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Chômage au Maroc : Cet éternel fiasco des politiques publiques


Rédigé par Hiba CHAKER Mardi 27 Juillet 2021

Le drame du chômage, qui frappe le Maroc depuis des années, continue de s’aggraver pour prendre une tournure encore plus dramatique en ces temps de crise pandémique.



Dans une note relative à la situation du marché du travail, le Haut-commissariat au plan (HCP) révèle que le taux de chômage a augmenté de 2 points entre les premiers trimestres de 2020 et de 2021. Ce constat inquiétant n’est pas relatif seulement à la crise sanitaire mais également à la concurrence féroce des pays d’Asie et d’Afrique subsaharienne, au remplacement des travailleurs par des machines, le contrôle de la production marocaine par les chaînes d’approvisionnement mondiales et finalement par l’instabilité du marché mondial.

Comment alors peut-on accélérer la croissance et la création d’emplois dans un monde en évolution rapide et intégré? C’est une question délicate à laquelle il est difficile de répondre sommairement. Néanmoins, les économistes Vandana Chandra, Emmanuel Pinto-Moreira et Mahmoud Arbouch ont présenté dans leur nouvel ouvrage « AcceleratingGrowth and Job Creation in a RapidlyChanging and Integrated World », publié au mois de juillet par le Policy Center For The New South plusieurs éléments qui nous permettent d’esquisser une réponse.

Chômage persistant

Nul ne peut nier qu’au cours du dernier demi-siècle, l’économie marocaine a bénéficié de la stabilité politique et des abondantes ressources naturelles et humaines du pays. Le revenu national brut (RNB) par habitant a augmenté d’environ 5% par an ainsi que l’espérance de vie face à une diminution considérable de la pauvreté. Toutefois, cette croissance de l’économie marocaine n’a cessé de ralentir depuis 2010 et reste toujours inférieure à la croissance moyenne annuelle de 6,5 pour cent des pays à revenu intermédiaire au cours de la même période.

Par ailleurs, le taux de chômage au Maroc est resté obstinément élevé, environ 10% ces dernières années. Le chômage des jeunes dépasse 20% et le taux de chômage des diplômés est de 15%. Les taux de chômage officiels ne reflètent pas la tendance la plus inquiétante liée à la baisse de la participation au marché du travail, en particulier chez les femmes.

Au Maroc, deux chômeurs sur trois sont des jeunes âgés de 15 à 24 ans (peu ou pas scolarisés) et un sur quatre est diplômé de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, quatre chômeurs sur cinq sont des citadins, un chômeur sur deux est un primo-demandeur d’emploi et près de deux chômeurs sur trois sont au chômage depuis plus d’un an. Ces statistiques montrent que le chômage au Maroc est largement structurel.

Un modèle de croissance obsolète

La demande intérieure a été la principale source de croissance du Maroc au cours des deux ou trois dernières décennies, associée à des augmentations des salaires réelles et à une augmentation des investissements publics. Ce modèle de croissance n’est plus approprié car le Maroc a pris du retard par rapport aux autres pays à revenu intermédiaire (MICS).

Les indicateurs comprennent un ralentissement de la croissance économique moyenne : faible création d’emplois et chômage persistant ; une qualité de travail insuffisante et une inadéquation croissante des compétences ; et la perte de compétitivité. Cela a conduit à une baisse de l’importance relative du secteur industriel et de sa capacité à créer des emplois ; adaptation insuffisante des secteurs productifs ; un environnement des affaires qui, malgré des progrès significatifs, continue de peser sur l’activité privée ; et une réduction séculaire de la participation des femmes au marché du travail.

Plus important encore, le taux de croissance annuel moyen de l’économie, bien que respectable, est tout simplement trop faible pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, réduire le chômage et permettre au pays de passer à un statut de revenu élevé. En outre, bon nombre des facteurs qui entravent l’augmentation des opportunités d’emploi – tels que l’inadéquation des compétences et la faible productivité du travail – entravent également la croissance économique à grande échelle.

