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Culture

Le Centre national du patrimoine immatériel verra le jour à Rabat dans les prochains mois


Rédigé par Yassine Elalami le Jeudi 6 Novembre 2025

Trois ans après l’annonce royale de 2022, le projet du Centre national pour la préservation du patrimoine immatériel s’apprête enfin à se concrétiser. Le ministre de la Culture, Mehdi Bensaid, a confirmé son ouverture prochaine à Rabat.



Le chantier du Centre national pour la préservation du patrimoine immatériel touche à sa phase finale. Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, Mehdi Bensaid, a annoncé, mardi 4 novembre, devant la Chambre des conseillers, que cette institution « sera inaugurée à Rabat dans quelques mois ». Cette annonce vient concrétiser la vision exprimée par SM le roi Mohammed VI en 2022, lors de la 17ᵉ session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
 
Dans ce message royal lu par Mohamed Hajoui, alors secrétaire général du gouvernement, le Souverain avait rappelé l’importance d’une action coordonnée pour préserver les expressions culturelles du Royaume : « Compte tenu de l’intérêt particulier que nous attachons au patrimoine culturel, et en concordance avec l’esprit et la lettre de la Convention de l’UNESCO, nous annonçons la création d’un Centre national pour le patrimoine culturel immatériel, qui aura pour tâche de consolider les acquis réalisés en la matière. »
 
L’objectif de cette nouvelle institution sera de poursuivre l’inventaire méthodique du patrimoine immatériel à travers le pays, de renforcer les capacités des professionnels chargés de sa sauvegarde, de sensibiliser les jeunes générations à sa valeur, et d’évaluer l’efficacité des mécanismes de protection des éléments déjà inscrits sur les listes du patrimoine mondial. Elle devra également accompagner la préparation des futurs dossiers marocains soumis à l’UNESCO.
 
Un projet longtemps attendu
 
C’est la parlementaire Neila Tazi, fondatrice de la Fédération des industries culturelles et créatives (CGEM), qui a ravivé le débat à la Chambre des conseillers. Interpellant le ministre, elle a souligné le décalage entre l’annonce royale et la lenteur de la mise en œuvre : « Trois ans après cette annonce, le Centre n’a toujours pas vu le jour, et la loi 33.22, adoptée en janvier dernier, n’y fait aucune référence. »
 
Adoptée en début d’année, la loi 33.22 vise à renforcer le cadre juridique de la protection du patrimoine culturel national, matériel comme immatériel, face aux risques d’usurpation ou d’appropriation illégale. Cette réforme avait notamment fait écho aux tensions diplomatiques suscitées par la tentative de l’Algérie d’inscrire le caftan et le zellige à l’UNESCO.
 
En réponse, Mehdi Bensaid a précisé que la loi et le futur centre relèvent de logiques complémentaires : « La loi 33.22 protège légalement le patrimoine, tandis que le Centre relève d’une compétence du ministère. » Le ministre a également insisté sur la nécessité de concevoir une programmation « à l’image de la diversité culturelle et historique du Maroc », afin de refléter la pluralité des traditions, savoir-faire et expressions artistiques du pays.
 
Réseau patrimonial en expansion
 
Le ministre a par ailleurs rappelé les efforts déployés pour développer les Centres d’interprétation du patrimoine (CIP), créés depuis 2011 dans plusieurs villes du Royaume. Neuf d’entre eux sont déjà opérationnels, parmi lesquels Bayt Dakira à Essaouira, la Villa Perdicaris à Tanger ou encore le site archéologique de Volubilis. Dix autres sont en voie de finalisation, dans le cadre d’un programme d’inaugurations échelonné entre 2022 et 2024.
 
« Ces centres sont en cours de restauration afin d’accueillir prochainement le public, marocain et étranger. Les CIP sont presque des musées vivants, des espaces de transmission et de découverte », a souligné Bensaid.
 
Avec l’ouverture prochaine du Centre national pour la préservation du patrimoine immatériel, le Maroc se dote d’un instrument clé pour la mise en valeur et la défense de son héritage vivant — des arts culinaires aux pratiques sociales, en passant par les traditions orales et les musiques populaires.