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Autonomisation des femmes : Les nouvelles technologies porteuses d’opportunités


Rédigé par Mina ELKHODARI Mardi 4 Avril 2023

Alors que le Royaume multiplie les initiatives tendant à assurer l’autonomisation de la femme, force est de constater que le taux d’activité des femmes est loin d’être satisfaisant, bien plus il affiche un déclin notable. C’est dire la nécessité de développer de nouvelles approches mettant notamment à contribution les progrès technologiques dernière génération, comme le préconise la Senior Fellow du Policy Center, Mounia Boucetta. Il s’agit de mieux saisir les opportunités qu’offrent les avancées technologiques en vue de mettre en place de programmes ciblés et durables de manière à répondre aux besoins des femmes en formation ou occupant un emploi.



Autonomisation des femmes : Les nouvelles technologies porteuses d’opportunités
A contrario des espérances, les évolutions socio-économiques et les instruments technologiques mis à contribution jusqu’à présent n’ont pas permis de réduire les écarts enregistrés par rapport aux objectifs affichés pour l’autonomisation des femmes. Résultat : le taux d’activité des femmes marocaines connaît un déclin devenu structurel depuis une vingtaine d’années.
 
C’est en tout cas ce qui ressort du Policy Brief sur « l’accessibilité des femmes aux opportunités économiques au Maroc » réalisé par la Senior Fellow au Policy Center for the New South, Mounia Boucetta. Chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP) à l’appui, ce taux a été de 19.8% en 2022, soit une baisse cumulée de près de 30% entre 2004 et 2022.
 
Le HCP attribue à présent, le statut d’activité à moins de 20% des femmes âgées de plus de  15 ans tandis qu’il considère près de 80% des femmes non actives. Une réalité qui est bien en deça des ambitions affichées par le gouvernement, celles de faire évoluer le taux d’activité de la gent féminine à 30% d’ici 2026.
 
Evolution du taux d’activité selon quatre facteurs
 
Par catégorie d’âge, les chiffres mis en lumière par l’experte montrent que le taux d’activité pour les tranches 25-34 ans, 35-44 ans et 45-59ans est supérieur au taux global moyen, même s’il connait la même décroissance.
 
La tranche d’âge entre 15 à 24 ans a été la plus touchée par cette baisse qui s’explique, aux yeux de la même institution, par l’amélioration du niveau de scolarité des jeunes filles.
 
Quant au taux d’activité de la catégorie de femmes âgées de plus de 60 ans,il a été estimé à 2.176.000 en 2021, et il est prévu à la baisse en raison de l’amélioration de l’espérance de vie à la naissance.
 
Par milieu, l’analyse montre que le taux d’activité des femmes en milieu rural est relativement plus élevé qu’en milieu urbain. Toutefois, une régression a été relevée, par rapport aux hommes, en milieu urbain et une presque stabilisation en milieu rural.
 
Par statut, le rapport souligne que « l’accessibilité des femmes aux opportunités économiques est réduite de plus de 50 % une fois mariées, contrairement aux hommes ».
 
En se basant sur le niveau d’études, l’analyse fait ressortir que les femmes diplômées de l’enseignement supérieur affichent une bonne performance. Cependant, l’amélioration du niveau d’études des femmes ne favorise pas forcément l’amélioration de ce taux d’activité.
 
Un constat confirmé par l’augmentation du taux de chômage au niveau des diplômées de l’enseignement supérieur.
 
Bien que le nombre de femmes employées a augmenté de 347.000 en milieu urbain, contre 69.000 en milieu rural pour les femmes âgées de 25 à 59 ans, le taux de féminisation de l’emploi reste faible aux yeux de l’experte : 20.5% pour les salariés, 10.8% pour les indépendants, 9% pour les employeurs, 10.6% pour les apprentis et 9.1% pour les membres des coopératives. Un constat qui s’explique, d’après l’experte, par le faible niveau de scolarité des femmes, les conditions socio-économiques mais également le contexte économique actuel qui a donné naissance à un marché d’emploi plus tendu.
 
Vers des actions durables
 
Créer du changement de manière durable en 4 ou 5 ans, comme fixé par l’Exécutif reste un objectif ambitieux, selon Mounia Boucetta, à condition de l’accompagner par une politique de ciblage, de manière à apporter des réponses adaptées à chaque catégorie socio-économique de femmes, en fonction de l’âge, du statut, du niveau d’éducation et du milieu.
 
Ainsi, il est question, selon l’experte de Policy Center, de réserver des programmes de formation et d’appui spécifiques aux femmes âgées entre 25 et 59 ans et à l’entrepreneuriat féminin, du fait du potentiel énorme qu’elles présentent pour la croissance économique.
 
A ce titre, « les programmes destinés aux coopératives en milieu rural ont montré leur pertinence », observe Mounia Boucetta regrettant toutefois, que « leur développement nécessite que ces coopératives intègrent des chaînes de valeur de production et de distribution compétitives de manière à garantir l’accessibilité aux marchés et donc faire grandir les opportunités et faciliter leur arrimage à l’économie ».
 
