Nous sommes à quelques dizaines de kilomètres de Casablanca, dans la commune de Sidi Hajjaj-Oued Hassar, en bordure de l’axe autoroutier, là où la campagne commence à céder le pas à de nouveaux quartiers en expansion. C’est dans ce décor en pleine transformation que prend forme le cimetière Al Ihssane, le plus grand de la région Casablanca-Settat, une nécropole moderne de 118 hectares, censée combler le déficit de lieux d’inhumation face à la dégradation des anciennes structures, en particulier le cimetière Al Ghofrane, devenu exigu et surchargé.
Au cœur de ce chantier, le béton prend forme, les allées se dessinent et les premiers bâtiments sortent de terre. Depuis quelques mois, le site s’est transformé en une véritable fourmilière de camions qui décharge le gravier, le béton et le bitume tandis que des équipes d’ouvriers s’affairent sous le regard de quelques habitants, curieux de voir ce projet changer le sort de leur commune.
« On attend ce cimetière depuis des années », lance d'emblée Mohammed, 52 ans, natif de Sidi Hajjaj. « Al Ghofrane est devenu trop petit car le nombre de défunts dépasse la capacité d’accueil, ce qui complique l’enterrement de nos parents dans la dignité. Al Ihssane va soulager ce besoin...».
Les derniers délais vont vite maintenant. Avec 65% d’avancement, l'œuvre est quasi achevée. En ce mois de juin, nous pouvons déjà voir les principaux cheminements, le bâtiment administratif, la future mosquée, le parking et le mur d’enceinte. La silhouette des allées bordées d’arbres se précise, tandis que le système d’éclairage, installé sur des panneaux solaires, commence à s’implanter. Cette option, inédite dans ce domaine, répond non seulement à une exigence d’efficacité, mais s’aligne également sur une politique de développement durable.
Sur le chantier, l'un des topographes présent ce jour souligne ce choix stratégique : «Avec l’éclairage photovoltaïque, le cimetière sera autonome en énergie, ce qui est plus économique sur le long terme et plus respectueux de l’environnement».
Le projet prévoit 43.230 sépultures, ce qui garantit, d’après le schéma directeur de la région Casablanca-Settat, une capacité suffisante jusqu’en 2050. Cette grande nécropole sera donc plus qu'un simple cimetière. Ce sera le principal lieu d’inhumation de Casablanca et de ses environs. Un bâtiment administratif, une salle de prière, des locaux techniques, des allées arborées, des parkings… toutes les commodités seront également présentes afin d’accueillir les familles dans le respect, le recueillement et la paix.
Au-delà de l’aménagement des lieux, le projet s’est fixé des objectifs de modernité, de sécurité et de simplicité d’entretien. Un système de vidéosurveillance sera installé afin d’assurer la paix des lieux, tandis que le choix de l’énergie renouvelable souligne le changement de paradigme en matière de politique urbaine. La création de ce cimetière s’est accompagnée de la déviation de certaines voiries, afin de faciliter l'accès des citoyens, et d'un programme d’aménagement de l’environnement, avec la plantation de milliers d’arbres.
Houda BELABD
Les habitants, enfin soulagés...
Les habitants de Sidi Hajjaj espèrent que ce projet contribuera non seulement à assurer une inhumation digne de leurs défunts, mais également à valoriser leur commune. « Avec ce cimetière, la région prend de l’envergure », poursuit Mohammed. « On va voir de nouvelles routes, de l’éclairage, de l’aménagement… C’est tout le voisinage qui en bénéficie ».
Les délais sont tenus. La livraison est prévue avant la fin de l’année 2025. Cette échéance souligne l’efficacité des équipes sur le chantier, tandis que la maîtrise d’ouvrage, soutenue par la Région, la préfecture de Médiouna, la commune de Sidi Hajjaj-Oued Hassar et la société Autoroutes du Maroc, garde le cap, en dépit des contraintes techniques.