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Bruits de bottes, bruits de flottes et odeurs de Gaz


Rédigé par Samir BELAHSEN le Jeudi 3 Septembre 2020



Dr Samir BELAHSEN
Dr Samir BELAHSEN
« J’ai décidé de renforcer temporairement la présence militaire française en Méditerranée orientale dans les prochains jours, en coopération avec les partenaires européens dont la Grèce», nous tweete Emanuel Macron.

La république Française soutient sans trop le dire le général Haftar en Lybie en méconnaissance du droit international, s’embrouille au Mali puis envoie des troupes et du matériel en méditerranée pour soutenir la Grèce en exhibant ses muscles.

L’impérialisme est le stade suprême du capitalisme écrivait Lénine au printemps 1916. Il s’inspirait de John Atkinson Hobson et de Rudolf Hilferding sur l'impérialisme. C’était dans le contexte de la Première Guerre mondiale.

L’envoi par Ankara du navire Oruç Reis, d’exploration pétrolière lourdement escorté par des bâtiments militaires, la Grèce avait dû réagir elle avait mis ses forces navales en état d’alerte. C’est le moment pour les Rafale français pour participer à un exercice juste à proximité. L’Oruç Reis effectue ses explorations dans des eaux apparemment riches en hydrocarbures.

Ces eaux qui sentent le gaz attisent les convoitises de tous les pays voisins. La Grèce, la Turquie en tête, mais aussi Israël, l’Egypte de Sissi ; et Chypre. Mais Total participe aux forages. Bruits de bottes, bruits de flottes et odeurs de Gaz. Il faut signaler que la Libye et la Turquie ont signé un accord de délimitation de leurs zones maritimes et zones économiques exclusives, provoquant la colère des Grecs. Encouragées par Merkel les parties ont entamé des négociations. Pendant ces négociations, la Grèce et l’Egypte ont signé le leur, déclenchant la colère des Turcs qui disent avoir perdu confiance.

Maintenant que tout le monde est en colère, l’enjeu étant énormissime, on montre les muscles, on finalise les alliances, des contrats de forage et d’exploitation seraient en jeu on parle d’appétits Français, Russes, Italiens et même Malaisiens.

Entre la Grèce et la Turquie il y a deux grandes sources de complications : L’histoire et la géographie.
Historiquement, on constate une alternance de périodes d’hostilité mutuelle parfois chaudes et de réconciliation souvent froide.

 Sans revenir trop loin, la Grèce a gagné son indépendance il y a deux siècles vis-à-vis de l’Empire Ottoman (1821), l’empire Ottoman (l’homme malade de l’Europe) était très affaibli ce qui a permis aux puissances Européennes d’intriguer. Depuis les deux pays se sont trouvés à quatre reprises en état de guerre : 
  • Guerre gréco-turque de 1897
  • Guerres balkaniques de 1912 à 1913
  • Première Guerre mondiale de 1915 à 1918 et
  • Guerre gréco-turque de 1919 à 1922.
Depuis 1952, ils sont formellement alliés au sein de l’OTAN.
Géographiquement, les cartes façonnées par les guerres plutôt par les vrais gagnants n’arrangent rien. Par exemple : des ilôts inhabités sont considérées comme Grecques alors qu’elles sont à quelques Kilomètres des côtes Turques. 

C’est dire que si l’exploration gazière est considérée comme la cause directe de la tension actuelle, la racine du conflit est bien plus complexe. C’est donc un vieux conflit qui est relancé dans un contexte complètement nouveau.

Cette rivalité géostratégique pousse la Turquie à s’affirmer davantage dans la région dans un contexte marqué par le déclin de l’intérêt stratégique de l’administration Trump. Le président Français est lui-même très intéressé par ce déclin, il bouge en Lybie, au Liban et en soutien aux grecs.
Quant aux allemands, ils ont choisi le meilleur angle pour observer, celui du médiateur entre la Grèce et la Turquie. 

Les tensions diplomatiques dans cette région sont croissantes et pourraient éclater sans avertissement.
Cette région a un besoin urgent de gestion de crise, nous ne pensons pas qu’elle pourrait attendre la fin des élections Américaines. 

Merkel doit assurer l’intérim…


Dr Samir Belahsen