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International

Afrique : l’inégalité, un frein au progrès social et économique du continent

Célébration de la Journée internationale de la Femme


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 8 Mars 2021

La crise sanitaire de Coronavirus a montré que le chemin est encore long pour l’effectivité de l’égalité du genre car les femmes ont été les plus touchées en Afrique alors que le continent pourrait ajouter 316 milliards de dollars à son PIB, soit une augmentation de 10% d’ici à 2025 si chaque État parvenait à égaler les progrès réalisés par certains pays sur le continent.



Afrique : l’inégalité, un frein au progrès social et économique du continent
Beaucoup d’hommes politiques diront que l’Afrique est en avance sur le reste du monde en ce qui concerne le nombre de femmes entrepreneures comparativement aux décennies passées. Car elles représentent 58% de ceux qui travaillent à leur compte sur le continent. Selon des études récentes, les femmes seraient, en effet, davantage susceptibles de devenir entrepreneures que les hommes.

Mieux, la déclaration de l’Union africaine faisant de 2010-2020 la décennie de la femme africaine a constitué une autre étape importante. Cet engagement est la résultante du fait que les pays africains ont presque tous ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes sans oublier que plus de la moitié d’entre eux ont également signé le Protocole sur les droits des femmes en Afrique de l’UA.

Mais la crise sanitaire de Coronavirus a montré que le chemin est encore long pour l’effectivité de l’égalité du genre car les femmes ont été les plus touchées en Afrique du fait qu’elles exercent dans des secteurs vulnérables. Dans ce sens, la dernière étude du cabinet McKinsey & Company intitulée « Le pouvoir de la parité – Faire progresser l’égalité des femmes en Afrique » est on ne peut plus claire. 

Elle révèle que le continent pourrait ajouter 316 milliards de dollars à son PIB, soit une augmentation de 10% d’ici à 2025 si chaque État parvenait à égaler les progrès réalisés par les meilleurs pays de la région. Malheureusement, indique l’étude, au rythme actuel, il faudrait peut-être plus de 140 ans à l’Afrique pour parvenir à la parité hommes-femmes ! Et cela, malgré le fait que le taux d’activité des femmes africaines est supérieur à la moyenne mondiale. 

Seuil de pauvreté

Pourtant, les révélations de l’indice de l’égalité du genre en Afrique de la Banque Africaine de Développement durant les cinq dernières années montrent que le potentiel des femmes permet de produire près de 65% des biens du continent africain, détiennent le tiers de l’ensemble des entreprises et occupent dans certains pays jusqu’à 70% des emplois salariés.

C’est dire que les femmes jouent un rôle déterminant dans la croissance africaine. Elles réduisent considérablement le taux de chômage et le seuil de pauvreté en Afrique. Mais pourtant, la réalité est toute autre notamment, en ce qui concerne les progrès en matière de renforcement de la présence des femmes dans les postes de cadres moyens ou de hauts cadres.

Même si le Cabinet McKinsey Afrique souligne que, « sur l’ensemble du continent, les femmes occupent actuellement 25% des postes au Conseil d’administration, ce qui est nettement supérieur à la moyenne mondiale de 17% ». Concrètement, un membre du Conseil d’administration sur quatre est une femme. Cependant, les progrès ont été réalisés principalement dans une poignée de pays africains et les femmes occupent de manière disproportionnée des rôles de direction dans les départements des ressources humaines et juridiques, emplois considérés comme moins susceptibles de conduire au poste de directeur général.

Ainsi « les pays d’Afrique australe obtiennent des résultats relativement bons en matière d’éducation des femmes et ont également une faible incidence de mariages d’enfants », explique les analystes de McKinsey. A contrario, « ce n’est pas le cas en Afrique de l’Ouest et centrale ». « Très peu d’économies – à savoir le Botswana, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et l’Afrique du Sud – ont progressé », insistent les auteurs pour qui « si l’Afrique veut obtenir le dividende économique qui découlera de l’autonomisation de ses femmes, elle doit intensifier ses activités ».

Des leviers de développement

On voit bien que s’il y a un sujet qui, de tout temps, a suscité un grand intérêt pour les chercheurs de tout bord, c’est bien la place de la gent féminine dans la croissance africaine. Cette question présente un intérêt particulier en Afrique où le prisme déformant des clichés relègue souvent les femmes au second plan. Aujourd’hui, force est de reconnaître que les femmes constituent de véritables leviers de développement pour le continent africain. La crise sanitaire accentue encore ce débat.

Car au-delà des inégalités économiques, les femmes en Afrique souffrent d’autres maux comme les mutilations génitales, lesquelles constituent un frein à l’émancipation de la gent féminine sans oublier les préjugés ou encore cette pratique ancestrale qu’est la polygamie. Le 8 mars est l’occasion de dire « Non et Non » à tous ceux qui peuvent entraver le progrès et l’émancipation de la femme.

Enfin, on ne peut qu’être d’accord avec Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique pour conclure, quand elle dit : « en cette Journée internationale de la Femme, j’invite chacun d’entre nous à reconnaître les compétences de leadership et le potentiel des femmes, ce qui nous rapprochera de l’équité hommes-femmes. Surmonter les inégalités dans nos sociétés induira une meilleure santé, ainsi que le développement et la prospérité pour tous ».

Wolondouka SIDIBE 
Egalité, une bataille de longue haleine
Il est indéniable que la parité entre l’homme et la femme sera une bataille de longue haleine. En effet, la réduction des inégalités entre les sexes passe par l’identification et le déploiement de programmes ou de politiques ciblant les contraintes spécifiques qui pèsent sur les femmes entrepreneures. Elle implique aussi une collaboration avec l’ensemble des acteurs du secteur privé, de la grande banque à la startup innovante, pour piloter, tester et amplifier les interventions qui fonctionnent. Aujourd’hui, si la plupart des pays d’Afrique sont parvenus à la parité filles-garçons dans l’accès à l’enseignement primaire, un fossé persiste dans les niveaux d’éducation et de compétences atteints par les entrepreneurs masculins et par leurs homologues féminines, en particulier dans l’enseignement secondaire et au-delà.








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