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Conjoncture : La DTFE confirme la récession économique en 2020


Rédigé par N. BATIJE Lundi 21 Septembre 2020

Dans sa note de conjoncture du mois de septembre, la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) relevant du département des Finances traite de la situation économique et financière tant nationale qu’internationale et confirme la récession économique en 2020.



Conjoncture : La DTFE confirme la récession économique en 2020
Partant des principaux faits ayant marqué la conjoncture internationale, la DTFE retient un certain nombre d’indicateurs afférents au second trimestre 2020 dont, entre autres, une contraction historique de l’activité économique de 31,7% aux USA, une récession de 11,8% au niveau de la zone Euro, une reprise de l’activité économique en Chine de +3,2% et une tendance au renchérissement globale des cours des produits de base…

Au niveau national, la DTFE, sur la base des derniers résultats des comptes nationaux trimestriels du HCP, traite de la décélération de la croissance et revient sur un certain nombre d’indicateurs déjà dévoilés par bien d’autres travaux de conjoncture. Que ce soit, au niveau de la poursuite du ralentissement de la contribution de la demande intérieure à la croissance économique ou au niveau de la contribution négative du solde des échanges extérieurs, en passant par la faible campagne céréalière, le ralentissement des activités non agricoles, la contre-performance généralisée des exportations…, les signes du ralentissement sont multiples.

N’empêche que la DTFE se démarque par sa manière de traiter le creusement du déficit budgétaire et livre des données récentes à cet effet.

Aggravation du déficit budgétaire

Aussi, l’on retiendra, une fois de plus, qu’au terme des huit premiers mois de l’année 2020, la situation des charges et ressources du Trésor fait ressortir un solde ordinaire négatif de près de 16 MMDH contre un excédent de 6,5 MMDH à fin août 2019.

Cette évolution est, essentiellement, induite par l’effet conjugué du recul des recettes fiscales et de la hausse des dépenses ordinaires, indique la DTFE qui précise aussi que compte tenu de l’excédent dégagé par le Fonds spécial de gestion de la pandémie liée au Covid-19, le déficit budgétaire s’est établi à 46,5 MMDH contre 30,7 MMDH à fin août 2019. Et que, hors Fonds Covid-19, le déficit s’élève à près de 55,5 MMDH, après 50,9 MMDH à fin juillet, soit une aggravation de 4,6 MMDH au cours du seul mois d’août.

Baisse des recettes fiscales

En détails, la DTFE indique qu’à fin août 2020, les recettes ordinaires, sur une base nette et hors part des recettes fiscales bénéficiant aux collectivités territoriales, se sont établies à près de 143 MMDH, en baisse de 13,8 MMDH ou 8,8% par rapport à fin août 2019, et ce, sous l’effet d’un repli important des recettes fiscales.

Ces dernières se sont établies à près de 126,7 MMDH, en baisse de 11,5 MMDH ou 8,3% par rapport aux huit premiers mois de l’année 2019. Et ce, suite au recul de 2,5 MMDH ou 4,1% des impôts directs accentué par le repli de 6,2 MMDH ou 10,4% des impôts indirects. 

Le recul des impôts directs est lié principalement aux recettes tirées de l’impôt sur le revenu (IR) qui sont établies à 27,7 MMDH, en baisse de 1,9 MMDH ou 6,4%, suite à l’effet combiné de l’arrêt d’activité au niveau de plusieurs secteurs et des pertes d’emploi qui ont découlé de la conjoncture actuelle.

 Pour ce qui est de l’évolution des impôts indirects, les résultats à fin août, telles que livrés par la DTFE, font état d’une baisse de 6,2 MMDH ou 10,4% pour revenir à 53,2 MMDH, reflétant principalement la baisse des recettes tirées de la TVA, des taxes intérieures à la consommation (TIC), des droits d’enregistrement et de timbre et, dans une moindre mesure, de celles des droits de douane. 

A ce titre, les recettes tirées de la TVA ont affiché une baisse de 3,7 MMDH ou 9,2% pour se limiter à 36,1 MMDH, recouvrant un repli de la TVA à l’importation de 4 MMDH ou 15,5% et une légère progression de la TVA à l’intérieur de 366 MDH ou 2,7%. De leur côté, les recettes tirées des TIC ont enregistré une baisse de 2,5 MMDH ou 12,8% pour se situer à près de 17,1 MMDH, et ce, suite au recul à la fois des TIC sur les produits énergétiques (-1,9 MMDH ou -17%) et sur les tabacs (-556 MDH ou -7,5%)

Dans le même sillage, les recettes tirées des droits d’enregistrement et de timbre ont reculé de 2,4 MMDH ou 21,3% pour s’établir à 8,9 MMDH. De même, les recettes des droits de douane ont enregistré une baisse par rapport au niveau de fin août 2019 de 409 MDH ou 6,6% pour revenir à 5,8 MMDH.

