
Ce n’est un secret pour personne, 2020 a été -et continue d’être- une année catastrophique pour l’économie, en général, et pour le secteur du tourisme, en particulier. Alors que la saison estivale est arrivée à terme, se profile une « arrière-saison » qui habituellement draine un autre type de clientèle. « Pendant les mois de septembre et d’octobre, certaines personnes optent pour des destinations qui ne sont pas tout à fait courues par les touristes pendant l’année », explique Mouad Benzahra, ex-agent de voyage et consultant dans le domaine du tourisme. À ceux là s’ajoutent habituellement des groupes de touristes étrangers et de marocains qui profitent d’une période encore ensoleillée et surtout moins bondée pour profiter de leurs vacances ou de week-ends prolongés. « Le touriste d’arrière-saison est souvent quelqu’un qui voyage pour son bien-être, pour la relaxation, la découverte ou encore pour le sport», précise Mouad Benzahra.
Une arrière-saison compliquée
Si cette période est habituellement une opportunité d’affaires pour les hôteliers et pour les professionnels du tourisme, force est de constater que, cette année, la recrudescence des cas de Covid au Maroc est en train de porter le dernier coup de grâce aux espoirs des professionnels. « Certains hôteliers peuvent encore mettre à profit cette arrière- saison parce que les régions ne sont pas toutes touchées de la même manière par la pandémie », explique Mouad Benzahra. Jamal Rezrazi, professionnel du secteur hôtellerie dans la région d’Agadir depuis 40 ans, est manifestement d’un autre avis : « Durant cette saison estivale, les hôteliers ont travaillé uniquement avec les touristes nationaux. Pendant l’arrière-saison, c’est le plus souvent des groupes de touristes étrangers qui prennent le relai. À cause de la pandémie, ces groupes ne seront évidemment pas au rendez-vous. À Agadir, je ne pense pas que l’arrière-saison puisse apporter grand-chose aux professionnels ».
Des hôtels qui ferment leurs portes « Les seuls clients potentiels actuels pour cette période sont les touristes nationaux. Or, on voit bien que les grandes villes comme Marrakech, Casablanca, Fès et Tanger sont fermées. Qui va donc partir à Agadir ou ailleurs pour l’arrière-saison ? », s’interroge la même source qui annonce que plusieurs hôtels de la ville balnéaire fermeront leurs portes dans les prochains jours. Aux confins du Sud marocain et notamment à Dakhla qui s’est imposée durant les dernières années comme l’une des destinations les plus courues en arrière-saison, les hôteliers viennent de recevoir le coup de grâce avec l’annonce de l’interdiction des dessertes routières en autocar vers cette région. Une restriction qui vient s’ajouter à celle imposée en été et conditionnant l’entrée dans cette ville par voie aérienne à la présentation d’un test PCR négatif. «Fermer est une meilleure solution que de fonctionner avec un nombre insuffisant de clients. Si plusieurs hôtels de standing s’y préparent actuellement, quid des établissements qui n’ont pas la résilience financière et les moyens de survivre à la crise ? », poursuit le professionnel en précisant que si certaines banques proposent de donner des crédits aux établissements hôteliers à condition de faire travailler 80% du personnel, « ça reste un calcul très difficile, car il y a un grand risque à contracter un crédit -en maintenant quasiment tous le personnel- quand il n’y a aucune garantie de pouvoir l’honorer », souligne Jamal Rezrazi.
Une traversée du désert
« 2020 est une année blanche pour le tourisme », martèle l’hôtelier qui prévoit une saison 2021 dont une partie est déjà perdue d’avance. « Supposons que nous ouvrions les frontières en janvier ou février. Les contrats des tours opérateurs avec les agences étrangères sont tous à reconduire. Cela ne se fera le plus probablement qu’en mars-avril. Les ventes ne pourront être lancées que tardivement dans l’année : en mai ou juin. Ce qui fait que les premiers mois de 2021 sont déjà perdus pour le tourisme international ». Malgré des tentatives étatiques de mitiger les dégâts dans un secteur d’activité qui habituellement constitue un des piliers économiques du Royaume, les professionnels du secteur semblent accuser un coup dont beaucoup craignent de ne plus pouvoir se relever. Face à cette situation, Jamal Rezrazi ne voit de salut qu’à travers des subventions étatiques au secteur, en plus de celles destinées à supporter la masse salariale récemment décidées. « Je pense que c’est également le moment idéal pour revoir l’état des hôtels, former le personnel et penser à une stratégie adaptée à la conjoncture, afin de bien préparer la saison prochaine. Il y a des lignes de crédit avec des paiements différés qui peuvent être négocié à cet effet », conclut l’hôtelier.
