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Banques participatives : Enfin la vitesse de croisière !


Rédigé par Abdellah MOUTAWAKIL Dimanche 11 Décembre 2022

Les banques participatives connaissent une évolution plutôt positive malgré les lenteurs observées dans l’atteinte de certains des objectifs fixés. Parmi eux, représenter 5% du volume national du financement. Ces banques doivent d’abord régler la problématique des fonds propres pour ensuite réussir dans le segment Corporate.



Lentement mais sûrement ! C’est ainsi que progresse l’expérience des banques participatives au Maroc, quelques années après leur lancement. Si on est encore loin de l’objectif de 5% du volume national du financement, la finance participative réalise des avancées encourageantes. Selon la dernière livraison de Bank Al-Maghrib (BAM), les financements accordés par les banques participatives ont augmenté, en glissement annuel, de 23,8% à environ 22,92 MMDH à fin octobre dernier. Ces financements, note la Banque centrale, concernent notamment l’immobilier à hauteur de 18,93 MMDH, la consommation (1,2 MMDH), l’équipement (2,47 MMDH) et la trésorerie (131 MDH). De quoi rassurer les observateurs de la finance participative dans le Royaume.

« Le secteur de la banque participative a fait une excellente évolution en 2021 et au troisième trimestre 2022. L’encours des engagements a connu une évolution spectaculaire, dans l’immobilier notamment », constate l’économiste et docteur en finance Mostafa El Jaï.

Pour Abderrahmane Lahlou, président de l’Académie de la Finance Participative, « ce nouveau mode de financement répond aux attentes d’une frange de la population qui observe les règles de la Charia en matière de transactions financières ».

Sociétés de financement

Cela dit, les freins à l’accélération de la finance participative sont encore bien visibles. A commencer par la fameuse problématique de fonds propres et de Soukouk. « Il faut d’abord améliorer l’attractivité de dépôts dans les banques participatives. Comme vous le constatez, les dépôts augmentent à peu près au même rythme que les financements, soit près de 23% en taux annuel glissant, mais ils ont pris un retard important par rapport aux financements dès le départ », rappelle l’expert financier Abderrahmane Lahlou.

Par conséquent, nous sommes à seulement 8,5 MMDH en octobre 2022. « Cela est dû au fait que les clients des banques participatives les perçoivent encore plus comme des sociétés de financement que comme des banques à part entière où ils déposent leur argent et bénéficient de tous les services bancaires », poursuit- il, dans un contexte où les banques participatives offrent aujourd’hui la quasi-totalité des produits offerts par les banques conventionnelles.

Ce manque de ressources sans coût est pénalisant pour les banques participatives, car elles sont obligées de recourir à des refinancements coûteux, comme la « WakalaBilIstithmar » auprès de leurs maisons mères, et à des dépôts de soutien de la part de ces maisons mères.

PME et Corporate

Par ailleurs, le grand engouement des particuliers pour les financements Halal doit être couplé d’un plus fort recours des PME aux financements conformes à la Charia. « A ce propos, une ou deux banques se lancent actuellement vers les entreprises et les PME », informe Mostafa El Jaï. C’est là une opportunité de second souffle attendue pour l’ensemble du secteur pour mieux accélérer son développement, et diversifier son offre au-delà des particuliers, notamment les transactions immobilières. « Certaines des banques participatives se sont engagées avec force dans le créneau Corporate, et il faut que cela se développe grâce à l’amélioration des offres de services bancaires aux entreprises et à une meilleure appétence au risque de la part des banques », note Abderrahmane Lahlou.

Capital investissement

Une fois la panoplie des produits de dette mieux développée, à savoir la « Mourabaha », l’« Istisnaa », le « Salam » et l’ « Ijara » (Forme de leasing conforme à la Charia), une seconde étape sera possible, et elle correspond aux produits de participation, que sont la « Moudaraba » (financement d’opérations commerciales ou industrielles en partage des profits et des pertes éventuelles) et la « Moucharaka » (prise de participation au capital d’entreprises). « Ces modes de financement nécessitent une mentalité plus proche de celle du capital investissement de la part des banques. Et elle nécessite un mode de sécurisation des engagements adapté », insiste Abderrahmane Lahlou.



Abdellah MOUTAWAKIL

Repères

Banques participatives : refinancement à 8,15 MMDH
Selon Bank Al-Maghrib, les engagements des banques participatives se sont élevés à près de 8,15 MMDH auprès des banques, et ce, sous forme principalement de refinancement à travers le produit de « WakalaBilIstithmar », et de dépôts à vue reçus des banques mères, fait savoir la même source. Les comptes chèques et comptes courants ont, quant à eux, grimpé de 22,9% à plus de 6,17 MMDH, alors que les dépôts d’investissement se sont situés à près de 2,28 MMDH.
 
