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Culture

MAGAZINE : Les Andalousies atlantiques, l’amour dans l’âme


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 9 Novembre 2025

Deux décennies se sont écoulées depuis la création par André Azoulay de cette rencontre qui revendique « L’importance du lieu, l’importance du lien ». Cette année encore, du 30 octobre au 2 novembre, Essaouira a frappé là où ça réveille, caressé là où ça fait réfléchir. Musique et forum se sont érigés comme les axes vitaux d’une vision touchant les profondeurs d’un état d’esprit construit autour d’une coexistence plus qu’accessible, d’un dialogue énergiquement interculturel.



Vingt ans ! Vingt ans d’un doux combat dans les murs d’une cité exceptionnelle, capable de déclarer la paix mêlant confessions et vivre ensemble, réalité et espoir. Les Andalousies atlantiques mènent leur croisade contre une perte de la mémoire aussi aigue que l’ignorance qui lui sert d’enveloppe. Un constat cuisant que le forum du festival, ces matinées où l’intervention est libre et multiple, s’acharne à dissiper à coups d’arguments tranchants, de vécus captivants, de réactions émouvantes. Une douleur enfouie qui fait surface sur le ton de l’exorcisation, le temps d’un gros week-end, une fois l’an, sous le thème « L’importance du lieu, l’importance du lien ». Vingt ans que cela dure avec un intérêt fluctuant et un message constant. Essaouira est, finalement, un rappel à l’ordre, un ordre humaniste où l’épanouissement de l’âme est le vecteur nodal. Musulmans et juifs s’y prennent par la main, y enlacent leurs convergences, y crient leurs heurs de se retrouver, accueillant chrétiens pour une vision monothéiste globale. Et au-delà. Cette folie salvatrice, celle de réunir et d’unir, est véhiculée par le fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, André Azoulay. Sa secrétaire générale et directrice artistique, Kaoutar Benamara, a sa façon de le présenter lors de la soirée d’ouverture du festival : « Il y a vingt ans, un homme natif de cette ville rêvait — rêvait qu’ici, dans son pays, dans sa ville, naisse un rendez-vous où la musique serait conviée au plus beau des banquets : un banquet auquel nos cœurs pourraient un jour assister, là où musulmans, juifs, chrétiens et d’autres encore, viendraient se réunir simplement pour le bonheur d’être ensemble. » C’est sans se soucier de son attachement au forum. Finalement si : « Demain matin, le forum s’ouvre à 10h00 précises à Bayt Dakira. Merci d’être présents à l’heure, prêts à participer, à écouter, à échanger. » Et comme elle, « nous sommes ers d’appartenir à cette grande famille, ers d’accompagner ce rêve devenu réalité.

Aujourd’hui, et depuis plus d’une décennie — en réalité deux décennies — le Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira fait vibrer les pierres de cette ville au sou e des musiques andalouses judéo-arabes, célébrant la rencontre de l’Islam et du Judaïsme, la mémoire et l’avenir, l’enracinement et l’ouverture. » Cette 20e édition ne célèbre pas qu’un anniversaire, elle proclame un engagement renouvelé « envers une ville-monde, ouverte à toutes les musiques, et envers un monde qui a besoin d’exemples vivants de coexistence, de paix et de fraternité. » Dans cette ville, on sait s’écouter en invitant di érentes cultures autour des musiques andalouses et du chant judéo-arabe. C’est cela Essaouira, c’est cela le Maroc. 


Le show de la sincérité

Le concert émotionnel qui accompagne les palabres matinales des Andalousies se compose avec les tripes, se joue avec le cœur, se transmet avec les accords de la conscience. Quelques bifurcations indélicates -cela fait partie du lot des débats ouverts à tousviennent chercher inconsciemment guides et gardiens d’un temple bâti sur la justesse des mots. Le cas de cette jeune intervenante, pleine de bonnes volontés, qui parle « de Marocains et de Juifs ». Elle est vite remise sur les rails par une autre participante : « On dit Marocains, juifs et musulmans. » La pendule ainsi remise à l’heure, le forum poursuit son cours entre histoires, interrogations et prises de conscience. Sous le poids net d’Essaouira. D’où l’appellation « L’importance du lieu, l’importance du lien ». Un lien renvoyant à l’esprit d’un festival qui rappelle l’affiliation en en créant de nouvelles. Cela relève de l’ample générosité d’un évènement ne demandant qu’adhésion à ce qui se dit, se vit, chagrine, enchante. De ces jours de festival, on en sort jamais indemne. Une force traduite par des sourires, une complicité installée aux abords des larmes, voilà qui caractérise les convictions des Andalousies atlantiques. Et puis, il y a ces curieux locaux qui parlent de Hafla.

Même s’ils scrutent l’évènement de loin, ils l’évoquent en utilisant le terme fête. Un cérémonial boursou é d’humilité voulu constructif et gracieux. L’édition-anniversaire o erte à cheval entre octobre et novembre n’est pas de trot, elle évolue au galop. Au cœur de ces enjambées, la sincérité fait son show en douceur. Pas besoin de taper sur la table, d’autres le font bien et on voit les (non) résultats. Et si, comme le répètent les festivaliers, d’autres régions s’inspiraient de ce qui se passe à Essaouira, ville d’apaisement, d’acceptation de l’Autre, du vivre ensemble ? Manquerait ce vent qui sou e ou pas, maintenant sa présence dans la cérébralité d’un autochtone comme dans celle d’un visiteur émerveillé. Essaouira-Mogador et des souvenirs en or. 







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