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Confinement VS Internet: sommes-nous au bord de la rupture ?

Confinement et Internet


Rédigé par ​Younes HAFFANE Jeudi 26 Mars 2020

Les mesures de confinement favorisent une migration vers les canaux numériques. Les réseaux internet sont plus sollicités que jamais. Tiendront-t-ils ?



Confinement  VS Internet: sommes-nous au bord de la rupture ?
Le Monde traverse une période délicate de son histoire moderne. La pandémie de Codiv19 a imposé aux gouvernements et aux autorités sanitaires une véritable course contre la montre pour préserver les vies et contenir la propagation du fléau. Le Maroc a pour sa part décrété l’état d’urgence sanitaire et a interdit aux personnes de quitter leurs domiciles sauf pour les cas de nécessité absolue. Ce confinement a imposé des changements majeurs dans la vie des citoyens, dans leur façon de travailler, de s’éduquer, de communiquer et de se divertir.

À défaut de pouvoir se déplacer et interagir physiquement avec notre environnement, notre société vit une migration massive vers les canaux numériques, avec tout ce que cela peut engendrer de charge supplémentaire sur la bande passante, sur la vitesse de connexion et la qualité des contenus multimédia.

Le télétravail et l’éducation

L’état d’urgence sanitaire et le confinement n’étant pas synonymes d’un arrêt de la vie économique et commerciale, les entreprises se sont mises au télétravail avec, comme impacts directs, la nécessité de se connecter depuis son réseau particulier et l’utilisation massive des outils de vidé-oconférence pour les réunions multipartites. L’action de Zoom par exemple, un éditeur de solutions de vidéoconférence, est passée de 68 dollars en début janvier à 135 dollars le 24 mars. L’enseignement à distance s’est imposé pour sa part comme la solution de facto face à la fermeture des écoles et des universités, pour assurer la continuité des cours quand c’est possible. Dans le cas des cours assurés en ligne, cela suppose une connexion supplémentaire par étudiant (ou fratrie) dans les zones de couverture et un dispositif de streaming en ligne ou de mise à disposition du contenu éducatif sur une plateforme en ligne.

Réseaux sociaux et divertissement

La psychose régnante encourageant le scroll, le click, et surtout le partage, il n’est pas anodin ces temps-ci de recevoir le même contenu (surtout les vidéos) plusieurs fois de sources différentes. Il est normal donc que le volume du trafic sur les réseaux sociaux augmente perceptiblement en ces moments, malheureusement pollués par l’invasion des fakes news. En cette période de confinement, tous les moyens « in-house » sont bons pour passer le temps, de la télé connectée au mobile en passant par les consoles de jeu.

Les services de vidéo streaming en ligne sont pris d’assaut par les internautes provoquant une congestion importante au niveau des serveurs et du réseau. Si les sociétés de streaming peuvent facilement adapter leur infrastructure pour supporter le flux croissant des spectateurs, le parallèle n’est pas évident du côté des opérateurs du réseau. D’ailleurs à côté, en Europe, Thierry Breton, le commissaire européen pour le marché intérieur, a lancé un appel aux plateformes de streaming pour réduire la résolution des vidéos destinées au marché européen. Facebook, Netflix, You-Tube et Amazon ont déjà répondu favorablement à la demande.

Les bonnes pratiques

Il est donc pratiquement acquis que nous nous dirigeons vers des records d’utilisation d’internet, et il est légitime de se demander si notre réseau national est bien dimensionné pour absorber cette migration digitale massive. Car nous ne pouvons pas courir le risque de planter nos plateformes d’enseignement à distance ou nos moyens de télétravail par ces temps de crise.

Les consommateurs sont responsables de la préservation de la ressource numérique en adoptant un mode d’utilisation raisonné (réduire la résolution des vidéos en ligne, privilégier le partage de liens à celui des contenus, privilégier les conférences audio quand la vidéo n’est pas absolument nécessaire, remplacer les « refresh » automatiques dans certaines applications par des « refresh » manuels, désactiver le réseau quand le téléphone n’est pas utilisé …).

Quant aux opérateurs, nous attendons qu’ils communiquent avec le citoyen sur les risques que nous encourons en cette période, sur les bonnes pratiques à adopter et, surtout, de répondre tout simplement à la question : Est-ce que le réseau tiendra ?

Younes HAFFANE
Membre de l’AEI