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Assemblées générales de BM-FMI : Regards croisés sur les actions des institutions de Bretton Woods


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 12 Octobre 2023

L’Afrique est au cœur des discours et des attentions de la Banque Mondiale et du FMI, lesquels assurent vouloir mieux financer, notamment la transition énergétique. Le continent qui aura prochainement un troisième siège au conseil d’administration du FMI devrait permettre de changer la donne. Les Assemblées des institutions de Bretton Woods à Marrakech seront un élément catalyseur.



Tous les regards de l’Afrique, à l’instar des autres continents, sont braqués sur Marrakech où se tiennent les Assemblées générales de BM-FMI (8 au 15 octobre 2023). Et il y a de quoi puisque cela fait un demi-siècle que le continent noir n’avait pas cet événement mondial des institutions de Bretton Woods. C’est le Maroc qui ainsi cet honneur d’abriter ces Assemblées.

On ne peut qu’être d’accord avec le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly, quand il dit : « on ne peut que se réjouir de la tenue de ces Assemblées annuelles en terre africaine, 50 ans après celles organisées au Kenya. C’est un motif de satisfaction pour tous les Africains ». Pour lui, la décision de maintenir ces Assemblées à Marrakech malgré le contexte du séisme qui a frappé récemment certaines régions du Royaume, est source d’admiration pour la résilience du Maroc et de sympathie au peuple marocain.

La tenue de ce conclave de BM-FMI intéresse à plus d’un titre l’Afrique confrontée à de réels défis économiques avec la montée en flèche de sa dette. Cela a été démontré lors d’une réunion du Groupe intergouvernemental des vingt-quatre pour les questions monétaires internationales et le développement (G-24) où il a été question des mesures durables pour le règlement de la dette des pays les plus pauvres et les plus vulnérables, notamment ceux du continent, tout en collaborant à la résolution des problèmes structurels à l'origine de ces vulnérabilités.

Sur un autre plan, le manque de financement des projets et des entreprises en Afrique entrave le progrès sur le continent, reconnait cet expert. Il est temps d’inverser la tendance, car dit-il, le principal manquement en Afrique est que le secteur privé est parfois trop frileux pour investir. D’ailleurs, en 1973, à Nairobi, Robert McNamara, alors président de la Banque Mondiale, appelait les pays riches à contribuer au développement des pays pauvres tout en soulignant que 
si les décisions courageuses sont prises, alors le développement pourra s’accélérer. 
 
Amélioration des instruments 

Résultat : 50 ans plus tard, l’Afrique manque toujours de financement. Ce qui fait dire au Sénégalais Makhtar Diop, directeur de la Société financière internationale, que c’est dans le secteur privé que des efforts doivent être faits. Selon lui, il faut une amélioration des instruments de garanties. En un an, affirme-t-il, la Société Financière Internationale (SFI) a augmenté de 30% ses engagements avec des entreprises du privé. « Les résultats sont là, mais on n’est pas du tout satisfait, tant qu’il y aura ce niveau de pauvreté, on ne sera pas satisfait », résume Makhtar Diop.

Pour 2023, l’Afrique échappe à la récession mais une croissance du PIB en baisse, autour de 3,3% cela reste insuffisant pour aider les populations à améliorer leur niveau de vie. C’est le grand paradoxe pointé dans les discours, et dans les indicateurs économiques : l’Afrique est une des plus importantes réserves de croissance futures, et pourtant de nombreux pays restent économiquement très vulnérables, notamment face à l’ampleur de leurs dettes publiques et au manque de financement. 

L’inflation y est aussi très élevée, comme c’est le cas au Ghana ou au Nigeria. En d’autres termes, l’Afrique est au cœur des discours et des attentions de la Banque Mondiale et du FMI qui assurent vouloir mieux financer, notamment la transition énergétique. Le continent qui aura prochainement un troisième siège au conseil d’administration du FMI devrait permettre de changer la donne. 

De son côté, le directeur Afrique du FMI, Abebe Sélassié, estime que l’Afrique stimulera l’économie mondiale compte tenu de la dynamique démographique, mais aussi des possibilités de rattrapage. En Afrique subsaharienne, les perspectives de croissance sont énormes, fait-il remarquer.

A Marrakech, il n’y avait pas que les économistes, le monde culturel africain a pris part à ces Assemblées à traves un débat sur « L’Afrique créative », initié par le FMI et l’Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat, au cours duquel les participants ont souligné que l'industrie culturelle et créative en Afrique est désormais de plus en plus appréciée au niveau mondial, et joue un rôle majeur dans le domaine du développement économique et culturel à l'échelle continentale.
 
Augmentation de la production agricole

En effet, l’industrie culturelle en Afrique, qui occupe 15% de la population mondiale, a connu une croissance constante en 2018, avec une augmentation significative de 13,9%, bien que le continent ne contribue actuellement qu'à hauteur de 1,5% dans l’économie créative à travers le monde. A ce sujet, le fondateur du groupe « Chocolate City » au Nigeria, Audu Maikouri, révèle que l’industrie musicale africaine génère des revenus importants en raison de sa large diffusion sur la scène internationale, soulignant que la musique africaine est un moyen de faire connaître le patrimoine culturel africain.

Ce qui est sûr c’est que l’Afrique attend beaucoup de la rencontre de Marrakech. En effet, sur le continent africain dans son ensemble, de timides signes d’une reprise progressive de l’activité économique sont présents. Dans un petit nombre de grands pays africains, l’activité a été plus solide que prévu au premier semestre de l’année, grâce à une reprise continue dans le secteur des services, au regain du tourisme, à une augmentation plus forte qu’anticipé des envois de fonds des travailleurs migrants, à l’augmentation de la production agricole et à l’extraction des ressources. 

En outre, dans certains pays riches en ressources naturelles, cet accroissement de l’activité extractive a bénéficié de la mise en service (ou de la réparation) d’un certain nombre de projets d’hydrocarbures (Niger, Sénégal) et du démarrage de la production d’un certain nombre de projets miniers (Libéria, Mali, République démocratique du Congo, Sierra Leone). En conséquence, la croissance sur le continent africain devrait se renforcer pour atteindre 3,8% en 2024, grâce en partie au léger assouplissement des conditions financières mondiales, et en raison de la normalisation de la demande sur l’ensemble du continent. 
 
Wolondouka SIDIBE

 








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