Une arrière-saison compliquée
Si cette période est habituellement une opportunité d’affaires pour les hôteliers et pour les professionnels du tourisme, force est de constater que, cette année, la recrudescence des cas de Covid au Maroc est en train de porter le dernier coup de grâce aux espoirs des professionnels. « Certains hôteliers peuvent encore mettre à profit cette arrière- saison parce que les régions ne sont pas toutes touchées de la même manière par la pandémie », explique Mouad Benzahra. Jamal Rezrazi, professionnel du secteur hôtellerie dans la région d’Agadir depuis 40 ans, est manifestement d’un autre avis : « Durant cette saison estivale, les hôteliers ont travaillé uniquement avec les touristes nationaux. Pendant l’arrière-saison, c’est le plus souvent des groupes de touristes étrangers qui prennent le relai. À cause de la pandémie, ces groupes ne seront évidemment pas au rendez-vous. À Agadir, je ne pense pas que l’arrière-saison puisse apporter grand-chose aux professionnels ».
Des hôtels qui ferment leurs portes « Les seuls clients potentiels actuels pour cette période sont les touristes nationaux. Or, on voit bien que les grandes villes comme Marrakech, Casablanca, Fès et Tanger sont fermées. Qui va donc partir à Agadir ou ailleurs pour l’arrière-saison ? », s’interroge la même source qui annonce que plusieurs hôtels de la ville balnéaire fermeront leurs portes dans les prochains jours. Aux confins du Sud marocain et notamment à Dakhla qui s’est imposée durant les dernières années comme l’une des destinations les plus courues en arrière-saison, les hôteliers viennent de recevoir le coup de grâce avec l’annonce de l’interdiction des dessertes routières en autocar vers cette région. Une restriction qui vient s’ajouter à celle imposée en été et conditionnant l’entrée dans cette ville par voie aérienne à la présentation d’un test PCR négatif. «Fermer est une meilleure solution que de fonctionner avec un nombre insuffisant de clients. Si plusieurs hôtels de standing s’y préparent actuellement, quid des établissements qui n’ont pas la résilience financière et les moyens de survivre à la crise ? », poursuit le professionnel en précisant que si certaines banques proposent de donner des crédits aux établissements hôteliers à condition de faire travailler 80% du personnel, « ça reste un calcul très difficile, car il y a un grand risque à contracter un crédit -en maintenant quasiment tous le personnel- quand il n’y a aucune garantie de pouvoir l’honorer », souligne Jamal Rezrazi.
Une traversée du désert
« 2020 est une année blanche pour le tourisme », martèle l’hôtelier qui prévoit une saison 2021 dont une partie est déjà perdue d’avance. « Supposons que nous ouvrions les frontières en janvier ou février. Les contrats des tours opérateurs avec les agences étrangères sont tous à reconduire. Cela ne se fera le plus probablement qu’en mars-avril. Les ventes ne pourront être lancées que tardivement dans l’année : en mai ou juin. Ce qui fait que les premiers mois de 2021 sont déjà perdus pour le tourisme international ». Malgré des tentatives étatiques de mitiger les dégâts dans un secteur d’activité qui habituellement constitue un des piliers économiques du Royaume, les professionnels du secteur semblent accuser un coup dont beaucoup craignent de ne plus pouvoir se relever. Face à cette situation, Jamal Rezrazi ne voit de salut qu’à travers des subventions étatiques au secteur, en plus de celles destinées à supporter la masse salariale récemment décidées. « Je pense que c’est également le moment idéal pour revoir l’état des hôtels, former le personnel et penser à une stratégie adaptée à la conjoncture, afin de bien préparer la saison prochaine. Il y a des lignes de crédit avec des paiements différés qui peuvent être négocié à cet effet », conclut l’hôtelier.
