Dans l’univers de la cancel culture, la magie de Harry Potter n’est d’aucun recours pour J. K. Rowling, l’auteur adulée qui se voit clouée au pilori et ses livres brûlés pour, est-il argué, ses positions considérées comme transphobes. Consolation pour J.K. Rowling : sa mise à l’index sur les réseaux sociaux ne semble pas avoir d’effet sur les ventes en librairie !
Les tribunaux médiatiques qui se multiplient à l’infini avec internet ne chôment pas et les condamnations sont prononcées sans discontinuer. La finalité de ces jugements émis sont de faire taire, sinon tout simplement de faire disparaître sans même permettre au sujet jugé (entreprise, homme politique, écrivain, artiste, etc.) la possibilité de se faire entendre par ses juges, sans visages, derrière l’anonymat des claviers et, souvent, des pseudonymes. Sans procédures connues ni règles établies, la cancel culture frappe à l’aveuglette et bien malin qui pourrait prévoir les prochaines cibles. Souvent, la réaction est instantanée et va même plus vite que la personne concernée. Ainsi en fut-il de l’affaire Justine Sacco. Suivie par 170 abonnés - qui sont autant de bombes à fragmentation ! - son tweet « Départ pour l’Afrique. Espère ne pas choper le sida. Je déconne. Je suis blanche ! » qu’elle avait commis avant de prendre l’avion, a valu à Justine Sacco le refus, à son arrivée en Afrique du Sud, des employés de l’hôtel où elle devait séjourner, de la voir prendre possession de la clé de sa chambre… Mieux encore, sa famille la dénonce et son employeur la congédie sans aucune autre forme de procès et Donald Trump se retrouve dans la liste de ses pourfendeurs.
De la haine au châtiment médiatique
La haine médiatique, son racisme même se construit sur le supposé paradigme de l’antiracisme et de l’excommunication. Cette culture de l’annulation, en traduction littérale, ne compte plus ses victimes parmi lesquelles Gary Garrels, conservateur du musée d’Art moderne de San Francisco, qui devait démissionner au prétexte qu’il avait déclaré que le musée allait faire des efforts afin d’acquérir une quantité plus importante d’œuvres d’artistes noirs ou latinos… avec cette précision que les Blancs ne seront pas discriminés. Le châtiment médiatique prit une telle ampleur que le recours était sa mise à mort professionnelle. Le peloton d’exécution n’a pas tiré une seule balle. Il ne fut pas traîné dans la chambre à gaz ou placé sur la chaise électrique : sa démission équivaut à un suicide que personne sur les réseaux sociaux ou dans les médias ne viendra contrarier.
La mort sociale et culturelle
Le glissement de la simple dénonciation à la mise à mort est ainsi décrit par Laure Murat, historienne à l’université de Californie à Los Angeles, « sur le principe, il s’agit ni plus ni moins de lancer des alertes et de boycotter, ce qui est un droit politique. Telle société utilise des slogans racistes ? Annulons-la ! Telle personnalité a eu des propos homophobes ? Annulons-la ! Ce raccourci signifie : soyez responsable de ce que vous faites et assumez ce que vous dites ou nous vous retirons notre soutien, ce qui est notre seul pouvoir. Avec des méthodes radicales, souvent contestables, comme le cyberharcèlement ou le tribunal médiatique. », poussant à des morts sociales et culturelles programmé.
Une tribune contre la Cancel Culture dans Harper’s Magazine, signée par 150 écrivains et intellectuels, dont Noam Chomsky, Margaret Atwood, Salman Rushdie, J. K. Rowling pour dénoncer « une intolérance à l’égard des opinions divergentes, un goût pour l’humiliation publique et l’ostracisme » a poussé les réseaux sociaux à des réactions, précisément, dénoncées par les signataires de la tribune qui appelait à « accorder aux gens le bénéfice du doute, débattre de bonne foi, et surtout ne pas priver des personnes de leur travail parce qu’on n’est pas d’accord avec elles », pour reprendre les termes de Thomas Chatterton Williams, à l’origine de cette initiative.
La Cancel Culture ou Culture de l’annulation ne vise pas que les vivants : la destruction des statues vise à faire disparaître jusqu’au souvenir de ce qui a existé !
