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Abdellatif Maazouz : Mobiliser plus de ressources en eau est un effort partagé

Président du Conseil régional de Casablanca-Settat


Rédigé par L'Opinion Vendredi 24 Mars 2023

La Région de Casablanca-Settat est celle qui subit le plus sévèrement le stress hydrique. Selon les prévisions, le déficit en eau serait de 330 millions de m3 en 2025. M. Abdelatif Maazouz, président du Conseil régional de Casablanca-Settat, explique les moyens mis en œuvre pour relever ce défi.



Abdellatif Maazouz : Mobiliser plus de ressources en eau est un effort partagé
6,86 millions d’habitants, répartis entre deux préfectures, Casablanca et Mohammedia, et sept provinces, El Jadida, Nouaceur, Benslimane, Médiouna, Berrechid, Settat et Sidi Bennour, c’est ainsi que se présente la Région de Casablanca-Settat, qui contribue à hauteur de 32,4% au Pib national. Avec une densité de population de 353 habitants au km2 et des ressources hydriques limitées, il est évident que la question d’approvisionnement en eau à l’usage des ménages autant que celui de l’industrie et de l’agriculture (la Région de Casablanca-Settat compte 125 communes rurales) revêt une importance vitale. M. Abdelatif Maazouz, Président de la Région de Casablanca-Settat, développe dans cet entretien les efforts et moyens mobilisés pour répondre aux besoins ménagers et économiques en eau, à travers divers projets, en coopération avec les pouvoirs publics.
 
Qu’en est-il du stress hydrique qui touche la Région de Casablanca-Settat ?

M. Abelatif Maazouz : « Le stress hydrique à Casablanca est plus important qu’ailleurs, pour un raison toute simple. Les réserves en eau qui se trouvent sur le territoire de la Région de Casablanca-Settat, qu’il s’agisse de barrages ou de nappes, rapportés à la taille de la population, font que c’est l’une des régions les moins bien dotées de capacités hydriques. Si l’on ne devait compter que sur ces réserves, nous serions en dessous du seuil critique. C’est la raison pour laquelle ce sujet mérite d’être placé parmi les priorités de la Région de Casablanca ». - Il est question d’un projet de transfert d’eau partant des oueds Sebou et Saïss vers le Bouregreg et, delà, à Casablanca.
 
Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

- « La connexion entre le Bouregreg et Casablanca existe déjà depuis longtemps. Si Casablanca ne manque pas, aujourd’hui, d’eau potable, c’est bien grâce à cette connexion. Le barrage de Mohammed Ben Abdellah participe à l’approvisionnement en eau de la capitale économique du royaume. Pour le transfert d’eau vers la Région de Casablanca-Settat, 6 millions de dirhams ont déjà été mobilisés. Cet effort a été partagé entre la Région de Casablanca-Settat et celle de Rabat-Salé-Kénitra ».
 
Puisqu’on en est à la question du financement, qu’en est-il de celui du projet de dessalement de l’eau de mer ?

- « Le financement des projets de dotation en eau potable de Casablanca n’est pas qu’une affaire régionale. Une bonne partie des infrastructures dédiées à l’approvisionnement sont financés par le Ministère de l’Equipement et de l’Eau, le Ministère de l’Intérieur, les collectivités territoriales, et d’autres partenaires concernés. Si vous prenez, par exemple, le cas de la station de dessalement, qui sera située au Sud de Casablanca, entre la métropole et la ville d’El Jadida, cette station va disposer d’une capacité de traitement de 200 millions de m3 par an, dans une première phase. Cette capacité est appelée à être renforcée, par la suite, pour atteindre les 300 millions de m3. Ce projet ne sera pas financé par la Région de Casablanca, mais par l’Etat et est déjà bien avancé en termes de désignation du prestataire. Les éléments de l’appel à projet ont été bouclés et la présélection a été faite. Il y a trois groupements qui sont en lice. Nous connaîtrons, très prochainement, quel est le groupement qui va s’occuper de la réalisation de cette station, dont l’importance est indéniablement vitale pour la Région de Casablanca. Autre exemple, l’Office chérifien des phosphates (OCP) a financé seul un projet qui va contribuer à alimenter la ville d’El Jadida et ses environs en eau potable, fournie par une station de dessalement déjà existante à Jorf Lasfar. Ce projet est presque opérationnel. Le financement des infrastructures dédiées à l’approvisionnement en eau potable de la Région de Casablanca est, donc, un effort partagé par le Ministère de l’Equipement et de l’Eau, le Ministère de l’Intérieur, le Conseil régional de Casablanca, ainsi que d’autres intervenants. La question de l’alimentation en eau potable des habitants de la Région de Casablanca-Settat constitue, en effet, un enjeu socio-économique très important, la dotation en infrastructures et équipements dans ce sens nécessitant des financements très lourds.