Marketing
Produits touristiques d’arrière-saison cherchent « branding » adéquat
L’arrière-saison touristique est une période qui attire des clients qui, souvent, veulent savourer des vacances tranquilles souvent à l’antipode du tourisme de masse. Si dans d’autres régions touristiques du monde, cette période dispose d’une offre et d’un package marketing adapté, ce n’est pas toujours le cas sous nos cieux. « Il existe au Maroc un certain tourisme d’arrière-saison qui est le plus souvent tourné vers le rural. Ce segment particulier, qui est loin d’être conventionnel, n’est cependant pas mis en valeur comme il le faut. Les structures existantes et l’offre liées à ce tourisme de Nature et de plein air peuvent être évidemment améliorées, mais au vu des conditions actuelles, cette offre demeure suffisante. Le marketing y afférent n’existe cependant pas et gagnerait à être préparé », explique Mouad Benzahra, ex-agent de voyage et consultant dans le secteur du tourisme. « Malheureusement, il n’y a pas encore un véritable effort institutionnel pour mettre en valeur ce type de produits : la stratégie de tourisme rural reste rangée dans les tiroirs, et à ce jour, on n’en voit toujours pas les contours », poursuit le consultant. En plus de l’absence d’une touche marketing adéquate, les destinations et produits touristiques d’arrière-saison sont en plus malmenés par un contexte épidémique marocain qui s’aggrave. Pourtant, le tourisme de Nature et des grands espaces, qui constitue une grande partie de l’offre d’arrière-saison, présente les meilleures garanties de distanciation sociale.
L’arrière-saison touristique est une période qui attire des clients qui, souvent, veulent savourer des vacances tranquilles souvent à l’antipode du tourisme de masse. Si dans d’autres régions touristiques du monde, cette période dispose d’une offre et d’un package marketing adapté, ce n’est pas toujours le cas sous nos cieux. « Il existe au Maroc un certain tourisme d’arrière-saison qui est le plus souvent tourné vers le rural. Ce segment particulier, qui est loin d’être conventionnel, n’est cependant pas mis en valeur comme il le faut. Les structures existantes et l’offre liées à ce tourisme de Nature et de plein air peuvent être évidemment améliorées, mais au vu des conditions actuelles, cette offre demeure suffisante. Le marketing y afférent n’existe cependant pas et gagnerait à être préparé », explique Mouad Benzahra, ex-agent de voyage et consultant dans le secteur du tourisme. « Malheureusement, il n’y a pas encore un véritable effort institutionnel pour mettre en valeur ce type de produits : la stratégie de tourisme rural reste rangée dans les tiroirs, et à ce jour, on n’en voit toujours pas les contours », poursuit le consultant. En plus de l’absence d’une touche marketing adéquate, les destinations et produits touristiques d’arrière-saison sont en plus malmenés par un contexte épidémique marocain qui s’aggrave. Pourtant, le tourisme de Nature et des grands espaces, qui constitue une grande partie de l’offre d’arrière-saison, présente les meilleures garanties de distanciation sociale.
3 questions à Abdelaziz El Khalidi, aubergiste

Abdelaziz El Khalidi
« La majorité des professionnels du secteur a perdu espoir »
Gérant de l’auberge « Dernier lion de l’Atlas » à Azrou, Abdelaziz El Khalidi est dans le domaine du tourisme depuis plus de 30 ans. Il a répondu à nos questions à propos de l’arrière- saison touristique dans le Moyen Atlas.
- Comment se présente habituellement votre activité durant l’arrière saison ?
- Normalement en cette période, nous avons une clientèle spéciale : des retraités, des couples sans enfants ainsi que des groupes de touristes étrangers. Ça commence doucement en septembre et ça décolle vraiment en octobre. Selon ma propre expérience, l’arrière- saison dans notre région est souvent meilleure que les mois de juillet et août. C’est d’ailleurs pour beaucoup d’hôteliers une opportunité pour se rattraper quand la fréquentation pendant la période estivale n’a pas été satisfaisante.
- Pensez-vous que ce sera le cas cette année ?
