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Actu Maroc

Les écoles privées recourent aux menaces pour être payées

Confinement


Rédigé par S. K. Lundi 6 Avril 2020

L’état d’urgence sanitaire n’a pas empêché des établissements scolaires privés d’exiger le règlement des frais de scolarité correspondant au mois avril.



Comme à chaque début de mois, les écoles privées envoient une note aux parents d’élèves les invitant à payer les frais de scolarité de leur progéniture.

Or, en cette période de confinement, les élèves du primaire, du collège et du lycée suivent les cours à distance, soit les recevant de leurs enseignants, des sites web désignés par le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle et de la Recherche scientifique, soit des chaînes télévisées dédiées.

Après que le gouvernement ait refusé la demande de représentants des écoles privées pour bénéficier du Fonds Spécial dédié à la gestion de la pandémie de coronavirus, certaines écoles privées se sont retournées vers les parents d’élèves, exigeant le paiement des frais de scolarité du mois avril et en allant même jusqu’à les menacer de ne pas admettre en classe les élèves ne s’étant pas acquittés de ces frais. Dans une même ville, les parents d’élèvent ne sont pas logés à la même enseigne.

A Tiflet, par exemple, M. Mustapha, père de trois enfants, dont un au lycée et deux en primaire, déclare que ses enfants continuent à recevoir les cours à distance, bien qu’il n’ait pas payé les frais pour le mois d’avril. « Je n’ai reçu aucune demande de paiement des frais de scolarité de la part de l’école. Mes enfants continuent à recevoir leurs cours à distance. D’autres parents et moi-même saluons le personnel de l’école pour cette initiative humaine et solidaire ».

Contrairement à M. Mustapha, M. Mohamed, père de deux filles qui étudient au primaire, a vu les cours envoyées par les enseignants s’interrompre depuis vendredi 3 mars. « J’ai reçu un SMS de la part de l’école me menaçant de mettre fin aux cours envoyés par les professeurs à mes filles, et de ne plus les admettre en classe après la fin du confinement », témoigne-t-il.

Ce que dit la loi 06.00

En examinant la loi n°06.00, formant statut de l’enseignement scolaire privé, nous constatons qu’aucun article n’évoque le côté financier qui lie les parents aux écoles. C’est ce qu’a confirmé M. Khalid Benichou, Directeur des Affaires Juridiques et du Contentieux au MEN.

« Actuellement, la loi n°06.00 doit être revue pour bien définir et cadrer la relation entre les établissements privés et les parents, sur le plan financier. Cette révision se fera en se basant sur le Projet de loi-cadre n°51.17 relatif au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique publié le 19 août 2019 dans le Bulletin Officiel ».

En attendant l’application du Projet de loi-cadre n°51.17, le ministre est entré en contact avec les représentants des écoles privées, pour définir la meilleure formule à adopter par les écoles et les parents d’élèves, selon la même source.

S. K.

3 questions à M. Noureddine Akkouri

M. Noureddine Akkouri
M. Noureddine Akkouri
« Nous invitons les parents menacés à nous contacter »
 
Nous avons contacté M. Noureddine Akkouri, président de la Fédération des Associations des Parents d’élèves au Maroc.

- Dans les présentes circonstances, plusieurs parents d’élèves n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité. Les gérants des écoles privées ont-ils le droit de les y forcer ?

En ces moments durs et exceptionnels du confinement, les écoles privées ne doivent pas exiger des familles de payer les frais de scolarité. La majorité des parents, qui sont issus de la classe moyenne, travaillant dans le secteur privé, sont actuellement sans ressources. Il est inadmissible que les écoles privées exigent les frais de scolarité en ces moments difficiles aux parents, qui ont inscrit leurs enfants depuis des années et qui ne manquaient pas de payer tous les frais dans les délais fixés par les établissements.

- Cependant, les propriétaires des écoles ont des charges à payer. Comment pourraient-ils s’arranger s’ils ne sont pas à leur tour payés par les parents ?

- Les écoles qui se respectent ont des trésoriers chargés d’économiser, de solder les dépenses et d’encaisser les recettes, ce qui leur procure des réserves leur permettant de subvenir aux charges d’au moins deux mois. En tant que Fédération, nous avons contacté plusieurs écoles privées qui nous ont affirmé qu’elles n’ont pas envoyé de demande de paiement des frais aux parents. Il y a même celles qui ont refusé de recevoir les frais du mois mars. Celles qui ont demandé aux parents de payer les frais constituent une minorité. Nous les invitons à attendre la fin du confinement pour trouver un arrangement avec les parents.

-Que compte faire votre Fédération pour défendre les parents d’élèves acculés à payer les frais de scolarité sous la menace ?

-Les écoles privées qui menacent les parents de l’interruption des cours à distance et qui utilisent les élèves comme moyen de pression, pour les amener à céder à leurs exigences, n’ont pas le droit. Les écoles privées sont venues compléter celles du public. En tant que Fédération Nationale des Associations des Parents d’élèves au Maroc, nous invitons tous les parents ayant vécu cette situation à nous contacter pour leur rendre justice.

Receuillis par S. K.