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12C de l’OMC : Quels intérêts économiques pour le Maroc et l’Afrique ?


Rédigé par Kawtar CHAAT Dimanche 7 Août 2022

Tenant compte de la multiplicité des crises mondiales et de leur persistance, les membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) se sont entendus sur des résultats concrets lors de la 12ème Conférence ministérielle qui s’est tenue en juin dernier. Comment se répercutent ces négociations sur les intérêts africains et marocains ?



Les négociations ont abouti à six accords, déclarations et décisions ministérielles qui répondent à certains défis actuels, notamment la durabilité des pêches et des océans ainsi que les réponses aux pandémies et le renforcement de la sécurité alimentaire. Ces accords constituent un ancrage juridique des règles dans le commerce international. « C’est le respect de ces règles par tous les membres de l’OMC qui contribue à la stabilité et à la prévisibilité de l’environnement des affaires dans le monde», indique un rapport intitulé «Résultats de la 12èmeConférence ministérielle de l’OMC. Qu’y a-t-il pour l’Afrique et le Maroc ?», publié le 27 juin par le Policy Center for the New South (PCNS).

Synergies potentielles entre l’OMC et la ZLECAf

En effet, la relation de l’OMC avec l’Afrique ne se limite pas aux négociations récentes ou futures. Elle est profondément ancrée dans le travail quotidien de l’Organisation, à l’appui des objectifs des pays africains. Ces coopérations se traduisent par un soutien technique pour les négociations de la ZLECAf à la Commission de l’UA, ainsi qu’aux États membres de l’UA. « Ce soutien touche à de nombreux fronts tels que la préparation des listes tarifaires des biens et services pour le nouvel accord ou le renforcement des capacités sur l’importante question des règles d’origine, une partie nécessaire pour donner plein effet à la ZLECAf », explique le Policy Center.

Les ressources halieutiques au coeur des préoccupations

Conscients que le secteur de la pêche fait partie des principaux défis à relever pour réussir la ZLECAf, les membres de l’Organisation Mondiale du Commerce ont mis en avant l’importance de l’accord relatif au secteur de la pêche. L’un des objectifs de ces négociations est de permettre le maintien et le renouvellement des stocks halieutiques et d’assurer la pérennité des océans.

L’accord signé dans ce sens permet «d’atteindre le premier des objectifs de développement durable ou ODD des Nations Unies». En période de pêche illégale, l’application des lois sur la pêche est un défi de taille pour les États côtiers, qui manquent souvent de ressources nécessaires pour surveiller correctement leurs zones maritimes (eaux intérieures, mer territoriale, eaux archipélagiques et zone économique exclusive (ZEE)). Cela soulève la question de savoir si, et dans quelle mesure, d’autres États ou acteurs privés pourraient aider ou prendre en charge les fonctions d’application de la loi. Ainsi, dans le cadre des négociations, une attention particulière a été portée aux parallèles dans la pratique de la coopération interétatique et des partenariats public-privé.

Le nouvel accord de l’OMC donne donc à la communauté internationale les moyens légaux de lutter contre cette pêche illégale. Le deuxième objectif est de discipliner les subventions à la pêche qui coûtent entre 15 et 54 milliards de dollars par an, précise le rapport, notant que l’Afrique représente environ 6% des prises mondiales de poisson et possède certaines des côtes les plus poissonneuses du globe, tandis que le Maroc se classe au 15ème rang mondial et est le premier en Afrique avec une part d’environ 1,8% des captures mondiales.

Cet accord devrait également permettre le développement des infrastructures de connectivité nécessaires, faciliter celui des activités industrielles halieutiques et de logistique, et favoriser une dynamique économique interétatique .Ceci s’aligne avec les projets de développement lancés par le Maroc et son climat favorable à l’investissement, et devrait favoriser la place du Sahara marocain en tant que véritable base économique orientée vers le continent africain.

Sécurité alimentaire : le Maroc, acteur clé

S’agissant de la sécurité alimentaire, les ministres ayant pris part à cette conférence ont adopté deux déclarations importantes, l’une portant sur la sécurité alimentaire et l’autre sur la facilitation des travaux du Programme Alimentaire Mondial (PAM) sur l’aide alimentaire humanitaire.

Dans l’environnement de poly-crise actuel, cela revêt une importance capitale pour le continent : 35 pays d’Afrique importent de la nourriture et 22 autres négocient des engrais d’Ukraine, de Russie ou des deux. « C’est aussi une période de plus grande responsabilité pour le Maroc en tant qu’acteur clé de l’industrie des engrais dans le monde », assure le think tank marocain, notant qu’en 2020, le Maroc a exporté 3,42 milliards de dollars d’engrais dans le monde et qu’il demeure un fournisseur important de l’Éthiopie (253 millions de dollars), de Djibouti (242 millions de dollars), du Nigeria (136 millions de dollars), ainsi que d’une douzaine d’autres pays d’Afrique subsaharienne.

Les faibles niveaux de commerce intra-africain peuvent être stimulés par des initiatives de commerce et d’investissement ciblées et coordonnées dans l’ensemble du secteur agroalimentaire à travers l’Afrique, indique le rapport mettant en avant «les actions menées par le Maroc au Nigeria et en Éthiopie et qui sont des initiatives extrêmement importantes pour parvenir à une prospérité partagée». Le Policy Center s’est également félicité de l’expérience marocaine en matière d’e-commerce.

Le Royaume a amélioré sa politique dans ce domaine avec de nombreuses mesures de facilitation des échanges en ligne. Il bénéficie également d’une forte pénétration d’Internet (environ 82%). «Le Maroc pourrait être leader sur ce front tant à l’OMC qu’à la ZLECAf en ce qui concerne ses négociations sur le protocole de commerce électronique et numérique», relève-t-on.

Quid de la réponse à la pandémie ?

Annonçant l’adoption d’une déclaration ministérielle sur la réponse de l’OMC à la pandémie de la Covid-19 et la préparation à de futures pandémies en oeuvrant pour faciliter l’augmentation de la production de vaccins, le think tank souligne que de nombreux pays africains, dont le Maroc, le Rwanda, le Nigeria et l’Afrique du Sud, mettent en oeuvre des investissements volontaires pour accroître leurs capacités de fabrication de vaccins et répondre à leurs besoins nationaux en période de pandémie. L’accord en question et les avancées de ces pays pour le système commercial multilatéral constituent, ainsi, un coup de pousse pour le système commercial multilatéral.



Kawtar CHAAT









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