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Union Africaine : Le Maroc renforce son poids au sein du Conseil de Paix et de Sécurité


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 7 Février 2022

Le Maroc a été élu en tant que membre du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine pour un mandat de trois ans. L’occasion pour le Royaume d’asseoir sa position dans cet organe stratégique de l’UA et d’y défendre ses intérêts et ceux de ses partenaires.



Fini l’époque de la chaise vide, le Maroc renforce son poids au sein des instances de l’Union Africaine après son retour triomphal en 2017. Le Royaume a fait son entrée au Conseil de Paix et de Sécurité, en y étant élu pour un mandat de trois ans, aux côtés de quatorze Etats membres.

Le Maroc et la Tunisie, rappelons-le, ont obtenu les deux sièges dévolus à l’Afrique du Nord. Lors de la 40ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, tenue du 2 au 3 février au siège de l’instance panafricaine à Addis-Abeba, le Maroc a obtenu le vote des deux tiers des voix. Il s’agit du second mandat du Maroc au Conseil, où il a déjà siégé entre 2018 et 2020.

Cette élection a été saluée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des MRE, Nasser Bourita, qui s’est réjoui que le Maroc soit élu avec une majorité aussi confortable, en dépit des tripotages de ses adversaires au sein de l’UA. L’élection du Maroc n’a pas manqué de faire grincer les dents en Algérie, dont l’Agence officielle de presse, APS, a manifesté indirectement sa contrariété en s’en prenant au Royaume sur la question du Sahara tout en s’efforçant de banaliser son élection au CPS.

Force est de constater que le rapport de force au sein de l’Union Africaine semble pencher en faveur de Rabat qui jouit, désormais, d’un soutien important, sachant que le Sénégal, allié de taille du Maroc, occupe la présidence tournante de l’instance panafricaine.

Cap sur une réforme indispensable

Après le renouvellement de ses membres et le retour du Maroc, le Conseil tourne ainsi la page des tripotages qui ont compromis sa réputation. Exploité comme une arme de nuisance par l’Algérie et sa poignée d’alliés, le Conseil a fait l’objet d’une instrumentalisation permanente pour impliquer de force l’Union Africaine dans l’affaire du Sahara.

Tout le monde se souvient de l’épisode de la réunion de mars 2021, où l’Algérie, secondée par le Kenya et l’Afrique du Sud, a tenté d’imposer, contre le gré des Etats membres du Conseil, un communiqué qui a voulu impliquer l’UA dans le processus de règlement du conflit régional. Or, le dossier est dévolu à la compétence exclusive du Conseil de Sécurité des Nations Unies et la plupart des pays africains en sont convaincus. Le départ de l’ex- sulfureux Commissaire à la Paix et à la Sécurité, l’Algérien Ismaïl Chergui, va certainement permettre au Conseil de travailler plus paisiblement. Les effets de ce départ sont là, pas aucune mention du Sahara dans les rapports de l’Union africaine cette année, selon les précisions de Nasser Bourita.

Covid-19, développement, sécurité… l’Afrique mérite mieux

Se prévaloir des institutions de l’instance panafricaine pour des agendas subversifs n’est plus toléré dans un continent qui a besoin d’une organisation forte pour faire face à des défis de grande ampleur. Raison pour laquelle le Maroc n’a eu de cesse de plaider pour une réforme profonde du CPS pour le mettre à l’abri des influences néfastes. Nasser Bourita l’a fait savoir au nouveau Commissaire de l’Union Africaine (UA) aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité, Bankole Adeoye, lors de la visite de ce dernier à Rabat, en novembre dernier.

Le chef de la diplomatie marocaine a réitéré cela à l’occasion de l’élection du Maroc au CPS. «Le Royaume du Maroc, dans les trois prochaines années, oeuvrera afin d’apporter sa contribution au Conseil de Paix et de Sécurité et continuera à travailler sur la réforme du Conseil afin qu’il fonctionne en tant que mécanisme d’alerte précoce, de diplomatie préventive et de résolution des crises, au lieu d’être un organe de réaction et de diffusion de communiqués», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Pour le Maroc, la vision est claire : il est urgent de se projeter vers les sujets prioritaires, à savoir la crise du Covid-19 dont le continent africain est le grand oublié. Sur ce point, Nasser Bourita a appelé à ce que la sécurité sanitaire soit au centre des priorités, tout en soulignant l’urgence de mettre en place une forte Agence de Santé spécialisée, dotée de tous les moyens devant lui permettre de répondre aux urgences sanitaires. En outre, dans le cadre de son mandat, le Maroc se montre déterminé à inscrire à l’ordre du jour d’autres sujets aussi importants tels que la sécurité nutritionnelle, l’agriculture et le développement socio-économique et du capital humain, des domaines où le Maroc a son mot à dire.



Anass MACHLOUKH

Trois questions à Driss Lagrini

Union Africaine : Le Maroc renforce son poids au sein du Conseil de Paix et de Sécurité

«Il est vital de préserver l’autonomie du CPS contre les tentations d’instrumentalisation»

 
Driss Lagrini, enseignant-chercheur à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech et expert en relations internationales, a répondu à nos questions sur l’élection du Maroc au Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine.


- Le Maroc a été élu au CPS pour un mandat de trois ans à la majorité des deux tiers des voix, quelle est votre lecture ?


- Il s’agit d’un exploit pour le Maroc qui continue de renforcer son poids au sein des instances décisionnelles de l’Union Africaine. Le fait que le Royaume soit élu si aisément reflète à quel point il est crédible aux yeux des Etats-membres de l’instance panafricaine, vu l’excellence des relations qu’il entretient avec la plupart des pays du continent. En étant présent dans une institution aussi sensible que le CPS, le Maroc atteint l’un des objectifs de son retour à l’UA en 2017. Ainsi, la diplomatie marocaine aura l’occasion de défendre ses intérêts, notamment ceux qui concernent l’intégrité territoriale du pays, de façon plus audible et plus efficace.


- Comment voyez-vous le mandat du Maroc dans les trois prochaines années ?


- Le Maroc est préoccupé par les sujets relatifs au développement de l’Afrique, la sécurité et la pandémie, et pour cela il plaide instamment en faveur d’une meilleure intégration régionale. Il s’agit de l’unique voie pour permettre au continent d’être à la hauteur des défis contemporains. N’oublions pas que l’Afrique demeure très fragile face à la montée du terrorisme au Sahel, l’instabilité politique avec les ingérences étrangères et l’urgence sanitaire. Par ailleurs, il est évident que le Maroc restera mobilisé pour défendre ses intérêts en ce qui concerne l’affaire du Sahara.


- Le Maroc plaide ardemment pour la réforme du Conseil, celle-ci est-elle réalisable compte tenu de l’état actuel des choses ?


- La réforme du Conseil de Paix et de Sécurité est d’autant plus nécessaire que l’Afrique n’a pas de temps à perdre dans les tripatouillages institutionnels. Je répète que les défis sont tels que l’UA doit mobiliser toutes ses institutions et les tenir à l’écart des tentatives d’instrumentalisation, comme ce que font l’Algérie et ses alliés pour impliquer l’UA dans l’affaire du Sahara alors que ce dossier est du ressort des Nations Unies. Il est donc vital de préserver l’autonomie du CPS contre les tentations d’instrumentalisation.

Recueillis par A. M.

 








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