
Pour mon père, Feu Abed Laraki, ce moment ne fut pas seulement un tournant historique ; il fut, de manière intime et bouleversante, le jour où la vie lui fut rendue. Condamné à mort pour son engagement au sein du mouvement nationaliste, il fut gracié au tout dernier moment, à l’aube d’un Maroc qui reprenait en main son destin. Sa libération, intervenue dans les toutes premières heures du 16 novembre, résonnait comme l’écho d’une nation entière en train de renaître.
La veille, le 15 novembre 1955, la nouvelle du retour du Roi s’était répandue à travers tout le Royaume comme une onde de soulagement et d’enthousiasme. Dans les villes comme dans les campagnes, une ferveur sincère gagnait les esprits. Même derrière les murs épais de la prison de Fès, cette rumeur était parvenue jusqu’aux détenus. Mon père, alors âgé de vingt-deux ans, figurait parmi dix jeunes résistants condamnés à mort, comme le rapportait Le Courrier du Maroc en mars 1954.
La veille, le 15 novembre 1955, la nouvelle du retour du Roi s’était répandue à travers tout le Royaume comme une onde de soulagement et d’enthousiasme. Dans les villes comme dans les campagnes, une ferveur sincère gagnait les esprits. Même derrière les murs épais de la prison de Fès, cette rumeur était parvenue jusqu’aux détenus. Mon père, alors âgé de vingt-deux ans, figurait parmi dix jeunes résistants condamnés à mort, comme le rapportait Le Courrier du Maroc en mars 1954.
L’exécution, programmée pour le lendemain, n’eut pas lieu. La mobilisation populaire, la dynamique politique nationale, et un contexte international favorable poussèrent les autorités à suspendre les condamnations. Lorsque le Souverain, le Feu Roi Mohammed V, posa enfin le pied sur la terre marocaine, ce geste fut perçu par des milliers de familles comme un signal d’apaisement, un symbole de renouveau, de réconciliation et d’unité nationale. Mon père ne cessa de rappeler, dans une simplicité touchante, à ma mère : « Il fallait que l’univers tremble pour que la condamnation de mort devienne une promesse de vie. »
Une vie discrète, un engagement constant
Libéré, Feu Abed Laraki choisit de poursuivre son existence dans une grande simplicité, loin des honneurs ou de la reconnaissance publique. Fidèle à ses principes, il préféra l’action modeste au rôle de figure publique. Il faisait partie de cette génération de Marocains dont l’indépendance n’était pas un acquis à revendiquer, mais une responsabilité à honorer au quotidien, à travers l’éducation, le travail, et le respect des institutions.
Il ne chercha ni titres ni décorations, et son héritage se manifesta avant tout par l'exemple. Sa contribution, à l’instar de celle de tant d’autres Marocains de l’ombre, a œuvré à poser les pierres angulaires d’un pays uni, dans sa diversité, soucieux de justice et fidèle à son histoire.
Le 16 novembre 1955 : Renaissance d’un espoir collectif
L’exil du Feu Roi Mohammed V en 1953 fut une épreuve nationale, marquée par un profond attachement du peuple à la monarchie. La mobilisation pour son retour, initiée dans toutes les régions du Royaume, ne cessa de croître au fur et à mesure de son absence. Elle traduisa une volonté sans faille de maintenir la continuité historique de la monarchie et de préserver l’unité du pays.
Les pourparlers menés, notamment à Aix-les-Bains, entre les autorités françaises et les représentants marocains aboutirent à un accord historique qui permis de tracer la voie vers l’autonomie, tout en respectant l’institution monarchique. Le retour du Souverain en 1955, accueilli par une population en liesse, fut le prélude à une phase de transition vers l’indépendance, proclamée le 2 mars 1956. Cette période demeure aujourd’hui un socle fondateur de la stabilité du Royaume, illustrant la sagesse politique et la capacité du Maroc à allier continuité institutionnelle et volonté populaire.
Les pourparlers menés, notamment à Aix-les-Bains, entre les autorités françaises et les représentants marocains aboutirent à un accord historique qui permis de tracer la voie vers l’autonomie, tout en respectant l’institution monarchique. Le retour du Souverain en 1955, accueilli par une population en liesse, fut le prélude à une phase de transition vers l’indépendance, proclamée le 2 mars 1956. Cette période demeure aujourd’hui un socle fondateur de la stabilité du Royaume, illustrant la sagesse politique et la capacité du Maroc à allier continuité institutionnelle et volonté populaire.
Héritage d’un père, fidélité à une mémoire
Sept années se sont écoulées depuis la disparition de mon père. Pourtant, il demeure toujours vivant dans nos cœurs, dans nos gestes quotidiens, et dans notre regard sur le Maroc. Je suis né après ces événements historiques qu’il a vécus, mais je porte en moi ainsi que mes Frères et Sœurs l’héritage de ses valeurs : la dignité, l’engagement sans fard, la fidélité à la parole donnée, et un attachement profond aux principes fondamentaux de la Nation.
Dans un monde en perpétuelle évolution, où les repères se diluent parfois, rappeler ces parcours de vie n’est pas un geste de nostalgie, mais bien un acte de transmission. Non pour célébrer le passé, mais pour en faire une lumière dans la construction de l’avenir. Le Feu Abed Laraki n’a jamais cherché à briller sous les feux de la rampe, mais il incarna à sa manière une vision du Maroc : un pays debout, fidèle à ses racines, résolument tourné vers l’avenir, uni autour de ses institutions et porté par le souffle de ses enfants.
Que la mémoire de mon père, feu Abed Laraki, et son exemple continuent d'éclairer notre chemin collectif. Qu’Allah l’ait en Sa Sainte Miséricorde.