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Conjoncture : Inflation, sécheresse et recul de la croissance... qui paiera le prix de la crise ?


Rédigé par Anass MACHLOUKH Mardi 24 Mai 2022

Face à la hausse continue des dépenses de compensation et des charges de sauvetage des secteurs impactés par la crise, le recours à l’endettement est de plus en plus probable. Reste à savoir s’il sera supérieur au niveau prévu par la Loi des Finances. Éclairage.



Conjoncture :  Inflation, sécheresse et recul de la croissance... qui paiera le prix de la crise ?
Inflation, sécheresse, hausse de la facture énergétique, le Maroc n’a jamais été confronté à autant de crises à la fois. Le fardeau s’alourdit au moment où les perspectives de croissance sont très faibles. Dans les meilleurs des cas, l’économie nationale ne pourrait croître au-delà de 1,1%, à en croire le pari du Fonds Monétaire International (FMI).

Bank-Al Maghrib est beaucoup plus pessimiste, en prévoyant un taux de 0,7%. C’est encore très loin des estimations du gouvernement qui tablait dans la Loi des Finances, avec optimisme, sur une croissance de 3,2%. Face à ces crises successives, le gouvernement fait le choix d’une politique contracyclique, c’est-à-dire une contre-offensive budgétaire en augmentant les dépenses publiques pour inverser la tendance.

Salaires, compensation, plan d’urgence aux secteurs impactés, hausse de l’investissement public (245 MMDH), hausse du SMIG, la facture s’annonce lourde pour entretenir le bouclier du pouvoir d’achat. D’où les craintes d’un éventuel recours à l’endettement extérieur pour boucler la fin d’année si la situation reste telle qu’elle est actuellement, entraînant ainsi une hausse supplémentaire des dépenses.

Le déficit budgétaire devrait augmenter pour atteindre 6,6% du PIB, au moins c’est ce que l’on sait actuellement, ce qui pourrait augmenter le besoin de financement du Trésor. Selon les estimations d’Attijari Global Research (AGR), il est prévu que le besoin de financement augmente de 8% par rapport à 2021.

Pour mieux comprendre la situation, faisons un flashback. Le ministère de l’Economie et des Finances a prévu un besoin de financement moyen du Trésor de 164,4 MMDH en 2022, dont 40 MMDH proviendront de l’endettement extérieur et 65,4 MMDH du marché interne. Cette prévision ne tient plus et semble ainsi caduque, compte tenu des dépenses brusques et urgentes auxquelles a dû faire face le gouvernement, qui, malgré la conjoncture actuelle, a maintenu la cadence des investissements publics tout en augmentant les salaires dans la Fonction publique.

De son côté, l’Agence de notation américaine Fitch Ratings prévoit un creusement du déficit budgétaire d’ici la fin de 2022, cette année où tous les aléas économiques semblent se rejoindre. Elle prévoit, par conséquent, un recours plus conséquent à la dette.

Le recours à plus de dette est-il indispensable ?

Sollicité par nos soins, l’économiste Mohammed Jadri estime qu’on ne peut pas échapper à l’endettement puisque le gouvernement ne compte pas réduire ses dépenses d’investissement. A cet égard, deux solutions se présentent pour compenser une hausse des charges courantes : soit le recours à l’endettement, soit la réduction des dépenses liées à l’investissement.

D’après les prévisions de Fitch, le recul de la croissance ne manquera pas d’entraîner une hausse de la dette publique, sachant que l’endettement de l’Etat devrait augmenter à près de 80%.

De son côté, l’AGR estime qu’une sortie à l’international serait donc nécessaire. Pour cause : les conditions peu attrayantes du marché obligataire national, dont les taux ont augmenté. Raison pour laquelle une sortie à l’international serait plus opportune. Les experts de l’AGR prévoient la levée de 1 milliard de dollars en décembre prochain.

Une dette soutenable ?

Faut-il s’inquiéter pour l’avenir compte tenu des incertitudes qui pèsent sur le Trésor public, confronté de plus en plus à des dépenses imprévues ? Jusqu’à présent, le Maroc est jugé crédible sur les marchés internationaux.

Dans son communiqué du 13 mai, Fitch Ratings a maintenu la note souveraine du Royaume à BB+, avec une perspective stable. L’agence américaine estime que le Royaume dispose d’une composition favorable de la dette, avec une part modérée de devises étrangères dans la dette de l’Etat (Trésor, administrations et établissements publics). Le stock de devises demeure, quant à lui, confortable, avec 333,4 milliards de dirhams (MMDH) de réserves accumulées à fin février 2022. Un niveau jugé historique.

Compensation : on a d’ores et déjà grignoté le budget

Depuis le début de l’année, l’économie nationale se trouve prise dans une spirale inflationniste sans précédent. Ceci a poussé l’Etat à user de la majorité des ressources de la Caisse de Compensation. En trois mois seulement, le gouvernement a d’ores et déjà déboursé 10 MDH pour financer la hausse des prix des matières premières, à savoir le blé, le sucre et le gaz, en plus de l’aide financière accordée aux professionnels du transport.

En dépensant de la sorte, l’Exécutif a déboursé près de 60% du budget alloué à la compensation au titre de l’année budgétaire 2022. Rappelons que la Loi des Finances a alloué 17 MDH.

Le gouvernement, rappelons-le, a dû faire face à une montée vertigineuse des prix du blé tendre, dont le prix sur le marché international a culminé à 430 euros. Jusqu’à fin avril, le gouvernement a dû débloquer 3 MMDH pour préserver le prix de la farine et du pain à leur niveau actuel. Concernant le gaz, il va falloir débourser 10 MMDH supplémentaires, selon le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lakjaâ.



Anass MACHLOUKH









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