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​L’Afrique, la mer et l’avenir : la vision maritime de SM le Roi Mohammed VI


Rédigé par Said Tamsamani, analyste politique le Mardi 10 Juin 2025

Il y a des discours qui tracent des perspectives. Et d’autres qui marquent un tournant. Le Message adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux participants du Sommet “L’Afrique pour l’Océan”, tenu à Nice ce 9 juin 2025, appartient sans conteste à cette seconde catégorie. Lu avec solennité par SAR la Princesse Lalla Hasnaa, ce message n’est pas un simple plaidoyer écologique : c’est une véritable doctrine géostratégique africaine de l’océan.



Au cœur de cette intervention royale, une conviction puissante : l’Afrique ne peut plus se contenter d’être spectatrice de ses mers. Elle doit en devenir pleinement actrice. Le temps n’est plus à l’inventaire passif des richesses maritimes, mais à leur appropriation souveraine, stratégique et solidaire.
 

L’Océan, matrice d’avenir
 
Dans une analyse limpide et dense, SM le Roi déconstruit le paradoxe africain : des océans vastes, riches et cruciaux… mais sous-exploités, vulnérables, faiblement intégrés dans les dynamiques de développement continental. Face à ce constat, le souverain propose une relecture radicale du rôle maritime africain, articulée autour de trois piliers majeurs : la croissance bleue, la coopération sud-sud, et la synergie atlantique.
 
La croissance bleue, dans la vision royale, n’est ni une option verte ni une concession à la mode climatique. Elle est une nécessité vitale, un levier de souveraineté économique. Le Maroc en donne déjà la mesure à travers des projets structurants comme Tanger Med, Dakhla Atlantique ou Nador West-Med. Mais il s’agit d’aller plus loin, de bâtir un écosystème africain intégré : aquaculture durable, énergies offshore, biotechnologies marines… autant de secteurs appelés à constituer la colonne vertébrale d’une nouvelle économie du futur.
 

L’Afrique, ensemble ou absente
 
Mais une mer ne se gouverne pas en solitaire. D’où le second pilier : la coopération continentale. Dans un monde où les flux maritimes sont autant économiques que stratégiques, il ne suffit pas d’avoir un océan en partage : encore faut-il le penser, le sécuriser, le défendre ensemble. À cet égard, SM le Roi appelle de ses vœux une approche africaine unifiée, coordonnée et proactive : pour optimiser les chaînes de valeur, sécuriser les routes, défendre les intérêts africains sur la scène océanique mondiale.
 
Ce positionnement n’est pas une abstraction diplomatique. Il s’inscrit dans la démarche très concrète du Maroc, qui milite pour une gouvernance collective de l’Atlantique africain, tout en intégrant les pays du Sahel dans une vision solidaire et inclusive du désenclavement et de la connectivité régionale.
 

L’Atlantique africain, nouveau centre de gravité
 
Le troisième axe de cette vision est peut-être le plus ambitieux : faire de l’Atlantique africain un pôle stratégique mondial. Trop longtemps marginalisée, cette façade devient, dans la pensée royale, un nouvel épicentre de prospérité partagée, de projection géopolitique et d’intégration énergétique.
 
À travers l’Initiative des États Africains Atlantiques, le Maroc propose un cadre inédit, collégial, agile, pour transformer l’Atlantique en espace de sécurité, de mobilité, de dialogue. Le projet du Gazoduc Africain Atlantique, qui reliera le Nigeria au Maroc et à l’Europe, cristallise cette ambition : celle de connecter les économies, les ressources et les peuples autour d’un axe stratégique majeur.
 

Une Afrique maritime assumée
 
Ce message royal va bien au-delà d’un appel à la conscience écologique. Il trace les contours d’une Afrique maritime assumée, stratège, ambitieuse. Une Afrique qui ne subit plus les dynamiques globales, mais qui entend peser dans la gouvernance des océans. Une Afrique qui refuse d’être périphérique, et qui revendique son rôle de puissance bleue.
 
Le Maroc y prend toute sa part. Non seulement par sa façade maritime impressionnante — 3.500 km de côtes et 1,2 million de km² d’espace marin — mais aussi par sa capacité à penser les enjeux de demain, à les inscrire dans une diplomatie pragmatique, résolue, africaine.
 
Ce sommet de Nice restera peut-être dans l’histoire comme celui où l’Afrique, portée par une parole royale claire, a cessé de regarder l’océan comme un horizon lointain… pour en faire enfin le socle de son destin collectif.
 







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