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Actu Maroc

PCNS : Des mesures de réintégration des travailleuses saisonnières sont recommandées


Rédigé par Mohamed ELKORRI Mardi 29 Novembre 2022

Les travailleuses saisonnières marocaines en Espagne réalisent d’importants revenus, et un accompagnement et une connaissance de gestion financière pourraient aider ces jeunes femmes à être des entrepreneures à leur retour au Maroc.



Le Policy Center for the New South (PCNS) vient de publier un rapport qui met en lumière ses recommandations pour favoriser une meilleure expérience de réintégration des travailleuses marocaines saisonnières. D’année en année, l’évolution du flux des migrants internationaux au Maroc connaît une cadence haussière.

En effet, le nombre des migrants au Maroc a doublé entre 2005 et 2020, après au moins 15 ans de stagnation entre 1990 et 2005, passant respectivement de 55.000 à 102.000, soit un peu moins de 0,5% de la population totale du pays. En termes d’origine, plus d’un tiers des immigrés sont des Français (37%). Un autre tiers est partagé entre sept pays, à savoir : 14% d’Algériens, 4% d’Espagnols, 3,6% de Syriens, 2,7% de Tunisiens, 2% d’Italiens, de Congolais et d’Égyptiens.

En 2019 et 2020, plus de 11.000 contrats de travail ont été visés au profit de salariés étrangers, dont 77% pour des salariés exerçant dans le secteur des services, 13% dans l’industrie, et 10% dans le bâtiment. La part des Français dans les contrats visés représente presque un tiers (29%), seulement 3% ont profité à des Espagnols et 8% à des Chinois.

Emigration marocaine pour raison de travail

Pour ce qui est des placements à l’international, les services de l’ANAPEC ont fait bénéficier 7.260 personnes d’un emploi à l’étranger en 2020 contre 15.268 en 2019, soit une régression de presque la moitié, en raison des mesures restrictives de mobilité et de fermeture des frontières. En revanche, la répartition des travailleurs marocains à l’étranger selon la destination, la représentativité féminine et sectorielle n’a pas beaucoup changé.

L’Espagne reste la destination de la quasi-totalité de ces travailleurs dans le cadre du placement à l’international réalisé par l’ANAPEC, soit plus de 97%. En outre, la quasi-totalité des personnes placées sont des femmes (98%), travaillant principalement dans le secteur de l’agriculture.

Travailleuses saisonnières

Selon le policy paper intitulé «Migration circulaire et intermédiation: enseignements tirés de l’expérience des travailleuses marocaines saisonnières en Espagne», la quasi-totalité des travailleuses saisonnières marocaines dans ce pays ibérique, près de 95%, sont satisfaites de leur salaire, et près de la moitié touchent entre 1000 et 1500 euros par mois. La répartition des revenus au retour est centrée sur des dépenses d’ordre familial : le ménage, les enfants, la maison. 71% des femmes interrogées ont coché la case correspondant à l’achat de vêtements pour les enfants et 60% pour la scolarité des enfants.

Seulement la moitié d’entre elles engagent leurs économies dans l’aménagement de la maison, indiquait une étude de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Quelque 7% économisent 50.000 DH, 11% mettent de côté 40.000 DH, 18% atteignent 30.000 DH, 14% arrivent à 25.000 DH et 6% à 15.000 DH. Cette somme étant étroitement liée à la durée de leur séjour en Espagne, indiquait l’étude. Comme la majorité d’entre elles reviennent au Maroc avec 25.000 dirhams (environ 2500 euros) et plus, et 97% des travailleuses se sentent plus confiantes, sûres d’elles, libres et émancipées, d’un point de vue professionnel, précise le policy paper.

Accompagnement des travailleuses marocaines

Cette prise de confiance de ces jeunes femmes est motivée par le fait qu’elles ont pu réaliser des revenus financiers permettant de faire des économies. Or, elles ont besoin d’un accompagnement, si l’on sait qu’elles ne sont employées que moins de six mois dans l’année dans l’agriculture. Une période qui reste relativement peu rémunératrice.

Ces travailleuses saisonnières, une fois rentrées au Maroc, pourraient contribuer au développement social et économique à l’échelle nationale, vu leur aptitude à combiner les compétences acquises et l’épargne générée en Espagne pour créer leurs propres activités économiques et avoir, par la suite, la possibilité d’employer des membres de leurs familles et de leurs communautés.

Le PCNS prône l’accompagnement des saisonnières marocaines en matière d’alphabétisation nancière, ainsi qu’en matière de création et post-création, d’activités génératrices de revenus pour elles. En outre, il faut envisager des mesures de réintégration globale avant même que les travailleuses saisonnières ne quittent le Maroc, et ce, pour qu’elles puissent avoir une idée sur leur vie après leur retour au pays. Car elles deviennent, en effet, plus actives (73% disent avoir poursuivi leur activité), connaissent des évolutions de salaire (26%), changent d’activité (25%), exercent des activités génératrices de revenus dans les domaines du commerce ou de l’agriculture, etc.

Notons que 58% souhaitent être formées au montage de petites et moyennes entreprises, souligne le document. L’orientation et la formation professionnelles des travailleuses saisonnières avant l’émigration permettraient de mieux les préparer à la réintégration sur le marché du travail ou à la création de petites entreprises à leur retour, et ces mesures devraient donc être intégrées dans le cadre des accords de travail, ce qui permettrait de poser les bases pour une éventuelle coopération internationale dans l’accompagnement des saisonnières marocaines.

Les conclusions du PCNS

Les recommandations du PCNS se résument en la promotion de l’utilisation des compétences, des aptitudes et des ressources acquises tout au long du cycle migratoire, l’orientation et la formation professionnelles de ces femmes avant l’émigration afin de mieux les préparer à la réintégration sur le marché du travail ou à la création de petites entreprises une fois de retour et la coopération et la coordination entre les pays d’accueil et de destination. S’ajoutent également la certification, la portabilité et la reconnaissance des compétences étant donné que la quasi-totalité des travailleuses saisonnières sont peu qualifiées mais acquièrent pourtant de nouvelles compétences professionnelles et sociales en travaillant à l’étranger, puis la programmation et les prestations relatives au retour et à la réintégration.



Mohamed ELKORRI


 


Que fait l’ANAPEC pour la phase de retour ?
 
L’activité de la Division des placements à l’international relevant de l’ANAPEC a été longtemps concentrée sur la migration saisonnière agricole, qui a représenté des taux supérieurs à 95% depuis la création de ladite Division.

Aujourd’hui, l’ANAPEC propose des accompagnements pour la phase du retour. Il s’agit principalement des prestations au profit des travailleuses saisonnières en migration circulaire porteuses de projets en assurant un accompagnement à la réalisation d’enquêtes métier et accompagnement au financement de projet en organisant des ateliers de développement personnel, et de sensibilisation à l’entrepreneuriat, de formation à la petite comptabilité et d’initiation au business plan, de verbalisation de l’idée de projet, de construction et de réalisation du projet.
 



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