"Dembélé Ballon d'Or ? Pas si vite : pourquoi Vitinha et Hakimi le méritent plus
L’attaquant a réalisé une saison remarquable, mais il n’a pas été le joueur le plus déterminant dans le triplé historique du PSG.
On peut dire ce que l’on veut du Ballon d’Or, mais la cérémonie de l’an dernier fut incontestablement un grand moment de théâtre. Les organisateurs ont toujours affirmé que personne ne connaissait le nom du vainqueur avant l’annonce, mais cela n’a pas empêché le Real Madrid de boycotter l’événement, après avoir appris que Rodri avait devancé Vinícius Jr de justesse.
« Il est clair que le Ballon d'Or-UEFA ne respecte pas le Real Madrid », avait alors confié une source du club à AS. Un spectacle aussi peu digne qu’amusant, surtout quand on se souvient que ce même Real Madrid a été nommé "Équipe de l’année" lors de la cérémonie qu’il boudait.
Cependant, la victoire surprise de Rodri a laissé entrevoir une chose : les votants ne sont peut-être plus aussi obsédés par les attaquants qu’auparavant. Alors, pourrait-on assister à une nouvelle surprise cette année ?
Ousmane Dembélé apparaît comme le favori logique après avoir terminé meilleur buteur du PSG lors de son triplé historique. Mais le Français a-t-il réellement été le meilleur joueur de l’équipe la saison passée ? D’un point de vue purement sportif, Vitinha ou Achraf Hakimi ne seraient-ils pas des lauréats plus méritants ?
Les statistiques de Dembélé la saison dernière sont, il est vrai, impressionnantes. Il a bouclé l’exercice 2024-2025 avec 37 buts et 16 passes décisives, toutes compétitions confondues, club et sélection réunis. Ce total inclut notamment des réalisations décisives face à Manchester City, Stuttgart, Liverpool et Arsenal lors de la campagne victorieuse en Ligue des Champions. Présent dans les moments clés, il a indéniablement répondu aux attentes.
Cependant, il ne faut pas oublier qu’il n’a véritablement flambé qu’à partir de janvier : 35 de ses 51 contributions décisives en club sont intervenues après le Nouvel An. Luis Enrique en a d’ailleurs plaisanté : « Il faudrait demander à Ousmane ce qu’il a mangé à Noël ! ».
Dans l’euphorie de cette renaissance, on occulte aussi un peu vite qu’il avait été écarté du groupe pour des raisons disciplinaires lors du match contre Arsenal en Ligue des Champions, et expulsé contre le Bayern Munich en novembre — une défaite qui avait failli coûter l’élimination au PSG. Une saison remarquable, certes… mais réellement aboutie sur seulement six mois.
Le vrai moteur de la machine
Au-delà de tout, Ousmane Dembélé n’a tout simplement pas atteint le même niveau d’excellence et de régularité que Vitinha ou Achraf Hakimi. Ces deux derniers peuvent légitimement revendiquer le statut de meilleurs joueurs du monde à leur poste, ce qui n’est absolument pas le cas de Dembélé. La saison passée, plusieurs attaquants européens ont affiché une constance supérieure à la sienne : Mohamed Salah, Raphinha, Harry Kane ou encore Kylian Mbappé en ont les statistiques pour le prouver. Et jamais Dembélé n’a offert ces éclairs de génie avec lesquels un Lamine Yamal a ébloui la planète.
Par ailleurs, s’il a souvent conclu les actions et mené le pressing avec brio, Dembélé n’a pas été le seul attaquant parisien à se distinguer. Khvicha Kvaratskhelia et Désiré Doué ont, eux aussi, été exceptionnels.
La vérité est ailleurs : Vitinha et Achraf Hakimi étaient les véritables rouages de la machine à gagner de Luis Enrique. Les architectes de l’ombre, sans qui les exploits de Dembélé n’auraient tout simplement pas été possibles.
