Le drame du viol collectif d’un mineur, au cours des festivités du Moussem Moulay Abdellah Amghar, a suscité une vague de solidarité avec la victime. Depuis la publication des premières images de l’enfant hospitalisé, notamment par le Comité de protection de l’enfance à Youssoufia, les réactions se sont multipliées, aussi bien parmi les individus que parmi les organisations de défense des Droits des enfants qui se sont constituées parties civiles.
Entre associations, qui s’alarment de la montée de la criminalité individuelle et celles qui dénoncent la banalisation des violences sexuelles faites aux enfants, et société civile, un cri d’alarme a été lancé pour renforcer le système de répression de ces crimes dénués de toute humanité et de compassion. Pour elles, cela constitue une nécessité face à la recrudescence des violences sexuelles et des agressions commises contre les enfants.
À cet effet, l’association « Yallah Nt3awnou » a initié une pétition nationale intitulée : « Pour sauver les enfants du Maroc du viol et de l’atteinte à la pudeur ».Cet appel porte des revendications essentielles adressées à Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, ainsi qu’aux membres des deux Chambres du Parlement, dans le but de stimuler des réformes législatives afin d’assurer une protection effective de cette tranche d’âge sensible.
Dans ce texte, qui suscite déjà de vives réactions, l’association affirme que ce cri représente la voix de milliers d’enfants marocains qui subissent chaque jour les pires formes de violations : viol, atteinte à la pudeur, exploitation sexuelle…
Garantir la sécurité des mineurs
Dans le détail, la pétition souligne que les peines actuelles contre les violeurs d’enfants ne garantissent pas la sécurité des mineurs et échouent à dissuader les auteurs de ces actes odieux.
Il faut savoir que le Code pénal prévoit 2 à 5 ans de prison pour atteinte sexuelle sur mineur ou personne vulnérable, 5 à 10 ans avec violence et jusqu’à 20 à 30 ans en cas de viol aggravé, notamment sur mineur.
La pétition réclame ainsi de porter les peines contre les agresseurs d’enfants à leur maximum, en exigeant qu’aucune condamnation pour viol ou atteinte sexuelle sur mineur ne soit inférieure à la réclusion à perpétuité, et, dans certains cas, à la peine de mort.
Outre le durcissement des peines, elle appelle à la suppression de toutes les « circonstances atténuantes dont pourraient bénéficier les agresseurs sexuels d’enfants ».Les signataires demandent, également, « l’instauration de la castration chimique » comme mesure obligatoire venant s’ajouter à la peine d’emprisonnement, afin de lutter contre la récidive.
Ils considèrent cette mesure comme une solution pour combattre les violences sexuelles faites aux enfants, à la lumière des expériences menées dans plusieurs pays, comme la Pologne, la Corée du Sud ou certains États américains, dans lesquels la castration chimique a permis de réduire considérablement les récidives.
De plus, l’association propose la création d’un registre national des délinquants sexuels, interdisant à toute personne condamnée de travailler dans un établissement éducatif, pédagogique ou social.
Elle recommande aussi la mise en place d’un fonds national de soutien psychologique et social destiné aux enfants victimes et à leurs familles, afin qu’ils bénéficient des soins et de l’accompagnement nécessaires pour surmonter leurs profondes blessures psychologiques.
Pour rappel, cinq suspects, dont des mineurs, ont été déférés, à ce jour, dans l’affaire du viol d’Al Bachir. Majoritairement originaires de la région de Marrakech-Safi, les suspects ont été placés en garde à vue pour les majeurs et sous contrôle judiciaire pour les mineurs.
Un suspect, considéré comme le principal agresseur, aurait été arrêté, dès le 18 août près de Sidi Bennour. Le juge d’instruction devra établir les responsabilités sous la pression d’une opinion publique en quête de justice.