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Allergie au pollen: Un mal du printemps à ne pas confondre avec le Covid


Rédigé par Oussama ABAOUSS Mercredi 28 Avril 2021

Malgré des symptômes qui ressemblent parfois à ceux du Covid-19, les allergies printanières sont des maux complètement différents, souvent persistants, rarement dangereux.



Après un hiver marqué par le retour des pluies, les paysages fleuris du Royaume resplendissent, alors que le printemps s’installe doucement. Saison de la Vie par excellence, le printemps est cependant pour beaucoup synonyme de petits maux en tous genres. Khadija, une quadragénaire qui travaille dans la vente d’équipements paramédicaux, fait justement partie de cette frange de la société qui anticipe l’arrivée du printemps avec appréhension, pour ensuite le vivre dans la souffrance. « Chaque année, c’est la même histoire : toux, éternuements, larmoiements… Je sais que certaines maladies impliquent des symptômes beaucoup plus insupportables, mais je persiste à penser que ceux que je dois subir chaque printemps sont particulièrement pénibles : ça me dérange pour dormir, pour travailler, pour vivre tout simplement », confie Khadija. Derrière le mal-être provisoire de notre interlocutrice, se cache une classique rhinite printanière. Chaque année, des milliers de Marocains sont concernés par cette allergie saisonnière connue également sous le nom de rhume du foin.
Un mal moderne ?
Les allergies printanières sont le plus souvent causées par les pollens de fleurs, d'arbres et de certaines espèces de graminées. « Ce genre d’allergies n’est pas un phénomène nouveau et a certainement existé chez les êtres humains depuis des temps reculés. Il y a évidemment plusieurs facteurs complexes qui participent à l’émergence des allergies printanières. Il est en revanche probable que la prévalence de ces allergies ait augmenté dans un contexte marqué par les changements climatiques, les changements dans les modes de vie, de consommation et d’habitat », explique Dr Najib Lahlou, allergologue installé à Casablanca. « Il n’existe pas de statistiques précises ou d’études scientifiques qui attestent du lien entre le changement des modes de vie des Marocains et l’augmentation des allergies printanières. Ce qui est en revanche certain, c’est que sur le terrain, il est facile de constater que beaucoup de personnes souffrent de ce genre d’allergies saisonnières », nuance le spécialiste.
Allergies printanières et Covid
En période de pandémie de Coronavirus et en considérant que les symptômes des allergies printanières ressemblent beaucoup à ceux d’une grippe (et donc à ceux du Covid-19), n’existe-t-il pas des chances de confondre les deux maux ? « La rhinite allergique ou rhume des foins se caractérise par des crises d'éternuements, un nez qui coule ou se bouche régulièrement et des démangeaisons au niveau des narines. Elle peut aussi se manifester par une conjonctivite et, surtout, provoquer une crise d'asthme avec gêne respiratoire, accompagnée de sifflements pulmonaires et d'un essoufflement, associés ou non à une toux. En ce qui concerne les principaux symptômes liés au Covid-19, ces derniers se trouvent être de la fièvre, de la fatigue, des maux de tête, une toux et des maux de gorge, des courbatures et une gêne respiratoire. La fièvre et les courbatures font la différence», explique Dr Najib Lahlou qui recommande toutefois «de prendre avis auprès de son médecin en cas de toux inhabituelle, de gêne respiratoire et de fièvre ».

Asthme et allergies 

La concentration de pollen dans l’atmosphère peut parfois provoquer des crises aiguës d’asthme. « L’asthme et l’allergie sont deux états étroitement liés. Les principes actifs des allergènes du pollen affectent de façon significative les patients asthmatiques et sont également les déclencheurs des crises d’asthme », explique l’allergologue. « L’asthme provoqué par l’allergie de printemps est plus fréquent chez les enfants que chez les adultes. En prévision de l’allergie de printemps, il est très important que les patients asthmatiques prennent les précautions nécessaires pendant cette période de l’année, en particulier à cause du pollen. Les personnes vulnérables à l’asthme et à l’allergie de printemps doivent réduire les excursions, promenades dans les parcs et devraient limiter le temps d’exposition à l’extérieur », conseille Dr Najib Lahlou. À noter que les allergies printanières sont à leur apogée entre avril et mai de chaque année. 
 

3 questions au Dr Najib Lahlou, allergologue « Il y a certains cas qui nécessitent d’envoyer un patient aux urgences »

Dr Najib Lahlou, médecin spécialiste en Allergologie installé à Casablanca, a répondu à nos questions sur les moyens de soigner les allergies printanières.


- Comment se fait la lutte contre les allergies printanières ?

- L’allergie est une réaction excessive de l’organisme à un allergène. Pour agir contre les allergies printanières, il y a tout d’abord la prévention. Il faut à cet égard réaliser des tests pour identifier l’allergène qui touche un patient, ce qui lui permettra ensuite de l’éviter. Il y a aussi le traitement médicamenteux pour soulager. Je citerai entre autres les antihistaminiques et les corticoïdes locaux.

- Existe-t-il des vaccins contre les allergies printanières ?

- Il y a ce qu’on appelle la désensibilisation spécifique. Il s’agit d’un vaccin antiallergique qui, malheureusement, est actuellement en rupture au Maroc. Grace à ce traitement efficace, nous injectons des petites doses de l’allergène pour stimuler le système immunitaire afin qu’il puisse se fabriquer des anticorps anti-allergènes. Ce traitement peut s’étendre sur trois et cinq ans en fonction du patient. 

- Les allergies printanières peuvent-elles s’avérer mortelles ?

- Je ne pense pas que l’on puisse mourir d’allergie printanière, mais il y a certains cas qui nécessitent d’envoyer un patient aux urgences à cause de crises d’asthme. La plupart des rhumes du foin sont pris pour des rhumes simples, donc on pense que ça passera au bout de quelques jours, les gens prennent du Doliprane, mais ça persiste… Souvent, les malades ne pensent pas automatiquement à l’allergie. Ils le font en dernier lieu surtout quand ils sont orientés par un médecin. C’est ce qui fait que dans certains cas, l’allergie a le temps d’évoluer et de s’aggraver.