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Course aux élections 2026 : L’Istiqlal au-dessus des mêlées précoces [INTÉGRAL]


Rédigé par S. JAFRI et A. MACHLOUKH Lundi 19 Mai 2025

Dans un contexte d'effervescence politique, l’Istiqlal rejette toute course précipitée vers 2026, selon Nizar Baraka. Décryptage.



Nizar Baraka, SG du PI, lors de son allocution à la session ordinaire du Conseil national du Parti.
Nizar Baraka, SG du PI, lors de son allocution à la session ordinaire du Conseil national du Parti.
Réunis à Salé au Palais des congrès, les Istiqlaliens ont tenu la deuxième session ordinaire de leur Conseil national qui a, cette année, un goût particulier puisqu’il coïncide avec la commémoration du 51ème anniversaire de la disparition du leader historique Allal El Fassi.
 
Ce rassemblement intervient après le quasi-parachèvement de l’édifice interne suite au 18ème Congrès général. Les assemblées régionales ont été réunies dans les différentes régions du Royaume, le statut a été unanimement adopté, le président du Conseil national élu, le Comité exécutif, le corps de l’inspection et la commission disciplinaire constitués. Idem pour la charte éthique qui a été adoptée. 
 
L’Istiqlal se dit plus uni et plus solide depuis le congrès qui, disent les militants, a donné une nouvelle vigueur aux héritiers d’Allal El Fassi.
 
Ces derniers nourrissent de grands espoirs pour le futur et se voient déjà en capacité de concourir au sommet de la scène politique en 2026. Rien n’empêche un tel idéal annoncé depuis des mois, d’autant plus que toutes les conditions sont jugées réunies.
 
Les élections, trop tôt pour en parler !
 
La réunion du “Parlement du parti” est toujours une occasion de faire un diagnostic de la situation politique et, surtout, une tribune fort attendue pour lancer des messages à bon entendeur au moment où le débat s’intensifie à l’approche de la fin du mandat du gouvernement.
 
Aujourd’hui, l'effervescence est à son comble. Alors que les échéances électorales s’imposent précocement dans les discours des leaders politiques, le Parti de l’Istiqlal dit refuser de se précipiter vers une compétition précoce. C’est ce qu’a pris soin de clarifier le Secrétaire Général, Nizar Baraka, lors de son allocution.
 
Face aux militants, venus nombreux, il a mis en garde contre le danger d’une course électorale anticipée. “Il n’est pas dans notre intérêt de nous lancer dans une compétition électorale qui serait nuisible pour le travail gouvernemental, au nom d’une quête pour la première place aux prochaines élections”, a-t-il martelé sous les applaudissements.
 
“Cela aurait certainement des conséquences négatives sur la trajectoire réformatrice du gouvernement et, par conséquent, sur les citoyens”, a poursuivi le leader de l’Istiqlal sur un ton martial pour marquer son refus catégorique des surenchères. 
 
Nizar Baraka éprouve le besoin de faire entendre aussi fort ce refus catégorique de se laisser entraîner dans des émulations électorales inutiles, au moment où les élections s’invitent dans le débat partisan à un an et demi de la fin du quinquennat. Les prochaines échéances s’imposent désormais dans les discours de toutes les formations politiques. Les uns parlent du gouvernement du Mondial, tandis que d’autres mobilisent d’ores et déjà les arguments électoraux au moment où l’opposition parlementaire cherche désespérément dans la confusion un moyen de faire tomber le gouvernement à l’hémicycle.
 
Baraka clarifie sa pensée
 
Il s’agit aussi d’une réponse implicite à ceux qui ont vu dans les critiques de l’Istiqlal sur la gestion des subventions aux viandes rouges une façon de se désolidariser de la majorité au crépuscule du mandat du gouvernement. Là, Nizar Baraka persiste et signe en démentant les accusations de faire cavalier seul. Selon lui, l’Istiqlal est dans la majorité, à laquelle il demeure lié par la charte fondatrice. 
 
Nous sommes déterminés à oeuvrer au sein de la Majorité pour accélérer la mise en oeuvre des grands chantiers”
 
Mais, il s’estime dans son rôle de dire la vérité et défendre le pouvoir d’achat des citoyens contre ce qu’il appelle “la cupidité inflationniste” des importateurs de viandes, notamment les spéculateurs qu’il n’a eu de cesse de critiquer depuis le début du processus de subventionnement. “Nous avons toujours considéré qu’il est de notre devoir de lutter contre les comportements inciviques de ceux qui profitent de l’inflation pour augmenter leurs marges et en tirer des bénéfices excessifs”, a rappelé M. Baraka.  Depuis le début de cette affaire, la polémique a pris des proportions telles que le gouvernement a dû dévoiler le coût réel des subventions pour taire les rumeurs de l’opposition. Or, cela ne cache pas l’ampleur de l’échec d’un programme qui n’a pas permis de faire baisser les prix. Au contraire, les spéculateurs s’en sont prévalu pour s’engraisser.
 
L’Istiqlal a été l’un des premiers à mettre en garde contre les abus des spéculateurs qui ont condamné à l’échec ce programme qui était, à la base, louable. En plus de Nizar Baraka, qui s’en est pris publiquement à maintes reprises aux spéculateurs, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a été l’un des premiers responsables gouvernementaux à tirer la sonnette d’alarme. Dès mars dernier, il a critiqué les 18 importateurs qui prennent le marché des viandes en otage.
 
