNAJE Jeudi 8 Avril 2021

Après une récession économique de 7% en 2020, le Maroc devrait enregistrer une croissance de l'ordre de 4,2% en 2021, souligne la Banque Mondiale.



Dans son point fait sur l’évolution de l’économie, publié le 2 avril, l’institution de Bretton Woods note que le Maroc a connu une année 2020 très difficile en raison des retombées de la pandémie de Covid-19 et de la sécheresse. « Un confinement strict, l'effondrement des revenus du tourisme, la perturbation des chaînes de valeur et le choc agricole expliquent l'ampleur de la récession », explique la même source.

Chiffres à l’appui, le PIB réel s'est contracté de 15,1% au 2ème trimestre 2020. Bien que l'activité ait commencé à reprendre dans le troisième trimestre, la BM note que les estimations préliminaires indiquent que le PIB réel s'est contracté de 7% en 2020. 

De même, du côté de la production, l'impact de la crise sanitaire a été particulièrement sévère pour l'industrie hôtelière, les transports et le commerce international.En outre, en raison de la sécheresse, la valeur ajoutée agricole s'est contractée de 7,1%. Concernant la demande, la consommation privée s'est contractée de 9,4%, partiellement compensée par une augmentation de 6,2% de la consommation publique. Dans ce contexte, l'inflation globale a été en moyenne de 0,7% en 2020.Forte hausse du ratio dette / PIB à 77,8% du PIB
 

La BM fait savoir aussi que la réponse budgétaire à la pandémie, principalement financée par l’emprunt, a soutenu aussi bien les entreprises que les ménages, et ce, pour compenser la perte de leurs revenus. L'augmentation résultante de dépenses et une forte contraction des recettes fiscales ont conduit, cependant, à une détérioration du déficit budgétaire (7,7% du PIB en 2020) et une augmentation du ratio dette / PIB à 77,8% du PIB. De l’avis de la BM, c'est la plus forte hausse jamais enregistrée en une seule année.

Par ailleurs, et en raison de la contraction des importations et la résilience des envois de fonds de MRE, le compte courant s'est soldé avec un déficit de 3% du PIB (4,1% du PIB en 2019).

Ce qui est surprenant cependant, c'est que les réserves de change, malgré la fermeture des frontières à cause de la pandémie, ont augmenté de 26,6% en 2020, atteignant 30% du PIB, soit plus de sept mois d'importations.

Autre impact de la crise Covid-19 : hausse du taux de la pauvreté, après plusieurs années de déclin, de 5,8% en 2019 à 7,1% en 2020.

Idem pour le taux de chômage qui a grimpé à 11,9% (9,2% en 2019), selon une récente enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui indique que 37,5% des entreprises ont réduit leurs effectifs au 2ème semestre 2020, avec des contractions plus importantes parmi de les TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises).
 

La dette publique se situera à 78,4% du PIB en 2021
 

Côté pronostics, la BM s’attend à une accélération de la croissance du PIB pour atteindre 4,2% en 2021. Dans ce scénario de référence, la Banque Mondiale estime que « la production agricole retrouve ses tendances historiques, le déploiement du vaccin se déroule conformément aux plans du gouvernement, la politique monétaire reste accommodante et la relance budgétaire est maintenue. La reprise des secteurs manufacturiers et des services devrait être progressive, initialement contrainte par le récent ralentissement des partenaires commerciaux du Maroc et par un retour prolongé du tourisme international ».

Ainsi, « la croissance du PIB réel devrait rester légèrement supérieure à sa tendance d'avant la pandémie au cours de la période de projection, car l'écart de production se réduit progressivement et les réformes en cours commencent à avoir un impact ».

L’institution de Bretton Woods prévoit aussi une stabilisation du déficit du compte courant en dessous de 4% du PIB (-3,5% du PIB en 2021 contre -3% en 2020), tandis que le déficit budgétaire devrait diminuer progressivement pour passer de -7,7% du PIB en 2020 à -6,5% en 2021.

La dette publique devrait augmenter pour se situer à 78,4% du PIB en 2021 contre 77,8% en 2020, tandis que le déficit de la balance des paiements se situerait à -4% du PIB contre -5,2% en 2020.

L’inflation devrait, de son côté, atteindre 1,1% en 2021 contre 0,7% en 2020.

La BM s’attend, en outre, à une hausse continue des créances douteuses, ce qui pourrait peser sur les bilans des banques. 

A l’inverse, elle anticipe une baisse de la pauvreté en 2021, « mais pas pour revenir aux niveaux d'avant la crise ». Dans le même registre, elle s'attend à ce que la population «vulnérable» diminue lentement en 2021 à environ 28,35 millions d’habitants au lieu de 29,56 en 2020. « Cette tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2022 et 2023, mais les indicateurs de pauvreté ne peuvent pas revenir à la situation d'avant Covid-19 qu’en 2023. La mise en œuvre réussie de la réforme de la protection sociale pourrait accélérer ce processus ».
 

La BM moins optimiste que le FMI, le HCP et BAM
 

Il convient de noter que le taux de croissance de 4,2% en 2021 prévu par la Banque Mondiale est bien inférieur à celui de Bank Al-Maghrib, du Comité de Veille Economique (CVE), du HCP, du FMI et de la BAD (Banque Africaine pour le Développement).

BAM a anticipé, lors de son dernier Conseil d’administration, une croissance de 5,3% de l’économie nationale. Soit presque le même taux (5,2%) prévu par le Comité de Veille Economique (CVE).

Le taux de croissance estimé à 4,8 % à l’élaboration de la Loi de finances 2021 gagne 0,4 point en fin du premier trimestre. Il atteindra 5,2 % selon les nouvelles prévisions du CVE. « Les perspectives favorables de la campagne agricole et le déroulement exemplaire de l’opération de vaccination constituent autant de facteurs qui ne manqueraient d’insuffler un nouvel élan à la croissance de l’économie nationale en 2021 », a souligné le ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration dans un communiqué mettant fin aux travaux de la 12ème réunion dudit Comité.

De son côté, le HCP prévoit une croissance de 4,6% en 2021. Ce pronostic est basé essentiellement sur une vaccination anti-Covid massive de la population au premier semestre. 

La BAD anticipe, à son tour, une croissance économique de l’ordre de 4,5%, soit le même taux prévu ce mois d’avril par le FMI.

« La croissance du PIB réel devrait rebondir à 4,5% en 2021 à mesure que l’économie se remettra d’une importante récession et que l’agriculture retrouvera une bonne croissance », estime la BAD dans son dernier rapport annuel « Perspectives économiques en Afrique».