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Transport maritime : Des déflecteurs de vent, pour réduire les émissions CO2


Rédigé par Mohamed ELKORRI Dimanche 11 Décembre 2022

Le transport maritime est l’un des secteurs les plus émetteurs de CO2, et il tarde à changer de cap en basculant aux solutions propres pour propulser sans générer des dégâts environnementaux. Les déflecteurs de vent demeurent toutefois une solution envisageable pour minimiser la consommation de carburant des navires.




Chaque pays du globe s’attèle sur sa transition énergétique, qui ne semble pas advenir de manière complète dans un futur proche. D’ailleurs, elle ne peut se concrétiser que par des moyens alternatifs, pour assurer la phase transitoire à laquelle le monde entier est censé faire face, tels que les réductions de la consommation de carburant et des émissions de gaz à effet de serre, qui conquièrent l’intérêt des acteurs économiques urbi et orbi. Lors de la conférence mondiale pour le climat à Charm El-Cheikh, plusieurs pays ont demandé à l’Organisation Maritime Internationale (OMI) d’être plus ambitieuse et de viser le « zéro carbone » d’ici à 2050.

En réalité, les navires risquent plutôt de multiplier ces émissions par deux, en raison des volumes crescendo de fret. Dans son rapport annuel, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) souligne que si le secteur du transport maritime veut respecter ses engagements, il faudrait qu’il change ses pratiques, à commencer par l’énergie utilisée pour faire avancer les navires. Une révolution qui n’a pas encore commencé. Le transport maritime est responsable d’environ 3% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Les professionnels doivent adopter des solutions propres.

En début de cette semaine, l’ONU s’inquiétait du retard de la marine marchande dans la transition énergétique, car les émissions de carbone de la flotte mondiale ont augmenté de 4,7% entre 2020 et 2021 (à 849 millions de tonnes fin décembre 2021), selon une étude publiée par l’Organisation.

Les navires propulsés au GNL sont-ils polluants ?

Les navires, dont beaucoup fonctionnent encore au fioul lourd, transitant sur l’Europe, devront payer 100% de leurs émissions, et ce pourcentage passe à 50% pour ceux voyageant vers ou depuis des pays tiers (hors d’Europe). Les émissions polluantes autres que le CO2 (méthane et oxyde d’azote) seront également soumises à l’obligation d’achats de quotas à partir de 2027 : les navires fonctionnant au Gaz Naturel Liquéfié (GNL) devront eux-aussi payer pour ce qu’ils émettent. « Un signal clair que le GNL n’est pas une solution propre pour le transport maritime », retient l’association Transport & Environnement (T & E).

Des déflecteurs de vent pour alléger la consommation de carburant des navires

Le ONE Trust est un porte-conteneurs de plus 20.170 EVP, qui appartient à l’armateur japonais Ocean Network Express (ONE). Il l’exploite entre Asie et Europe du Nord. Récemment, l’armateur a équipé son porte-conteneurs d’un pare-brise peu ordinaire. Mais un autre est déjà en cours d’installation. ONE soutient que ce singulier appareillage permet de réduire la consommation de carburant jusqu’à 4%.

L’équipement joue le rôle d’un pare-brise et vise à améliorer l’aérodynamisme du navire, et donc à réduire sa consommation de carburant et ses émissions de gaz à effet de serre. Ce dispositif est testé dans le cadre de la stratégie de transition énergétique de l’armateur alors que la compagnie réfléchit aux moyens de réduire son empreinte carbone et de respecter la réglementation environnementale qui va entrer en vigueur. Il est le premier des navires de l’armateur japonais à être doté d’un déflecteur de vent. L’installation a été réalisée au chantier naval de Qingdao Beihai, en Chine, alors que le navire avait été construit par le sud-coréen Samsung Heavy Industries (SHI) en 2017.

Les professionnels marocains pourraient-ils équiper leurs navires de cet appareillage ?

« L’Opinion » a pris contact avec Abdelali Okacha, pilote marin marocain, qui affirme également l’utilité des déflecteurs de vent ou des pare-brises. «Un déflecteur de vent est conçu pour réduire la prise de vent de face du navire, et par conséquent il réduit sa consommation en carburant», at- il affirmé.

En outre, cet équipement peut être utilisé sur toute sorte de navire, marchand ou de pêche. «A vrai dire, le déflecteur de vent est un dispositif qui peut être utilisé sur tout type de navire de commerce, sauf ceux qui utilisent un masque ou une rampe d’étrave qui pourrait entraver leur ouverture», a ajouté notre interlocuteur. Pour précision, les navires de pêche peuvent être équipés de déflecteur de vent, mais serait-il vraiment utile pour atteindre l’objectif de réduction de consommation de carburant ? «C’est une question qui ne peut être résolue que par des tests aérodynamiques sur des prototypes ou sur des simulateurs imitant la réalité», précise Abdelali Okacha.

Les navires de pêches au Maroc

Selon l’Observatoire halieutique, le Maroc dispose de 16.689 barques, 25 chalutiers pélagiques, 1.784 navires, 237 chalutiers céphalopodiers et 60 chalutiers crevettiers. Cette même flotte est relativement jeune puisque la moyenne d’âge des bateaux est de 16 ans, selon un rapport récent de l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), publié mercredi 7 décembre, intitulé «L’état de la Méditerranée et de la mer Noire au titre de l’année 2022».

Le même rapport indique l’âge des navires des pays méditerranéens. Le Maroc possède la flotte la plus jeune, avec une moyenne d’âge de 16 ans, suivi par l’Égypte (17 ans), la Roumanie (18 ans) et la Turquie (21 ans). En revanche, les navires de pêche les plus anciens sont ceux d’Israël (49 ans), de la Slovénie (43 ans), de la Croatie (41 ans) et de l’Albanie (39 ans).

Bien que l’âge des flottes de ces derniers pays peut être un sujet de préoccupation pour la sécurité. Le Maroc détient la plus forte augmentation en pourcentage en mer Méditerranée (24.900 tonnes, contribuant à 3,3% de tous les débarquements méditerranéens), qui augmente sa contribution de 7,3% par rapport à la période 2016-2018.



Mohamed ELKORRI


Les bienfaits de la réduction de la consommation de carburant de navire
 
Dans l’absence de chiffres précisant les prix du gazole marin au Maroc, il convient de savoir qu’en Europe tout comme au Maroc, la crise énergétique et la hausse des prix sont presque aux mêmes niveaux. L’Exécutif européen a présenté, le 21 novembre lors du Conseil « Agriculture et pêche », différentes mesures permettant d’accélérer la transition écologique dans un secteur miné par la crise de l’énergie. La hausse des prix des carburants menace la « viabilité » du secteur.

Selon les travaux de la Commission, chaque augmentation du prix du gazole marin de 10 centimes d’euros, engendre une perte de rentabilité de la flotte européenne de 188 millions d’euros. Ces coûts représentent parfois la moitié des dépenses des navires.
 








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