- Non. Les professionnels du secteur n’y comptent même plus. La majorité a perdu espoir et vit actuellement une crise indescriptible. Beaucoup ont carrément décidé de fermer leurs portes, surtout ceux dont l’activité dépend en grande partie de l’arrivée des touristes étrangers.
- Selon vous, l’ouverture des frontières à certains visiteurs étrangers est-elle une bonne nouvelle pour les hôteliers ?
- Les visiteurs concernés ne sont pas vraiment des touristes. Il s’agit plus de personnes qui sont là pour des missions professionnelles. La question qui occupe vraiment les aubergistes et professionnels du secteur dans notre région concerne le risque de revivre le même scénario catastrophique de 2020 en 2021. Normalement, on commence à recevoir des réservations des mois d’avance pour les périodes de fin d’année et du printemps prochain. Or, à ce jour, on n’a rien du tout. Beaucoup d’établissements touristiques n’ont pas survécu aux mois précédents. Si le scénario de 2020 se répète, les établissements qui ont résisté risquent de fermer à leur tour.
Gérant de l’auberge « Dernier lion de l’Atlas » à Azrou, Abdelaziz El Khalidi est dans le domaine du tourisme depuis plus de 30 ans. Il a répondu à nos questions à propos de l’arrière- saison touristique dans le Moyen Atlas.
- Comment se présente habituellement votre activité durant l’arrière saison ?
- Normalement en cette période, nous avons une clientèle spéciale : des retraités, des couples sans enfants ainsi que des groupes de touristes étrangers. Ça commence doucement en septembre et ça décolle vraiment en octobre. Selon ma propre expérience, l’arrière- saison dans notre région est souvent meilleure que les mois de juillet et août. C’est d’ailleurs pour beaucoup d’hôteliers une opportunité pour se rattraper quand la fréquentation pendant la période estivale n’a pas été satisfaisante.
- Pensez-vous que ce sera le cas cette année ?
- Non. Les professionnels du secteur n’y comptent même plus. La majorité a perdu espoir et vit actuellement une crise indescriptible. Beaucoup ont carrément décidé de fermer leurs portes, surtout ceux dont l’activité dépend en grande partie de l’arrivée des touristes étrangers.
- Selon vous, l’ouverture des frontières à certains visiteurs étrangers est-elle une bonne nouvelle pour les hôteliers ?
- Les visiteurs concernés ne sont pas vraiment des touristes. Il s’agit plus de personnes qui sont là pour des missions professionnelles. La question qui occupe vraiment les aubergistes et professionnels du secteur dans notre région concerne le risque de revivre le même scénario catastrophique de 2020 en 2021. Normalement, on commence à recevoir des réservations des mois d’avance pour les périodes de fin d’année et du printemps prochain. Or, à ce jour, on n’a rien du tout. Beaucoup d’établissements touristiques n’ont pas survécu aux mois précédents. Si le scénario de 2020 se répète, les établissements qui ont résisté risquent de fermer à leur tour.
Recueillis par O. A.
Repères
Indemnités pour les salariés du tourisme
Les salariés des entreprises du secteur touristique et les professionnels éligibles à l’indemnité forfaitaire financée par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du nouveau Coronavirus au Maroc ont désormais un portail électronique pour leur déclaration. Le lancement de cette plate-forme dédiée est prévu mardi. Pour faire bénéficier ses salariés de ces indemnités, le chiffre d’affaires de l’entreprise touristique doit présenter une baisse d’au moins 25%, et l’entreprise doit s’engager à maintenir au moins 80% des postes d’emploi.
Visiteurs professionnels étrangers
Les visiteurs professionnels étrangers pourront désormais se déplacer au Maroc. L’information a été annoncée en premier, par le président de la CGEM, Chakib Alj, dans une lettre adressée aux membres de la Confédération : “Les ressortissants étrangers disposant d’une réservation confirmée d’un hôtel au Maroc pourront accéder au territoire marocain sur présentation de cette réservation”. “Ces procédures ne concernent bien évidemment que les ressortissants étrangers non soumis à la formalité du visa », sous réserve d’effectuer préalablement les tests requis de dépistage du Covid-19.