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Création d’emploi : Ambitieux challenge pour le gouvernement


Rédigé par Mina Elkhodari Mardi 18 Octobre 2022

Le Maroc vient de fixer un nouvel objectif lié au marché de l’emploi. L’occasion de revenir sur la faisabilité de ce grand chantier aux multiples défis.



La création d’emplois décents pour répondre aux exigences des marocains est désormais au centre des préoccupations du Maroc. En effet, le Roi Mohammed VI a souligné vendredi, à l’occasion de son discours d’ouverture de la session d’octobre du Parlement, la nécessité de soutenir l’investissement au Maroc, comme levier de la relance de l’économie nationale et de la création d’emplois.

D’ici 2026, 550 milliards de dirhams d’investissements devront être mobilisés et 500 000 emplois créés. Il s’agit d’un projet de grande importance pour le Royaume, de par le rôle de l’investissement qui est un levier essentiel pour relancer l’économie nationale et hisser le Maroc parmi les grandes puissances régionales. Il s’agit là d’un objectif très ambitieux, selon les spécialistes, dont la réalisation requiert l’implication de tous les acteurs du tissu économique. Comme souligné dans le discours royal, le Maroc est désormais appelé à soutenir efficacement les investisseurs et les entrepreneurs, surtout les jeunes et les petites entreprises.

Le rôle du secteur privé et financier, s’avère, à cet égard, de la plus haute importance, à charge pour le gouvernement de créer les conditions idoines, en matière de législation et d’accompagnement. Il s’agit d’une vision propre à ouvrir de nouveaux horizons prometteurs pour l’économie nationale, aux yeux des spécialistes. Ces derniers plaident depuis longtemps déjà pour l’encouragement de la micro finance, surtout dans des secteurs moins capitalistiques mais pourvoyeurs d’emplois notamment l’artisanat.

Dans ce sens, Omar Kettani, économiste et professeur à l’Université Mohamed V de Rabat, insiste sur l’adoption d’une politique encourageant ce secteur qui a fait ses preuves ailleurs, en tant que premier créateur d’emplois, notamment en France. «Il faut encourager la création de complexes et de foires d’artisanat dans différentes régions du Royaume surtout que ce dernier s’impose depuis longtemps comme pays d’art et d’artisanat aux yeux de ses partenaires ». Vision que partagent d’autres spécialistes, notamment Lahcen Haddad qui souligne l’importance de mobiliser l’investissement dans les secteurs créateurs d’emplois dont les services et le tourisme.

Pour ce faire, il est important, selon lui, de mettre fin à la prépondérance de l’informel, et ce, en encourageant davantage les opérateurs du tourisme. L’objectif est de créer des emplois stables et décents à la hauteur des attentes de tous.

Promouvoir le volet social

Dans ce sillage, Omar Kettani préconise que «le Maroc s’emploie à favoriser l’investissement non capitalistique dont les avantages sont plus sociaux qu’économiques et, par conséquent, plus pourvoyeurs d’emplois notamment les PME». Il s’agit, selon l’économiste, d’une alternative qui s’impose dans un contexte complexe où les entreprises existantes semblent moins capables de répondre aux besoins du Maroc en matière d’emploi.

Pour ce faire, il faut, d’après les deux économistes, mener un travail en amont et en aval, notamment vis-à-vis des banques pour les intégrer plus étroitement dans ce chantier, dans le but de fournir un soutien financier aux porteurs de projets et valoriser les initiatives des opérateurs notamment les jeunes. Cette démarche participera, aux yeux de nos interlocuteurs, à la fluidité du processus d’investissement et du coup au renforcement de l’attractivité du Royaume pour les investissements privés nationaux et étrangers.

Dans un contexte où « les entreprises sont devenues des usines qui ne répondent pas aux nouvelles normes de qualité », Lahcen Haddad indique que ces établissements « sont loin de favoriser la création d’un bon climat de travail ». « Les entreprises doivent donc être conscientes de l’importance d’investir dans la mise en place de bonnes conditions de travail afin d’améliorer la productivité de leurs employés surtout qu’un travail décent implique nécessairement un capital humain performant», a-t-il indiqué.