Hakimi, le footballeur total
Trent Alexander-Arnold a beau affirmer vouloir devenir le premier arrière droit à remporter le Ballon d’Or, s’il y a bien un joueur capable de réaliser cet exploit, c’est Achraf Hakimi. Il évolue tout simplement dans une autre dimension que ses pairs. La saison dernière, en Ligue des Champions, le Marocain a été le joueur ayant récupéré le plus de ballons (110) et le défenseur le plus décisif d’Europe, avec neuf contributions directes (buts et passes).
Hakimi incarne le footballeur total, à l’aise dans toutes les zones du terrain, avec ou sans ballon. Il est devenu un élément indispensable, aussi bien dans la défense du PSG que dans son animation offensive.
« Hakimi n’est pas vraiment un latéral », reconnaissait Luis Enrique le mois dernier. « Il a une totale liberté. Avec le ballon, il peut être tout ce qu’il veut ». En résumé, il n’existe aujourd’hui aucun défenseur plus créatif, plus complet et plus influent que lui dans le monde.
Vitinha, le véritable patron
Mais s'il y a bien un joueur qui fait tourner le PSG, c'est Vitinha. Bien sûr, le meneur de jeu portugais est admirablement entouré par son compatriote João Neves et l'élégant Fabián Ruiz. Mais c'est bien lui qui fait le lien dans toute l'équipe, le véritable patron du milieu de terrain.
La saison dernière en Ligue des Champions, il a été le joueur ayant réussi le plus de passes (1294), avec un taux de réussite ahurissant de 93,6 %. Une statistique d'autant plus impressionnante pour un joueur qui prend autant de risques et cherche constamment à casser les lignes. Car Vitinha n'est pas un simple métronome : il a créé autant d'occasions que Jude Bellingham ou Vinícius Jr (23).
Mais son influence ne s'arrête pas là. Il se classe également troisième pour les ballons récupérés (86) et les interceptions (21). Et il a été élu "Homme du match" à trois reprises lors de la phase à élimination directe, plus que n'importe quel autre joueur.
On comprend mieux pourquoi Luis Enrique est tombé sous son charme. Il le décrivait déjà comme le meilleur joueur du PSG alors que Mbappé était encore au club, et son importance n'a fait que croître. « Il est unique », déclarait le coach en février. « Il gère le ballon à la perfection, ne le perd pas. Il est fort physiquement, mentalement, et il incarne le milieu de terrain parfait ».
Le risque d’une dispersion des votes
Ousmane Dembélé, malgré toutes ses qualités, est encore loin d’être parfait. Et bien que sa transformation depuis le début de l’année mérite d’être saluée, Achraf Hakimi et Vitinha ont joué des rôles bien plus importants dans le sacre européen tant attendu du PSG.
Bien sûr, ce fut avant tout le triomphe du collectif, d’un club qui a enfin compris la valeur de l’équipe plutôt que celle des individualités. Par conséquent, le PSG présente plusieurs candidats crédibles au Ballon d’Or. Et c’est peut-être là que le bât blesse pour Dembélé, Hakimi et Vitinha : le risque qu’ils se cannibalisent et se prennent des points les uns aux autres est réel, ce qui pourrait faire les affaires du chouchou des médias, Lamine Yamal.
Le rédacteur en chef de France Football l’avait d’ailleurs souligné l’année dernière : « Vinícius a probablement souffert de la présence » de ses coéquipiers Jude Bellingham et Dani Carvajal dans le top 5, ce qui a divisé le "vote madrilène".
Alors, aurons-nous un vainqueur surprise en 2025 ? Avec Hakimi et Vitinha qui présentent des candidatures plus solides que le favori Dembélé, c’est tout à fait possible. Mais nous ne le saurons que le soir de la cérémonie… ou peut-être un peu plus tôt, si le PSG décide d’imiter le Real Madrid et de bouder l’événement !
