Verbatim : « J’invite les femmes marocaines, à travers la femme istiqlalienne, à être pour la parité, et plus grandes que la parité »
Dans son modeste salon, nous respirons l’Histoire marocaine. Fauteuils en bois dur incrusté de nacre, une énorme fontaine en zellige traditionnel marocain, plafonds en plâtre sculpté style fassi.
Peu courant dans les registres de l’état civil, son prénom n’a pas échappé à nos questions :
Que signifie le prénom Khnata ?
- (Riant, émue par cette question inattendue de sa part). Ce prénom m’a créé des soucis au début de ma carrière, au Moyen-Orient. Les orientalistes trouvaient que mon prénom ne me représentait pas. Littérairement, Khnatha vient du mot « Khonth » qui signifie « transexualité ». Pour me présenter, je leur répondais souvent par l’une des deux significations suivantes :
Après tout, ce corps qui porte ce prénom est hanté par le possible et l’impossible, la recherche du cœur et de l’essence des objets et de l’abstrait. Je suis une femme obsédée par l’amour de la connaissance, où qu’elle soit. C’est ça Khnata Bennouna !
Mes parents m’ont choisi ce prénom qui appartenait à ma grand-mère paternelle.
Que représente la cause féminine pour vous, en tant qu’icône féminine ?
-Je le dis souvent aux écrivaines : détachez-vous du corps, et traitez plus les sujets nationaux et sociétaux.
Je suis une écrivaine qui ne chante pas le corps féminin, la féminité, ou l’amour conjugal, comme les écrivaines arabes Ghada Sammane ou Leila Baalabakki. Mon but, à travers mes écrits, est plus grand : participer à la construction et à l’enrichissement de la base culturelle moderne du Royaume. J’ai participé à la reconstruction des mosquées de Léningrad, en Birmanie et en Tchétchénie… Ma cause est-elle féminine ou humaine et humanitaire ?
Dans tous mes ouvrages, ma cause est celle des indignés et des innocents, où qu’ils soient, loin de leurs origines ou croyances. J’essaye de traiter de questions à la fois plus prosaïques et fondamentales. Je suis contre cette vague de féminisme envahissante, dans les écrits et les espaces publics. Nous sommes différents des occidentaux. Arrêtons avec l’importation des idées préconçues qui nous viennent en ligne directe de l’Occident ! Nous devons développer nos particularismes, les soutenir et les préserver.
Que pensez-vous du forum international, organisé le 26 octobre par l'Organisation de la Femme Istiqlalienne, qui vous a rendu hommage ?
-Je remercie les organisatrices de cet événement. Ce furent des assises intéressantes qualitativement et quantitativement. Ça m’a fait chaud au cœur. Elles m’ont rappelé ma féminité, mais pas au point de faire des sujets de la femme une priorité de mes préoccupations. L’Homme m’intéresse plus. J’invite les femmes marocaines, à travers la femme istiqlalienne, à être pour la parité, et plus grandes que la parité.
Plusieurs postes de responsabilités vous ont été proposés. Vous les avez tous refusés. Quelle en est la raison ?
-Une fois, lors d’une des innombrables interviews télévisées, j’ai dit : « Je défie les Rois du monde, bien que j’aime et respecte notre Roi Mohamed 6, les présidents des Républiques, de dire que Khnata Bennouna a reçu de leur part un simple cadeau un jour. Pour prouver qu’il y a encore des plumes dignes qui ne peuvent être corrompues. Je voulais que cette plume soit marocaine !
Safaa KSAANI
Peu courant dans les registres de l’état civil, son prénom n’a pas échappé à nos questions :
Que signifie le prénom Khnata ?
- (Riant, émue par cette question inattendue de sa part). Ce prénom m’a créé des soucis au début de ma carrière, au Moyen-Orient. Les orientalistes trouvaient que mon prénom ne me représentait pas. Littérairement, Khnatha vient du mot « Khonth » qui signifie « transexualité ». Pour me présenter, je leur répondais souvent par l’une des deux significations suivantes :
- Le prénom de la poétesse arabe Al-Khanssa a voyagé de la péninsule arabique pour atterrir au Maroc et devenir Khnata, que je suis. Ce qui n’est pas authentique !
- En Egypte, que j’ai visitée plus d’une dizaine de fois, le pharaon Akhenaton est venu au Maroc où son nom devint Khnata.
Après tout, ce corps qui porte ce prénom est hanté par le possible et l’impossible, la recherche du cœur et de l’essence des objets et de l’abstrait. Je suis une femme obsédée par l’amour de la connaissance, où qu’elle soit. C’est ça Khnata Bennouna !