Vers une meilleure gouvernance

D’un autre côté, il est important, voire urgent, de revoir la politique des appels d’offres publics de l’investissement dans l’optique de développer l’emploi. Ceci implique, selon Lahcen Haddad, que les sociétés présentent leur bilan d’emplois, que ce soit ceux permanents ou ceux liés à des projets particuliers. Pour leur part, les organismes spécialisés sont appelés à intervenir pour assurer le suivi afin de pouvoir évaluer les conditions de travail des employés, notamment leur affiliation à la CNSS.

D’autre part, comme souligné dans le discours Royal, il est désormais temps, selon Lahcen Haddad, d’impulser la mission des Centres régionaux d’investissement (CRI) qui consiste en l’accompagnement des projets, depuis la simple idée jusqu’à la mise en oeuvre et ce, en collaboration avec les commissions d’investissement. L’accès au foncier constitue un autre obstacle majeur pour les investisseurs en raison des coûts qui sont généralement exorbitants.

Afin de remédier à cette question, Lahcen Haddad souligne l’importance de régionaliser la gestion du foncier tout en offrant des incitations directes (primes) aux investisseurs. «Il est temps de se diriger vers les régions lointaines mais qui disposent d’un foncier important», a-t-il indiqué, rappelant qu’il «faut mettre en place une bonne assiette du foncier avec des prix abordables, sans pour autant empiéter sur les terres agricoles et le patrimoine culturel du Royaume», a-t-il averti.

La création de 500.000 emplois, objectif réalisable selon nos interlocuteurs, implique une révision de tout un écosystème notamment, le climat d’investissement, les conditions de travail mais aussi la formation professionnelle. Selon El Mehdi Ferrouhi, économiste, ce nouveau chantier permettra sans nul doute un bon traitement de la question du chômage au Maroc surtout si les 500.000 emplois sont créés dans des secteurs à forte valeur ajoutée. La réalisation de cet objectif, permettra au Maroc de se hisser parmi les pays à forte valeur ajoutée.



Mina ElKhodari

Repère

«Les entreprises marocaines créent de la richesse mais moins d’emplois»
Selon Omar Kettani, les entreprises au Maroc sont à caractère capitalistique, cela veut dire qu’elles créent de la richesse et de la valeur ajoutée sans créer suffisamment d’emplois. « Le Maroc connaît une croissance sans emplois », a-t-il noté, cela malgré une croissance d’environ 3%, un chiffre qui est loin de générer des emplois suffisants. Selon l’économiste, l’investissement au Maroc atteint jusqu’à 30% du PIB sans pour autant fournir des emplois suffisants. Pour remédier à cette situation, il faut réorienter, selon lui, le mode d’investissement actuel, qui profite généralement au capital étranger sans répondre aux exigences du marché de l’emploi. Ainsi, il est important, d’après Kettani, d’attirer plus d’investissements qui coûtent moins cher, mais qui présentent des avantages sociaux bien plus importants que ceux économiques. En d’autres termes, des investissements plus pourvoyeurs d’emploi.

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Création d’emploi : Ambitieux challenge pour le gouvernement

Tendances


Les métiers du digital sont les plus recherchés au Maroc
 
La pandémie a fait que le monde s’est orienté vers le digital, la majorité des entreprises ont opté pour l’option du télétravail et étaient contraintes d’embaucher des postes technologiques. En 2021, 54% de la main-d’oeuvre de Google étaient des travailleurs et des entrepreneurs indépendants.

Au Maroc, les métiers de la technologie les plus recherchés sur le marché de l’emploi sont : l’ingénieur en sécurité de l’information, le développeur full-stack, le Data Scientist, l’ingénieur en apprentissage automatique et le développeur Java. Ces emplois ne sont pas seulement demandés sur le marché de travail mais aussi valorisants sur le plan pécuniaire.

