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The Atlantic Dialogues : Faire entendre la voix de l’Atlantique dans le monde


Rédigé par Malak EL ALAMI Lundi 19 Décembre 2022

La 11ème édition des Atlantic Dialogues a pris fi n ce vendredi 16 décembre. Les chercheurs et les intervenants ont abordé lors de ces trois jours plusieurs thématiques, notamment les perspectives de coopération entre le Nord et le Sud, compte tenu de la crise multidimensionnelle qui touche le monde actuellement.



S’agissant du premier panel sur la lutte contre les inégalités, Serigne Gueye Diop, ministre- Conseiller du Président de la République du Sénégal a saisi l’occasion pour partager son expérience en tant que maire de la ville de Sandiara et les projets menés sur les inégalités d’accès à l’eau, à l’éducation et aux opportunités d’emploi, appelant à la « correction » de celles-ci. De son côté, Maria Teresa Fernández de la Vega, présidente de la Fondation Women for Africa, Espagne, a souligné la nécessité de mettre n aux inégalités de genre, particulièrement, en Afrique et en Amérique Latine.

Selon elle, « Nous n’utilisons pas une partie de notre capital humain qui est présentée par les femmes », beaucoup d’opportunités économiques et sociales sont perdues à cause de la discrimination envers les femmes, pour ce, insiste-t-elle, « les femmes africaines et latino-américaines doivent s’unir ».

De son côté, João Vale de Almeida, Ambassadeur de l’Union Européenne au Royaume-Uni, a affirmé qu’ « il existe encore une immense dimension d’inégalité dans l’Union Européenne », à savoir « des inégalités basées sur le genre, les revenus, les régions, parce que nous ne sommes pas un territoire totalement homogène ». Il a abordé, dans le même sillage, le rôle des Etats sociaux en Europe, en l’occurrence, les progrès en matière de protection sociale et de développement humain réalisés dans la plupart des pays européens.

Perspectives Nord-Sud dans un monde bouleversé

Dans la même optique, un AD talk a réuni André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de France, au sujet des perspectives Nord-Sud dans un monde fragmenté. Lors de cet échange riche et constructif, Azoulay a exprimé son appréciation de la démarche adoptée par le Maroc dans la gestion des multiples crises survenues ces derniers temps, et a affirmé la réussite du royaume en la matière.

Pour lui, « Le Maroc a eu la chance de faire les bons choix et de faire en sorte que ce pays, qui n’est pas forcément le mieux doté en termes de ressources et de matières premières, trouve une cohérence, une gouvernance, une stabilité et un leadership qui ont imposé un modèle de société qui fonctionne ». Et d’ajouter, « C’est en Afrique, c’est en terre d’Islam, c’est au Maroc, au Maghreb et en Afrique du Nord et ça marche ».

Pour sa part, Hubert Védrine a cité les nombreuses opportunités de coopération entre le Maroc et la France, malgré l’existence de divergences sur certaines questions, comme celles de la migration et des visas. Il a déclaré à cet égard que « La mondialisation rebat les cartes pour tout le monde, pour le Maroc comme pour la France. Avant de dire cela, il faut rappeler que l’Histoire de la France et du Maroc sur le long terme est exceptionnelle ». Il convient de noter, à cet égard, que la che e de la diplomatie française a annoncé, lors de sa visite au Maroc ce vendredi, la reprise de l’activité consulaire.

Maroc et Atlantique

Le dernier Ad talk sur le Maroc et l’Atlantique a été animé par Fouad Yazourh, Directeur Général des Relations Bilatérales et des Affaires Régionales au ministère des Affaires étrangères et Aziz Boucetta, fondateur de Panorapost Maroc. La discussion s’est penchée essentiellement sur le rôle des États atlantiques africains.

En répondant à une question sur une potentielle contribution européenne à l’initiative des États africains de l’Atlantique, Fouad Yazourh a affirmé que la priorité devrait être accordée à la clarification de la vision africaine, et que « Le travail actuel est un travail afro-africain. Nous nous organisons pour aller vers le monde. Nous n’allons pas chercher à faire de la pédagogie avec l’Europe ou un autre continent avant de comprendre nos propres objectifs en tant qu’Africains ».

« Nous entendons, nous écoutons, nous donnons la parole aux chercheurs de toutes les régions de l’Atlantique », les Atlantic Dialogues ont fini en beauté, avec ces propos avancés par Karim El- Aynaoui, Président Exécutif du Policy Center for the New South. Dans son mot de clôture, le Président a salué l’ensemble des intervenants et a appelé, dans le même sens, à l’élaboration de nouvelles méthodes de coopération .



Malak ELALAMI


« La conjoncture actuelle nécessite la coopération, sans coopération, nous ne pouvons pas nous en sortir »
 
Ana Palacio, ancienne ministre des Affaires étrangères d’Espagne a répondu à nos questions en marge de la 11ème édition des Atlantic Dialogues tenue à Marrakech.


- Quel serait l’impact de l’événement auquel nous assistons aujourd’hui sur les relations Sud-Nord ?

- D’abord, il convient de rappeler que nous assistons, aujourd’hui, à l’un des rares forums qui se focalisent sur le bassin atlantique Nord et Sud. D’un avis personnel, j’estime que cela représente un intérêt fondamental, étant donné que parmi plusieurs autres forums qui s’intéressent à la même question, c’est le seul événement qui prend le bassin atlantique comme centre avec la Méditerranée.


- Le monde traverse actuellement de nombreux bouleversements géopolitiques et économiques, notamment de grandes pressions inflationnistes. Quel est, selon vous, le modèle à suivre pour échapper à cette pression ?

- Le problème, c’est que nous avons eu la tempête parfaite, le monde a connu beaucoup d’événements, l’inflation galopante qui a dévoré les économies mondiales, et les bouleversements dans les marchés de l’énergie, tout cela a fait entailler de nouveau la question de la sécurité alimentaire. Je crois que ça serait intéressant de se fixer sur la problématique de l’inflation, mais pas pour une vision générale. L’inflation n’est que la goutte qui a fait déborder le vase, il faut adopter une perspective globale qui nous permettra d’engager davantage les pays de Sud qui contribueront de leur part à trouver des réponses à plusieurs questions. La conjoncture actuelle nécessite la coopération, sans coopération, nous ne pouvons pas nous en sortir.


- Après un chapitre de tension diplomatique entre Rabat et Madrid, quel est votre constat sur l’avancement de la coopération bilatérale entre les deux pays ?

- Les crises ont eu des aspects positifs, et la crise à multiples facettes que nous avons traversée a favorisé le réalisme entre L’Espagne et le Maroc. Nous sommes sortis de cette crise avec une perspective plus claire qui a permis aux deux partenaires de définir les champs de collaborations. Si nous prenons l’énergie à titre d’exemple, le Maroc a particulièrement misé sur les énergies renouvelables, solaires, l’hydrogène vert pour le futur. Dans le contexte de pénurie énergétique que subissent une majorité des pays subsahariens, il y a clairement une opportunité de création de réseaux d’approvisionnement d’électricité et d’hydrogène dans le futur vers le Sud, à laquelle l’Union Européenne devrait contribuer.



Recueillis par M. E.