Un regard sur les déclarations des personnes « cancellées » semble montrer une sorte de retour en force du « politiquement correct », une sorte de mutation rendue possible et amplifiée par les réseaux sociaux.
Les tribunaux médiatiques qui se multiplient à l’infini avec internet ne chôment pas et les condamnations sont prononcées sans discontinuer. La finalité de ces jugements émis sont de faire taire, sinon tout simplement de faire disparaître sans même permettre au sujet jugé (entreprise, homme politique, écrivain, artiste, etc.) la possibilité de se faire entendre par ses juges, sans visages, derrière l’anonymat des claviers et, souvent, des pseudonymes. Sans procédures connues ni règles établies, la cancel culture frappe à l’aveuglette et bien malin qui pourrait prévoir les prochaines cibles. Souvent, la réaction est instantanée et va même plus vite que la personne concernée. Ainsi en fut-il de l’affaire Justine Sacco. Suivie par 170 abonnés - qui sont autant de bombes à fragmentation ! - son tweet « Départ pour l’Afrique. Espère ne pas choper le sida. Je déconne. Je suis blanche ! » qu’elle avait commis avant de prendre l’avion, a valu à Justine Sacco le refus, à son arrivée en Afrique du Sud, des employés de l’hôtel où elle devait séjourner, de la voir prendre possession de la clé de sa chambre… Mieux encore, sa famille la dénonce et son employeur la congédie sans aucune autre forme de procès et Donald Trump se retrouve dans la liste de ses pourfendeurs.
De la haine au châtiment médiatique
La haine médiatique, son racisme même se construit sur le supposé paradigme de l’antiracisme et de l’excommunication. Cette culture de l’annulation, en traduction littérale, ne compte plus ses victimes parmi lesquelles Gary Garrels, conservateur du musée d’Art moderne de San Francisco, qui devait démissionner au prétexte qu’il avait déclaré que le musée allait faire des efforts afin d’acquérir une quantité plus importante d’œuvres d’artistes noirs ou latinos… avec cette précision que les Blancs ne seront pas discriminés. Le châtiment médiatique prit une telle ampleur que le recours était sa mise à mort professionnelle. Le peloton d’exécution n’a pas tiré une seule balle. Il ne fut pas traîné dans la chambre à gaz ou placé sur la chaise électrique : sa démission équivaut à un suicide que personne sur les réseaux sociaux ou dans les médias ne viendra contrarier.
La mort sociale et culturelle
Le glissement de la simple dénonciation à la mise à mort est ainsi décrit par Laure Murat, historienne à l’université de Californie à Los Angeles, « sur le principe, il s’agit ni plus ni moins de lancer des alertes et de boycotter, ce qui est un droit politique. Telle société utilise des slogans racistes ? Annulons-la ! Telle personnalité a eu des propos homophobes ? Annulons-la ! Ce raccourci signifie : soyez responsable de ce que vous faites et assumez ce que vous dites ou nous vous retirons notre soutien, ce qui est notre seul pouvoir. Avec des méthodes radicales, souvent contestables, comme le cyberharcèlement ou le tribunal médiatique. », poussant à des morts sociales et culturelles programmé.
Une tribune contre la Cancel Culture dans Harper’s Magazine, signée par 150 écrivains et intellectuels, dont Noam Chomsky, Margaret Atwood, Salman Rushdie, J. K. Rowling pour dénoncer « une intolérance à l’égard des opinions divergentes, un goût pour l’humiliation publique et l’ostracisme » a poussé les réseaux sociaux à des réactions, précisément, dénoncées par les signataires de la tribune qui appelait à « accorder aux gens le bénéfice du doute, débattre de bonne foi, et surtout ne pas priver des personnes de leur travail parce qu’on n’est pas d’accord avec elles », pour reprendre les termes de Thomas Chatterton Williams, à l’origine de cette initiative.
La Cancel Culture ou Culture de l’annulation ne vise pas que les vivants : la destruction des statues vise à faire disparaître jusqu’au souvenir de ce qui a existé !
Un regard sur les déclarations des personnes « cancellées » semble montrer une sorte de retour en force du « politiquement correct », une sorte de mutation rendue possible et amplifiée par les réseaux sociaux.
Abdallah BENSMAIN