Recul des recettes non fiscales

Parallèlement, les recettes non fiscales ont enregistré une baisse de 2,3 MMDH ou 13,9% pour se situer à 14,4 MMDH, et ce, sous l’effet de la non réalisation d’opérations de privatisation à fin août et à la baisse des versements en provenance des établissements et entreprises publics (-0,6 MMDH). A ce niveau, précise la DTFE, les recettes de monopoles et participations ont atteint 6 MMDH contre 5,6 MMDH un an auparavant, en baisse de 0,6 MMDH ou 9,5%. Ces recettes ont été versées principalement par Bank Al-Maghrib (949 MDH contre 711 MDH), l’Agence de la conservation foncière (950 MDH contre 1.250 MDH), Maroc Télécom (911 MDH contre 1.531 MDH) et l’ANRT (250 MDH contre 200 MDH). 

Hausse des dépenses de fonctionnement

Côté dépenses ordinaires, les chiffres de la DTFE évoquent un montant global de 159 MMDH à fin août 2020, en hausse de 8,7 MMDH ou 5,8% par rapport à la même période un an auparavant et dont les dépenses de fonctionnement ont fait ressortir une hausse aussi bien des salaires de 6 MMDH ou 7,2% que des autres biens et services de 2,9 MMDH ou 8,3%.

De même, les dépenses au titre des intérêts de la dette se sont inscrites en hausse de 410 MDH ou 1,9% pour s’élever à 21,8 MMDH, sous l’effet principalement de la progression des charges au titre de la dette extérieure de 233 MDH ou 10,3% et d’une légère hausse 177 MDH ou 0,9% de celles au titre de la dette intérieure.

Pour ce qui est des charges au titre de la compensation, elles se sont repliées de 664 MDH ou 6,4% durant les huit premiers mois de l’année 2020, pour ressortir à 9,6 MMDH. 

En termes d’investissements, la DTFE relève une certaine poursuite du ralentissement du rythme des dépenses dans la mesure où les émissions au titre de ce genre de dépenses d’investissement se sont établies à près de 40 MMDH à fin août 2020, en baisse de 2 MMDH ou 4,7% par rapport au niveau enregistré il y a un an. 

N. BATIJE 

Repères

Comptes spéciaux
Les opérations des comptes spéciaux du Trésor ont dégagé un solde positif de près de 9,4 MMDH contre 4,6 MMDH à fin août 2019, en hausse de 4,8 MMDH. La DTFE explique un tel niveau de solde par la création sous Hautes Instructions Royales du compte d’affectation spéciale intitulé « Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Covid-19 » qui a dégagé un excédent de 9 MMDH, les autres comptes spéciaux du Trésor ayant enregistré globalement un flux positif de 0,4 MMDH contre 4,6 MMDH à fin août 2019.
Liquidité bancaire
Au cours du mois de juillet, le resserrement de la liquidité bancaire continue et le déficit de liquidité s’est creusé de 2,3 MMDH pour atteindre son niveau historique le plus élevé de 102,7 MMDH en moyenne contre 100,4 MMDH un mois auparavant. Selon la DTFE, ce resserrement de trésoreries résulte, principalement, d’une hausse de la circulation fiduciaire de 16,8 MMDH. Ce qui fait que par rapport à fin décembre 2019, le besoin de liquidité bancaire s’est accentué de 38,6 MMDH.
Matériaux de construction
Le secteur des matériaux de construction commence à afficher quelques signes de reprise et de redressement après trois mois d’arrêt quasi-total des chantiers. Ce constat émane de la DTFE qui se réfère à la hausse de 18,6% des ventes de ciment en août. La baisse de ces dernières a été limitée à 15,8% à fin août au lieu de 18,5% à fin juin, recouvrant, d’une part, des replis au niveau des composantes béton prêt à l’emploi (-21,4%), distribution (-14,6%), béton PREFA (-18,3%) et bâtiment (-28,9%) et, d’autre part, une hausse des ventes au niveau du segment de l’infrastructure (+14,4%).