Mes parents m’ont choisi ce prénom qui appartenait à ma grand-mère paternelle.
Que représente la cause féminine pour vous, en tant qu’icône féminine ?
-Je le dis souvent aux écrivaines : détachez-vous du corps, et traitez plus les sujets nationaux et sociétaux.
Je suis une écrivaine qui ne chante pas le corps féminin, la féminité, ou l’amour conjugal, comme les écrivaines arabes Ghada Sammane ou Leila Baalabakki. Mon but, à travers mes écrits, est plus grand : participer à la construction et à l’enrichissement de la base culturelle moderne du Royaume. J’ai participé à la reconstruction des mosquées de Léningrad, en Birmanie et en Tchétchénie… Ma cause est-elle féminine ou humaine et humanitaire ?
Dans tous mes ouvrages, ma cause est celle des indignés et des innocents, où qu’ils soient, loin de leurs origines ou croyances. J’essaye de traiter de questions à la fois plus prosaïques et fondamentales. Je suis contre cette vague de féminisme envahissante, dans les écrits et les espaces publics. Nous sommes différents des occidentaux. Arrêtons avec l’importation des idées préconçues qui nous viennent en ligne directe de l’Occident ! Nous devons développer nos particularismes, les soutenir et les préserver.
Que pensez-vous du forum international, organisé le 26 octobre par l'Organisation de la Femme Istiqlalienne, qui vous a rendu hommage ?
-Je remercie les organisatrices de cet événement. Ce furent des assises intéressantes qualitativement et quantitativement. Ça m’a fait chaud au cœur. Elles m’ont rappelé ma féminité, mais pas au point de faire des sujets de la femme une priorité de mes préoccupations. L’Homme m’intéresse plus. J’invite les femmes marocaines, à travers la femme istiqlalienne, à être pour la parité, et plus grandes que la parité.
Plusieurs postes de responsabilités vous ont été proposés. Vous les avez tous refusés. Quelle en est la raison ?
-Une fois, lors d’une des innombrables interviews télévisées, j’ai dit : « Je défie les Rois du monde, bien que j’aime et respecte notre Roi Mohamed 6, les présidents des Républiques, de dire que Khnata Bennouna a reçu de leur part un simple cadeau un jour. Pour prouver qu’il y a encore des plumes dignes qui ne peuvent être corrompues. Je voulais que cette plume soit marocaine !
Safaa KSAANI
Khnata Bennouna est née à Fès en 1940, dans une famille de 5 garçons, où elle était la seule fille.
A l’âge de 14 ans, elle a commencé sa carrière d’écrivaine et de poétesse. Khnata Bennouna a publié une vingtaine d’ouvrages qui ont marqué l’Histoire de la littérature dans le monde arabe. Elle est la première femme marocaine à avoir obtenu la carte de presse, en 1965. La même année, elle a publié le premier magazine culturel féminin au Maroc « Chorouk » (1965) et le deuxième dans le monde arabe après le magazine « Rose al-Yusuf ».
Deux années plus tard, elle a publié la première série « A bas le silence » (1967). Une vingtaine d’ouvrages viendront enrichir la bibliographie de Khnata Bennouna.
Khnata Bennouna a occupé le poste de directrice du lycée Ouallada à Casablanca dès1968. Elle a été décorée par le Roi Mohamed VI du « Wissam al moukafaa al wathania de 2ème classe » en 2015.
L’œuvre imposante déjà publiée n’a pas suffi à Khnata Bennouna : elle garde toujours le goût de l’écriture. Son tout dernier ouvrage, paru en 2019, est « Livre des correspondances ».
A l’âge de 14 ans, elle a commencé sa carrière d’écrivaine et de poétesse. Khnata Bennouna a publié une vingtaine d’ouvrages qui ont marqué l’Histoire de la littérature dans le monde arabe. Elle est la première femme marocaine à avoir obtenu la carte de presse, en 1965. La même année, elle a publié le premier magazine culturel féminin au Maroc « Chorouk » (1965) et le deuxième dans le monde arabe après le magazine « Rose al-Yusuf ».
Deux années plus tard, elle a publié la première série « A bas le silence » (1967). Une vingtaine d’ouvrages viendront enrichir la bibliographie de Khnata Bennouna.
Khnata Bennouna a occupé le poste de directrice du lycée Ouallada à Casablanca dès1968. Elle a été décorée par le Roi Mohamed VI du « Wissam al moukafaa al wathania de 2ème classe » en 2015.
L’œuvre imposante déjà publiée n’a pas suffi à Khnata Bennouna : elle garde toujours le goût de l’écriture. Son tout dernier ouvrage, paru en 2019, est « Livre des correspondances ».