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Actu Maroc

Crise du secteur des jeux d’argent, rien ne va plus !


Rédigé par M. EL ATOUABI Samedi 21 Mars 2020

La crise économique liée au Coronavirus touche tous les secteurs, dont celui des jeux d’argent et des paris qui, cette fois-ci, n’a pas échappé à la récession. Eclairage.



Crise du secteur des jeux d’argent, rien ne va plus !
Dans le milieu des jeux d’argent et contrairement aux autres secteurs économiques, les périodes difficiles et de vaches maigres étaient plutôt synonymes d’abondance. Tenaillés par l’incertitude et la peur de l’avenir qui règnent en ce genre de contextes, les gens ont en effet tendance à chercher des moyens de rêver. Ils se rabattent donc sur les paris dont ils espèrent une délivrance financière, facile et rapide. Résultat des courses : les mises se multiplient et les chiffres d’affaires progressent.

Cette règle bien établie a pourtant atteint ses limites avec l’actuelle crise économique consécutive à la pandémie de Coronavirus. En plus de la peur instinctive des parieurs de dilapider leurs maigres pécules dans des jeux à l’issue incertaine, alors même que nul ne sait combien de temps va durer la pandémie de Coronavirus et ses effets économiques ravageurs, les opérateurs de jeux et de paris sont actuellement confrontés à de lourds problèmes logistiques qui réduisent comme peau de chagrin leurs chiffres d’affaires habituellement astronomiques.

 

Fin de jackpot

Avant même le désormais fameux lundi 16 mars, date à laquelle l’Etat décrète la fermeture des cafés, lieux de vente principaux et vitaux pour les opérateurs de jeux agréés au Maroc, la raréfaction puis l’annulation de la grande majorité des compétitions sportives à l’échelle locale et internationale porte un coup dur aux deux plus grands opérateurs de jeux nationaux.

Il s’agit en l’occurrence de la Société Royale d’Encouragement du Cheval (SOREC), spécialisée dans les paris sur courses hippiques et de la Marocaine des Jeux et des Sports (MDJS) qui tire une grande partie de son chiffre d’affaires des paris sur les compétitions sportives internationales et nationales.

Ces deux opérateurs qui accaparent plus de 90% du chiffre d’affaires des jeux d’argent au Maroc avec un résultat annuel d’environ 7 milliards de dirhams pour la SOREC en 2018 et d’environ deux milliards de dirhams pour la MDJS la même année, subissent les effets de la raréfaction des compétitions hippiques et sportives selon une chronologie variable.Si la MDJS commence à accuser le coup à compter des 13 et 14 mars, dates respectives de de début de l’annulation de l’ensemble des événements sportifs en Europe et au Maroc, il a fallu attendre le lundi 16 mars pour que la SOREC soit rattrapée par la vague.
 

Coup de massue

En ce jour, un communiqué commun publié par la Fédération française des courses hippiques et les sociétés mères France Galop et Le Trot annonce la suspension des courses en France à partir du mardi 17 mars et jusqu’au 15 avril prochain en raison du Coronavirus. Pour la SOREC qui tire une bonne partie de son chiffre d’affaires des paris organisés sur les courses françaises, l’annonce fait l’effet d’une bombe. D’autant plus qu’elle tombe en même temps que la décision des autorités marocaines de fermer les cafés qui accueillent l’essentiel de son réseau commercial estimé à plus de 600 points de ventes (cafés) et 23 agences gérées en propre.

Du jour au lendemain, les paris hippiques qui étaient plus ou moins épargnés par l’annulation des compétitions sportives en raison du statut administratif d’activité agricole et non pas sportive attribué aux courses de chevaux, se retrouvent dans la tourmente. D’autant plus que l’enchaînement des mauvaises nouvelles concernant la propagation du Coronavirus au Maroc pousse la direction de la SOREC à prendre la décision douloureuse mais judicieuse d’arrêter les compétitions hippiques à compter du mardi 17 mars et jusqu’au délai provisoire du 1er avril. Ce qui retarde la possibilité porteuse d’espoirs au début de la crise, de transférer une partie de la masse de paris contractés sur les courses françaises vers leurs homologues marocaines. Du jour au lendemain, arrêt des courses et fermetures des points de vente obligent, l’activité des paris hippiques, qui enregistrait tous les jours des dizaines de millions de dirhams, tombe donc à zéro.

Dans cette tourmente généralisée qui affecte toutes les strates de la pyramide du secteur des jeux d’argent au Maroc, casinos y compris, on pouvait croire que l’un des opérateurs nationaux était épargné. Il s’agit de la Société de Gestion de la Loterie Nationale (SGLN), filiale de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), dont on pensait qu’elle allait pouvoir tirer son épingle du jeu du fait de sa déconnexion avec les compétitions sportives et grâce à sa plate-forme de paris en ligne.

Il n’en sera rien. Également dépendante des cafés qui concentrent l’essentiel de son réseau de vente, la loterie perd dès lundi «40% de son chiffre d’affaires, avant que le manque à gagner n’atteigne les 70%, mercredi », nous révèle un responsable de la SGLN qui précise: «Pour ce qui est des paris en ligne, ils ne réalisent qu’une partie infinitésimale de notre chiffre d’affaires qui totalisait durant l’exercice écoulé 850 millions de dirhams».

Loin de réduire l’appétence des parieurs pour les jeux d’argent, cette crise n’aura certainement pour autre résultat que de réduire les recettes conséquentes engrangées par l’Etat dans ce secteur et de les réorienter vers les réseaux clandestins de paris qui trouveront toujours sujets à parier, devenant ainsi les principaux bénéficiaires de la situation actuelle.

M. EL ATOUABI