Dar Al Amane : 14% en termes de volume de financements
La filiale de la Société Générale, qui vient d’éteindre ses 5 premières bougies, revendique une évolution positive de ses activités. Au bout de 5 années d’activité, Dar Al Amane se positionne en tant qu’acteur majeur de la finance participative au Maroc, occupant la troisième place et revendiquant une part de marché de 14% en termes de volume de financements. « Ces réalisations très honorables sont principalement le résultat (…) de la pertinence de sa stratégie ainsi que de l’agilité de son modèle », se félicite son directeur général.

L'info...Graphie

Banques participatives : Enfin la vitesse de croisière !

Inclusion financière


Les acteurs confiants
 
« La particularité des banques participatives a permis à des dizaines de milliers de Marocains de se bancariser en bénéficiant d’offres et de services en conformité avec les préceptes de la finance participative », note le directeur de la filiale participative de Société Générale Maroc, Abderrazzak Hassouni. Selon lui, il ya « nécessité de développer aussi bien les offres que le réseau d’agences afin d’être au plus près des clients potentiels dont des milliers ont exprimé une appétence avérée pour ce type de services bancaires ».

A l’instar des autres acteurs du secteur de la finance participative, il estime que « le potentiel de croissance du marché est prometteur, notamment à l’aune de l’évolution de l’écosystème participatif ». Il cite notamment les garanties des financements par la fenêtre participative de la CCG, la création des compagnies Takaful et le lancement de Takaful assurance, avec en parallèle un développement continu en termes de produits : Mourabaha, Salam, Wakala- BilIstithmar, Istisnaa, Kafala, dépôts d’investissement...
 

Assurance

Banques participatives : Enfin la vitesse de croisière !

Le Takaful fait son bonhomme de chemin !
 
L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) a autorisé 4 opérateurs takaful et une fenêtre re-takaful. Cela, depuis l’entrée en vigueur du cadre légal de l’assurance takaful en juillet dernier. Pour le volet distribution, ce sont 7 banques participatives et 12 courtiers d’assurances sur les 473 que compte le marché.

L’assurance Takaful contribuera, par la même occasion, à la promotion des produits des banques participatives, via l’assurance Takaful décès/invalidité pour la finance participative, et via l’assurance multirisque bâtiment pour la finance participative. Pour le moment, les banques participatives se limitent à couvrir le stock des financements participatifs liés à la « Mourabaha immobilier » déjà contractés. Elles ont élaboré plusieurs campagnes de sensibilisation et de vulgarisation, pour faire adhérer les clients.

L’assurance Takaful cadre parfaitement avec la mise en oeuvre de la Stratégie Nationale de l’Inclusion Financière (SNIF) avec la mise en place, cette année, d’un cadre réglementaire spécifique à la micro-assurance avec l’élargissement des canaux de distribution aux établissements de paiement. Il est à noter que depuis son entrée en vigueur, plusieurs produits peuvent être commercialisés depuis, dont la vie et décès, l’investissement Takaful, ainsi que les opérations d’assurances contre les risques d’accidents corporels, contre l’incendie et éléments naturels, contre le bris de glace et contre les dégâts des eaux.

3 questions à Abderrahmane Lahlou


« L’évolution des banques participatives est très encourageante »
 
Pour l’expert en finance participative Abderrahmane Lahlou, les banques participatives répondent aux attentes d’une frange de la population. Toutefois, le président de l’Académie de la Finance Participative appelle à diversifier les modes de financement pour que la part de marché des banques participatives puisse se rapprocher de l’objectif.


- Quel regard portez-vous sur l’évolution des banques participatives depuis leur lancement ?


- L’évolution des banques participatives est très encourageante depuis leur création. Les taux de progression des financements étaient même de 50% les années précédentes. Aujourd’hui, avec 24% de taux de croissance glissant des financements, cela dénote que ce nouveau mode de financement répond aux attentes d’une frange de la population qui observe les règles de la Charia en matière de transactions financières.


- Pensez-vous qu’elles sont toujours en phase avec les objectifs initiaux qui leur avaient été fixés ?

- Les objectifs initiaux de 5% du volume national du financement ne sont pas encore atteints, car il y a eu quelques retards de mise en oeuvre des produits conformes à la Charia. Aujourd’hui, seule la « Mourabaha » est opérationnellement disponible et les autres formes de financement par dette en sont à leur début, notamment le « Salam », qui est une forme d’avance sur marchandises par achat et revente. Il y a également l’ « Istisnaa », qui est un financement d’opérations de construction d’actifs à revendre au bénéficiaire, mais dont les textes qui ont été publiés requièrent encore des ajustements juridiques pour que ce mode de financement devienne opérationnel.


- Comment renforcer les parts de marché des banques participatives ?

- Avec seulement « Mourabaha », la progression des financements est très bonne, mais il faut diversifier les cibles de financement par « Mourabaha » et diversifier les modes de financement pour que la part de marché des banques participatives puisse se rapprocher de l’objectif. Nous sommes encore aujourd’hui à 1% tous financements confondus, et à 6% du marché national si l’on considère uniquement le financement de logements, qui a atteint les 19 milliards de dhs en Octobre 2022.


Recueillis par A. M.

 








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