De plus, si les projets accompagnés en milieu rural sont généralement orientés vers les coopératives,-ce qui ne permet pas de couvrir toutes les catégories socio-économiques-, l’experte souligne la nécessité de mettre en place des programmes spécifiques adaptés, en termes de financement, d’accompagnement et d’accessibilité à des services appropriés afin d’encourager l’entrepreneuriat féminin dans des secteurs de transformation et de valorisation agricole.
 
La technologie à l’appui des femmes
 
Dans un contexte marqué par des fluctuations majeures, les nouvelles technologies s’avèrent un moteur pour l’autonomisation de la femme, du fait des opportunités énormes qu’elles lui offrent. En effet, les technologies numériques représentent un espace de création et de développement qui permet à plusieurs femmes de travailler en ligne, que ce soit dans le domaine du salariat ou de l’entrepreneuriat, à condition qu’elles soient bien encadrées.
                                                                                                                                            
La spécialiste du Policy Center plaide, à cet égard, pour des programmes spécifiques, modulés en des formats appropriés aux femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat numérique. Cependant, il importe de relever un autre défi qui se profile dans l’ombre, celui de l’informel.
 
De plus, les réseaux sociaux peuvent servir, selon Mounia Boucetta, de plateformes de communication pour connecter les femmes à des communautés de soutien et à des opportunités économiques, à condition de réussir le challenge de la lutte contre la cyber intimidation, la désinformation.., etc.
 
La spécialiste attache ainsi une grande importance au travail à distance qui a l’avantage d’offrir plus de flexibilité aux travailleuses, selon leur besoin. Toutefois, elle regrette que ce cadre, dans la durée, n’est pas en mesure de leur permettre de garder la même qualité d’échange et de connexion avec leurs collègues, ce qui peut affecter considérablement leur potentiel et leur évolution de carrière.
 
Bien que le jeu en vaut la chandelle, les objectifs escomptés en matière d’autonomisation des femmes ne sont pas une sinécure. Mais au bout du chemin, on aura les bons ingrédients de la réussite: un climat entrepreneurial favorable, une économie diversifiée et résiliente et un cadre de travail favorisant les principes de l’égalité professionnelle.

Taux d’activité des femmes : Le contexte actuel, un facteur aggravant

A L’heure où le Maroc aspire à faire passer le taux d’activité des femmes de 20% à 30% à l’horizon 2026, la femme marocaine fait toujours face à des obstacles majeurs, en l’occurrence l’insécurité de l’emploi, la faible rémunération par rapport aux hommes sans oublier des freins sociaux persistants.

En 2020, selon les données de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), 86 % des femmes ont reçu un salaire inférieur au SMAG, contre 65 % pour les hommes, dans le secteur agricole. De même, le salaire mensuel moyen des femmes est de 4737 DH contre 5349 DH pour les hommes. Cependant, le contexte social et économique actuel est loin d’aider à relever ces défis et donc réussir l’autonomisation des femmes, du fait qu’il a donné naissance, selon la spécialiste, à un marché étroit qui ne génère pas suffisamment d’opportunités d’embauche, qui puissent répondre aux besoins des demandeurs et demandeuses d’emploi mais aussi aux nouveaux arrivants sur le marché.

Selon les données du HCP, la population en âge de travailler a connu une hausse en moyenne de près de 400.000 personnes, alors que l’économie n’a créé en moyenne que 121.000 postes aux cours des trois années qui ont précédé la crise de la Covid-19. Ensuite, il y a eu une perte de 432.000 autres en 2020, puis création de 230.000 postes en 2021, suivie  d’une perte de 24.000 autres en 2022.

L’info...Graphie


Femmes-Travail : La nouvelle politique de l’emploi veut consacrer l’équité

Consolider la participation de la femme dans la vie économique reste l’un des objectifs majeurs qui sous-tendent la politique nationale de l’emploi et de l’entrepreneuriat (PNEE),à l’horizon 2035,en cours de préparation par le ministère de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, en concertation avec les parties prenantes. Selon une étude réalisée par le ministère de l’Inclusion économique, trois scénarios principaux s’imposent à l’horizon 2035, où l’autonomisation des femmes occupe une place importante. Ainsi, rien que pour préserver les résultats réalisés à ce jour en matière de taux de chômage et d’inactivité, il est nécessaire de créer 170.000 emplois par an, une ambition qui exige un taux de croissance moyen de 4,6%.

Mais pour réduire le taux de chômage d’environ 60% et assurer une augmentation du taux de participation des femmes à 45% au lieu de 21%, cela suppose la création de près de 440.000 emplois en moyenne par an, dont 280.000 emplois pour les femmes, et de réaliser un taux de croissance de 6,5%.

Enfin, pour augmenter de 50% le taux de participation des femmes, notamment dans les domaines à forte valeur ajoutée, le Maroc aura besoin de créer près de 300.000 emplois par an en moyenne et réaliser un taux de croissance moyen de 6,3%.

Pour rappel, la nouvelle PNEE intervient, d’une part, pour palier l’échec observé dans l’évaluation de la Stratégie nationale pour l’emploi (SNE 2015-2025) et du Plan national de promotion de l’emploi (PNPE 2017-2021) et, d’autre part, pour assurer la réalisation des objectifs en matière d’emploi tracés par le programme gouvernemental 2021-2027 et par le Nouveau modèle de développement à l’horizon 2035. L’enjeu majeur étant de faire baisser significativement le taux de chômage qui a atteint 11.8% en 2022.








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