"Nous lutterons contre la cupidité inflationniste et nous n’accepterons jamais les bénéfices excessifs sur le dos des citoyens”​
 

Aux yeux de l’Istiqlal, il ne s’agit nullement de faire cavalier seul. Depuis la tribune du Conseil national, Nizar Baraka a réitéré son attachement à la cohésion de la majorité et au programme gouvernemental. “Nous sommes une partie de la Majorité mais nous sommes aussi une formation qui a le devoir d’être la conscience de la nation, qui défend un projet de société à partir des valeurs égalitaristes”, a-t-il lancé.
 
L’emploi ou l’échec indéniable !
 
Cela dit, du point de l’Istiqlal, faire partie du gouvernement exige un devoir d’honnêteté vis-à-vis des citoyens, quitte à reconnaître les échecs. Nizar Baraka n’a pas mâché ses mots. Le gouvernement n’est pas parvenu à tenir ses engagements en matière de création d’emploi.
 
"Nous disons non aux tentations de s’engager trop tôt dans une course qui pourrait affecter le travail gouvernemental"

 
“Il est temps de le reconnaître, nous n’allons pas pouvoir atteindre un million d'emplois nets d’ici 2026”, a-t-il confié, jugeant qu’il faut dire la vérité aux Marocains quand elle est si évidente. Le gouvernement a, depuis son arrivée aux commandes, parié sur les grands chantiers, notamment celui de “Awrach” pour stimuler l’activité.
 
Pourtant, l’effet escompté n’a pas été au rendez-vous en dépit de l’augmentation record de l'investissement public, augmenté à 340 milliards de dirhams en 2025. L’Exécutif a eu la malchance de tomber sur la sécheresse qui a visiblement érodé les emplois dans le monde rural. Pour se rattraper, il parie maintenant sur la nouvelle feuille de route pour laquelle il a mobilisé 14 milliards de dirhams. Il s’agit plus de minimiser les dégâts que d’atteindre les objectifs initiaux qui restent hors de portée.
 
Cependant, l’Istiqlal, par la voix de son Secrétariat Général, se dit satisfait du reste du bilan de l’Exécutif, surtout en ce qui concerne le volet social. Nizar Baraka a cité, lors de son discours, la généralisation de la couverture sociale, les aides directes, l'aide au logement, la hausse des salaires et des acquis sociaux dans le cadre du dialogue social parmi les réalisations dont il faut être fier. Des réalisations qui font partie de la promesse de rendre justice aux catégories défavorisées que le parti a défendues pendant la campagne électorale.

 

Paysage politique : Pour un système de valeurs cohérent

Le Parti de l'Istiqlal a réaffirmé que « l'assainissement de la vie publique, la moralisation de la pratique politique et du travail collectif » constituent une entrée essentielle pour restaurer la crédibilité de l'action politique, regagner la confiance dans les institutions élues et renforcer la participation politique des citoyens. Dans son allocution, Abdeljebbar Rachidi a souligné l'importance de promouvoir sérieusement la réforme de la vie publique, en établissant la responsabilité et la reddition de comptes, ainsi qu'en inscrivant les principes de transparence et d'intégrité dans l’action publique.

Rachidi a également rappelé que le discours politique du parti de la Balance place les valeurs au cœur de ses préoccupations, en affrontant toutes les formes de corruption et de déviations dans les domaines politique, social et économique. Il a affirmé que cette orientation reflète la position importante du parti dans le paysage politique national et confirme son rôle en tant que force de proposition responsable.

Il a ensuite évoqué le symbolisme de l’hommage du parti à la mémoire du leader Allal El Fassi, à l’occasion du 51ème anniversaire de son décès, sous le slogan « Le système de valeurs selon Allal El Fassi ». Il a souligné que cet hommage est un message clair sur l'importance de doter l’action publique et partisane d’un système de valeurs cohérent, visant à protéger le citoyen marocain des dérives immorales et à renforcer la cohésion de la famille et de la société sur les bases de la coopération, de la solidarité et du soutien mutuel.

 

Majorité gouvernementale : Baraka rappelle les piliers d’une vision cohérente

Lors de son allocution inaugurale, Nizar Baraka a indiqué que le Parti de l'Istiqlal « aspire à accélérer la mise en œuvre des réformes et des projets de développement lancés par le gouvernement, conformément à ses engagements dans le programme gouvernemental », et ce, durant le reste de la mandature.

L’intervention du Secrétaire Général de l’Istiqlal a également mis en avant l'identité particulière du Parti de l'Istiqlal et sa position en tant que « conscience de la nation ». « Oui, nous faisons partie de la majorité, mais en tant que parti avec les caractéristiques d'une conscience nationale, nous défendons notre projet sociétal, à partir de nos valeurs, principes et de notre référence à l'équilibre », a-t-il précisé, notant que les visions peuvent diverger sur l'amélioration des performances et sur certaines questions sociales. 

Il a cependant souligné que cette divergence « n’a jamais visé à perturber la cohésion gouvernementale, tant que la base de cette cohésion repose sur le programme gouvernemental et le pacte de la majorité, et tant que l’objectif principal de notre parti reste de servir la nation et les citoyens, en accomplissant les réformes attendues et en exécutant correctement et rapidement les orientations royales ».

 









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