Selon les chiffres avancés par la plateforme de recherche d’emploi «Glassdoor», le salaire moyen d’un ingénieur en sécurité de l’information est de 12.500 DH. Quant au développeur Java, il peut toucher jusqu’à 10.400 DH selon la même source.
 

Charte de l’investissement


Des prérequis à mettre en place
 
Lors de son discours à l’occasion de la rentrée parlementaire, SM le Roi Mohammed VI a mis en avant l’importance prioritaire que revêt l’investissement. L’objectif stratégique ultime de la Charte de l’investissement est de renforcer l’attractivité du Maroc pour les investissements privés nationaux et étrangers.

Dans ce cadre, le député istiqlalien Lahcen Haddad considère que le Maroc est capable de réaliser cet objectif, notamment en couplant l'investissement et l'emploi. «Il est temps de cibler non pas seulement les grandes entreprises mais aussi les petites et moyennes entreprises qui sont créatrices de richesse, de valeur ajoutée et d'emploi ».

Ainsi, il faut veiller à l'application de la charte d'investissement, « particulièrement dans ses volets relatifs à l'encouragement des petits projets, avec un appui direct ou indirect auprès des porteurs de projets», nous affirme-t-il. Et d’ajouter qu’il est impératif de dépasser le problème de la prépondérance de l'informel dans différents secteurs notamment le tourisme et ce, à travers l’encouragement des opérateurs du secteur à créer des emplois décents à des conditions favorables.

Rappelons que le très attendu projet de loi-cadre n° 03-22 formant charte de l'investissement, a atterri au Parlement le 22 juillet dernier. Cette réforme concerne tant le dispositif de soutien à l'investissement proprement dit, que les mesures tendant à renforcer l'attractivité dans les secteurs productifs du Royaume.
 

3 questions à El Mehdi Ferrouhi


« Les Universités devraient encourager la vocation des étudiants à l’entrepreneuriat»
 
El Mehdi Ferrouhi, professeur d’économie et de finance à la Faculté d’ Economie et de Gestion, Université Ibn Tofail de Kénitra nous livre sa lecture de l’objectif d’emplois fixé par le Royaume.

-Quelle lecture faites-vous de l’objectif du Maroc d’atteindre 500.000 emplois d’ici 2026 ?


-Je pense que cet objectif est très ambitieux et requiert l’implication de tous les acteurs de l’écosystème pour qu’il soit réalisable. Cela permettra sans nul doute de réduire le chômage au Maroc. Un tel objectif ne peut être atteint, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi, qu’à travers l’implication du gouvernement et celle des secteurs privé et bancaire, et ce, à travers un « Pacte National pour l’Investissement ». Cet objectif passe également par la nouvelle Charte nationale de l’investissement qui permettra d’attirer les investissements privés nationaux et étrangers.


-Atteindre 500.000 emplois veut nécessairement dire accélérer la formation. Comment les universités marocaines peuvent-elles agir à ce niveau?

-Je pense qu’en matière de formation, les universités marocaines sont prêtes à relever le défi. Accélérer la formation ne serait pas possible vu la structure du système d’enseignement supérieur actuel. Cependant, les universités devraient proposer des formations adaptées aux besoins futurs du marché de l’emploi et encourager les étudiants et lauréats à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprises.


-Quels sont, selon vous, les domaines d’investissement prioritaires pour le Maroc?

-Tous les secteurs productifs sont concernés mais j’estime que l’investissement dans les secteurs à forte valeur ajoutée devrait être prioritaire. Il s’agit de l’investissement dans les technologies de l’information et de la communication (Blockchain et intelligence artificielle). Les secteurs prioritaires devraient également être les énergies propres et renouvelables, l’industrie aéronautique et automobile, ainsi que l’industrie militaire et des drones. Sans oublier l’agriculture, les transports, le tourisme et l’artisanat.



 








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