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La détresse des personnes en situation de handicap accentuée par la pandémie

Entretien avec Ahmed Maouhoub, président de l’association Rabie Al Omar


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 13 Octobre 2020

Pour affronter les répercussions sociales et économiques de la pandémie du Coronavirus, les personnes en situation de handicap cherchent une issue de secours



- En tant que personne en situation de handicap, défendant les droits de cette population, comment avez-vous vécu la pandémie depuis le début ?
- Il va sans dire que la pandémie du nouveau Coronavirus a laissé les personnes en situation de handicap devant une situation difficile, tant au niveau médical, parascolaire qu’éducatif. Les familles de cette population, qui sont majoritairement pauvres, ainsi que leur entourage éducatif et social ont été dans l’embarras. C’est ce qui a poussé de nombreuses familles à gérer la nouvelle situation de façon aléatoire, surtout que le ministère de la Solidarité de la Femme de la Famille et de Développement Social a pris des décisions hasardeuses à cet égard.

Le confinement était un coup de massue pour les personnes en situation de handicap, notamment ceux souffrant d’autisme. Les parents ne sont pas formés et n’ont pas su comment se comporter avec leurs enfants. Avant le déclenchement de la pandémie et l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire dans notre pays, nous bénéficions des services sportifs, médicaux et paramédicaux offerts par le Centre National Mohammed VI des Handicapés (CNMH) à Sala Al Jadida. Grâce à cette collaboration, des enfants et des jeunes ont été transportés à ce Centre pour bénéficier de ses services.

- Face au silence de la part du ministère de tutelle et du gouvernement, quelle a été votre réaction ?
- Personne n’est entrée en contact avec nous pour avoir de nos nouvelles. Ce qui nous a motivé à déposer un mémorandum au chef du gouvernement en vue de lui demander les moyens déployés pour nous faire sortir de cette situation, qui a affecté notre santé mentale et physique.

 Vos droits sont-ils réels ou ce ne sont que des textes sans effet dans la réalité ?
-Tous les gouvernements passés ont collecté les données sur les personnes en situation de handicap. Le royaume a ratifié des conventions internationales, où les droits des personnes en situation de handicap sont défendus. Il y a également la loi cadre 97.13, relative à la protection et à la promotion des droits des personnes en situation de handicap qui parle de ces droits et incite à les mettre en application à travers de bons mécanismes qui prennent en considération les spécificités de chacune des douze régions du royaume. En juillet 2017, le gouvernement avait donné le coup d’envoi d’une collaboration, à travers des politiques inclusives de cette population. Où en sommes-nous dans tout ça? Nous espérons que les partis politiques mettent en place des programmes de développement pour améliorer les conditions sociales et économiques de cette population, à travers la généralisation de la couverture sociale par exemple. D’ailleurs, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insisté sur cette généralisation, à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 5ème année législative de la 10ème législature.

- Qu’est-ce qui a été fait par le ministère ces derniers mois ? 
- Le ministère a pris la position d’observateur. Des capsules vidéo sur les personnes en situation de handicap ont été diffusées à la télévision marocaine, mais très tardivement, pendant le Ramadan, soit un mois avant l’assouplissement du confinement. Leurs actions sont insignifiantes.
 
Recueillis par
Safaa KSAANI

Portrait : Une success story inspirante

Les parents de Ahmed Maouhoub l’ont vacciné contre la polio avant l’âge d’un an. La réaction de son corp au vaccin lui a causé un handicap moteur, à vie. C’est d’ailleurs le cas de nombreuses personnes nées dans les années 70-80. Quelques années plus tard, il a pu retrouver ses forces grâce aux séances de rééducation qu’il suivait.

Au primaire, il a pu intégrer la Ligue britannique des personnes en situation de handicap, tout au long de sa scolarité, dans la région de Khémisset. La Ligue, placée sous la supervision de la Reine Elisabeth, offrait des services gratuits. Il est retourné à Rabat pour poursuivre ses études. “Je n’ai pas pu rejoindre les bancs des Universités pour des raisons économiques et de santé. Dans les années 80, le handicap était un tabou chez nous”, nous affirme-t-il. Des conditions qui ont laissé un vide dans sa vie. Cependant il n’a pas baissé les bras. Armé de sa seule détermination, il a créé son association Rabie Al Omar des personnes en situation de handicap à Rabat, ce qui l’a aidé à suivre ses études universitaires et devenir même un formateur national et international dans le domaine de la démocratie participative et de la lutte contre la violence contre les femmes en situation de handicap. Il travaille également avec des organismes internationaux.

Actuellement, il est chercheur dans le domaine du handicap et président de la Fédération Nationale du suivi des personnes en situation de handicap. Il a été décoré par SM le Roi Mohammed VI, deux fois. La première, en 1995. Le deuxième, en 2015, suite à la création de son association. 
 
S. K.

Repères

Faible intégration
La faible intégration de la dimension du handicap dans les différentes mesures prises pour prévenir la propagation de l’épidémie et atténuer ses impacts économiques et sociaux fait également partie des griefs de la Plate-forme des réseaux des coalitions travaillant dans le domaine des droits des personnes en situation de handicap au Maroc. Celle-ci a appelé à inclure le critère du handicap dans le calcul de la compensation offerte aux familles et prévoir une compensation supplémentaire à certaines personnes handicapées qui utilisent des médicaments nécessaires pour leur santé, et assurer la pérennité des services médicaux et paramédicaux de base pour certaines d’entre elles.
Le programme de numérisation pour l’obtention de l’attestation de handicap critiqué
Le ministère de la Solidarité, du Développement social, de l’Egalité et de la Famille a lancé, fin juin dernier, le programme de numérisation de la procédure d’obtention de l’attestation de handicap. Ce programme leur permettra d’obtenir cette attestation à tout moment, sans nécessité de déplacement, selon la ministre de la Solidarité, Jamila El Moussali. “Mais comment estce possible alors que l’ignorance numérique règne chez la majorité des personnes en situation de handicap ?”, se demande M. Ahmed Maouhoub.
Une journée nationale pas comme les autres
Comme tous les 30 mars de chaque année, se tient la journée nationale des personnes en situation de handicap. Cette année, la pandémie Covid-19 a changé les traits de cette commémoration. Les éditions précédentes de cette occasion étaient festives et inclusives à cette catégorie dans la société, à travers des activités pédagogiques, sportives, sociales et professionnelles, qui étaient une occasion importante dans la vie de cette catégorie de notre société. 








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