L’urgence d’agir

L’étude du Policy Center For The New South annonce que le Maroc a souffert d’une sortie prématurée de l’industrie manufacturière à forte intensité de main-d’oeuvre. Cette industrie permettait d’absorber une grande partie de la main-d’oeuvre non qualifiée avant que les secteurs avancés puissent générer suffisamment d’emplois pour que les travailleurs qualifiés soient pleinement employés. Par conséquent, le Maroc doit repenser ses politiques à court et moyen termes pour traiter explicitement de deux fronts différents.

D’une part, le pays devrait adopter des politiques qui renforcent les activités manufacturières à forte intensité de main-d’oeuvre pour absorber la main-d’oeuvre croissante au chômage, en particulier les jeunes.

Les politiques de ce groupe devraient viser à ouvrir l’économie par le commerce, notamment en poursuivant les réformes du régime de change, en encourageant et en facilitant l’IED dans des sous-secteurs spécifiques. Ils devraient également inclure des politiques non conventionnelles, telles que des clusters, des parcs industriels plug-and-play et des politiques visant à réduire ou à éliminer les contraintes dans ces sous-secteurs. Les politiques qui élargissent les marchés d’exportation doivent également être envisagées, et l’objectif global est d’augmenter la production de l’industrie légère pour générer les emplois nécessaires.

Parallèlement, le Maroc doit mettre en oeuvre des politiques pour augmenter le contenu en valeur ajoutée de la production nationale et promouvoir les innovations pour se préparer à rejoindre le groupe des pays à revenu intermédiaire supérieur.

En particulier, le Maroc a besoin de moderniser ses exportations tant dans les produits traditionnels que dans les trois pôles dynamiques : les machines électroniques et électriques, les produits automobiles et les secteurs aérospatial. Si les effets de ces politiques ne peuvent se faire sentir qu’à plus long terme, elles doivent être mises en oeuvre immédiatement en raison de leur long délai de gestation.

Les politiques de ce groupe incluent celles qui intègrent les PME et le secteur informel dans les chaînes de valeur, les mesures pour adopter, adapter et diffuser la technologie au niveau de l’entreprise, et les mesures qui traitent de l’éducation et de la formation et avec des accords commerciaux préférentiels profonds.
 
Hiba CHAKER

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Chômage au Maroc : Cet éternel fiasco des politiques publiques


Parti de l’Istiqlal

Les jeunes marocains sont hantés par les affres du chômage
 
C’est lors de la session générale hebdomadaire de la Chambre des représentants tenue le 12 juillet, que le parlementaire Omar Abassi du Groupe Istiqlalien de l’Unité et de l’Egalitarisme a exprimé l’inquiétude des citoyens quant à la gestion chaotique du gouvernement du chômage.

Le parlementaire a adressé une question orale au ministre du Travail, par lequel il a demandé à connaître les mesures prises pour faire face au taux de chômage élevés.

En réponse, le ministre Amekraz a annoncé que le Plan National pour la Promotion de l’Emploi représente un document distingué qui couvre la période 2017-2025 devant probablement être prolongé jusqu’en 2030. Le plan a permis de créer 72100 postes dont 50800 dans le secteur privé entre 2017 et 2020.

Dans sa réaction, le député Istiqlalien a réaffirmé la prédisposition de son groupe parlementaire à encourager toute mesure gouvernementale. Toutefois nul ne peut nier que le chômage reste un phénomène inquiétant pour la jeunesse marocaine qui est sorti il ya dix ans pour revendiquer la démocratie, la dignité et la justice sociale.

Ainsi, « tous les efforts fournis par le gouvernement restent loin des attentes des jeunes et surtout des diplômés. On ne pourrait pas parler de la dignité des jeunes marocains alors qu’ils sont hantés par les affres du chômage ».

Le député a considéré que seules les grandes villes bénéficient des rares opportunités d’emploi créées, ce qui aggrave la crise des jeunes dans les petites villes et dans le monde rural, en particulier avec la situation imposée par la pandémie Covid-19.