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Casablanca, la Renaissance d’Un Port au Cœur des Ambitions Maritimes du Maroc


Rédigé par Saïd Temsamani, analyste politique le Vendredi 19 Septembre 2025

Les ports ne sont jamais de simples infrastructures. Ils sont des nœuds de puissance, des lieux où se nouent commerce, diplomatie et souveraineté. En inaugurant et en visitant, jeudi, les nouveaux chantiers du complexe portuaire de Casablanca, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a confirmé cette intuition stratégique : la mer est, pour le Maroc, une frontière d’avenir et une matrice de puissance.



Saïd Temsamani, analyste politique
Saïd Temsamani, analyste politique
Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a rappelé que cette restructuration repose sur trois piliers : la pêche artisanale et côtière, la construction et la réparation navale, et enfin le terminal de croisières. Trois axes complémentaires qui, ensemble, dessinent une stratégie nationale de la mer. Mais pour en saisir toute la portée, il faut replacer Casablanca dans un échiquier plus large.

Un port qui complète Tanger Med, sans le concurrencer. Si Tanger Med s’est imposé comme la locomotive logistique et industrielle du Maroc, adossée aux chaînes mondiales de valeur et au commerce euro-méditerranéen, Casablanca joue une autre carte : celle de la diversification. Ici, on ne cherche pas à battre des records de conteneurs, mais à consolider trois atouts structurants : nourrir la population grâce à la pêche, garantir l’indépendance maritime par la construction navale, et projeter une image de modernité grâce au tourisme de croisière. Autrement dit, Casablanca n’imite pas Tanger Med, il le complète en incarnant un autre visage du Maroc maritime.

Face aux ports africains émergents, une stratégie d’avance. Dans un contexte où Lagos, Abidjan ou Dakar investissent massivement pour capter les flux maritimes, Casablanca affiche une vision qui ne repose pas seulement sur la compétitivité économique, mais aussi sur la souveraineté. En misant sur la flotte nationale et en intégrant la pêche artisanale dans un projet moderne, le Maroc se distingue : il construit une économie bleue inclusive, ancrée dans son tissu social, et pas seulement un hub tourné vers les multinationales.

Une carte maîtresse dans la relation euro-africaine. Avec un terminal de croisières capable d’accueillir 450.000 passagers par an, Casablanca aspire à devenir une escale incontournable entre l’Europe et l’Afrique. À l’heure où l’Union européenne cherche de nouveaux points d’ancrage au sud, et où les géants du tourisme redessinent leurs routes maritimes, ce projet offre au Maroc une visibilité nouvelle. Casablanca peut ainsi incarner le rôle de “porte d’Afrique” : un lieu où les flux touristiques, commerciaux et culturels se croisent et s’hybrident.

Un geste de souveraineté et de projection. Derrière la technique, c’est une vision de puissance qui se dessine. Moderniser le complexe portuaire de Casablanca, c’est dire au monde que le Maroc n’est pas seulement une plateforme pour les flux mondiaux, mais un acteur maritime à part entière. Un pays qui investit dans sa flotte, qui valorise ses pêcheurs et qui mise sur la mer comme horizon de développement durable.

En somme, Casablanca ne cherche pas à rivaliser avec Tanger Med, ni à copier les ports émergents d’Afrique de l’Ouest. Elle veut écrire sa propre partition dans la grande symphonie maritime mondiale : celle d’un port qui conjugue héritage, souveraineté et ouverture, et qui incarne, au cœur de l’Atlantique, l’ambition d’un Maroc maître de ses eaux et acteur de son destin.
 



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