- Qu’en est-il du traitement des eaux usées ?
 
- « Nous n’avons pas encore définitivement arrêté le schéma à ce sujet, mais nous travaillons sur un grand collecteur, au niveau de Médiouna et d’un collecteur moyen au niveau d’Al Anq, ainsi que d’autres stations à Mohammedia et autres agglomérations urbaines de la Région de Casablanca-Settat. Nous sommes en train de mobiliser des fonds pour ces projets de manière progressive. Par exemple, Concernant le projet de dotation de collecteurs pour la réutilisation des eaux usées, la Région de Casablanca-Settat y contribue, avec le Ministère de l’Intérieur et d’autres intervenants, notamment les collectivités locales concernées. Nous sommes toujours en phase d’évaluation de l’enveloppe que de tels équipements vont nécessiter, mais on l’estime à un chiffre de l’ordre de 3 milliards de dhs ».

- Quels sont les actions entreprises pour lutter contre les fuites au niveau du réseau de distribution et pour quelle efficacité ?

- « Tout ce qui est réseau de distribution de l’eau potable relèverait des sociétés régionales multi-services, qui vont se substituer aux régies. Une des principales préoccupations au niveau de la gestion du réseau est son efficience. Si vous prenez la Région de Casablanca-Settat, l’efficience du réseau situé dans le périmètre de la ville de Casablanca, pris en charge par la Lydec est meilleure que celle des autres réseaux, malgré quelques pertes. Dès qu’on sort dudit périmètre, on tombe à des niveaux d’efficience de l’ordre de 60 à 70%. Alors qu’il dépasse les 85% au niveau de la ville de Casablanca. Il y a, donc, des équipements à installer à ce niveau là, mais ce n’est pas le Conseil régional qui gère ses questions. Cela relève des régies de distribution, des concessionnaires des services délégués, comme c’est le cas de la ville de Casablanca, et des communes. Le Conseil régional contribue au financement de tels projets, comme c’est le cas avec la régie d’El Jadida.

- Que pouvez-vous nous dire au sujet des futures sociétés régionales multiservices ? Les gestionnaires délégués seront-ils également concernés ?
 
- « Les gestionnaires délégués, tel la Lydec, seront sûrement concernés par le transfert de leurs attributions aux futures sociétés régionales multiservices (SRMs). Le projet de loi à ce sujet n’a pas encore été discuté au parlement, et l’on ne sait donc toujours pas quels amendements peuvent y être apportés. Je tiens, toutefois, à préciser que le contrat de gestion déléguée de la Lydec court jusqu’à l’échéance 2026. Dans le schéma qui sera adopté par les SRMs, il n’est, d’ailleurs, pas exclu qu’une partie du réseau soit, quand même, concédée. La SRMs aura l’avantage de gérer et d’équiper l’ensemble de la région, puisqu’il existe encore des paries de cette région qui reste à équiper, notamment en ce qui concerne le réseau d’assainissement. C’est la partie la plus coûteuse et la moins rentable dans tout ce qui concerne les activités des régies et concessionnaires. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics et le Conseil régional contribuent à l’effort de financement. Quand ces SRMs verront le jour et prendront en charge les réseaux d’électricité, d’eau potable et de l’assainissement, il est important que le Conseil régional participe au capital et siège au conseil d’administration.

- Mobiliser plus de ressources en eau est sûrement indispensable, mais sensibiliser les populations à la rationalisation de la consommation d’eau est non moins important.
 
- « Concernant la sensibilisation des populations et usagers quant à la rationalisation de la consommation de l’eau potable, une partie de l’action est menée par le Ministère de l’Equipement et de l’Eau, à travers les mass-médias. Au niveau de la Casablanca, dans un cadre concerté avec le Conseil de la ville et la Lydec, il y a eu une réduction de la pression exercée sur le réseau de distribution de l’eau potable. Cette baisse de la pression, grâce à la réduction de la consommation, est ressentie par les habitants de Casablanca. Je pense que les régies ont emboîté le pas de ce qui s’est fait à Casablanca, en adoptant des mesures similaires. Il va falloir, par ailleurs, passer à une campagne de sensibilisation de proximité et ce afin que l’on soit plus conscient, nous citoyens, de la rareté des ressources hydriques et plus économes dans la consommation d’eau. C’est un effort à mener en commun, Conseil régional, Conseil de la ville, communes, régies et concessionnaire ».








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