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L'émission "Le dernier mot" reçoit Lezli Engelking : légalisation du cannabis au Maroc

L'émission « Le Dernier Mot » du bouquet LODJ TV animé par le consultant Ali Bouallou traite des sujets géostratégique qui concernent particulièrement le Maroc


Rédigé par AB Vendredi 25 Février 2022

Lezli Engelking, Présidente de FOCUS* : « le marché américain peut parfaitement être intéressé par les produits marocains de Cannabis thérapeutique »

LE : «L’ONU et l’OMS ont établi que les politiques répressives sur les drogues suivies par les États membres causaient plus de problèmes qu’ils n’aidaient les gens. »

LE : « L’ONU et l’OMS disposent aujourd’hui de données dont elles ne disposaient pas il y a trente ans.»




la suite d’une série de recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Commission des stupéfiants des Nations Unies (Commission on Narcotic Drugs) a décidé de retirer le Cannabis de l'annexe IV de la Convention de 1961 sur les stupéfiants où il figurait parmi d'autres drogues mortelles et addictives.

Suite à cela, le Maroc a changé sa stratégie vis-à-vis du Cannabis. D’une politique de lutte, de condamnation et de remplacement, le Maroc a opté pour la légalisation thérapeutique du Cannabis produit dans certaines provinces du nord du Maroc depuis plusieurs siècles.

Les études entamées dès le début des années 2000 par l’Agence de Développement des Provinces du Nord ont été mises à jour et complétées par d’autres études et recherches sur le terrain dans une démarche participative et inclusive.    
Le résultat de ces travaux a été un projet de loi porté par le Ministère de l’Intérieur. Ce projet de loi a été longuement débattu au parlement. Ces débats passionnés et passionnants ont abouti à l’adoption de la loi n° 13-21 en mai 2021. Cette loi, rappelons- le, ne traite que des usages licites du Cannabis c.à.d. les usages médical, cosmétique et industriel. L'usage récréatif reste cependant interdit et passible de poursuites judiciaires.
Dans cette émission, Mme Lezli Engelking a eu l’amabilité de répondre aux questions de Mr Ali Bouallou, consultant pour le compte de LODJ.ma.  

Mme Engelking est dans le domaine de la santé depuis plusieurs années. Après avoir géré une entreprise spécialisée dans le Cannabis thérapeutique, elle a créé en 2014 la fondation FOCUS (Foundation of Cannabis Unified Standards). Cette fondation offre des prestations de conseil et d’accompagnement pour les organisations publiques et privées dans le domaine du Cannabis thérapeutique. La fondation répond surtout aux besoins de standardisation nécessaire au développement d’une industrie et d’un commerce sûrs et de qualité à l’échelle mondiale.    

Concernant les Etats-Unis, Mme Engelking n’a pas manqué de rappeler qu’il n’existe aucune loi fédérale sur le Cannabis. Chaque Etat élabore sa propre loi sur le Cannabis. Les trente sept (37) Etats américains, ayant autorisé le Cannabis, n’ont pas tous la même loi et n’ont aucune connexion au niveau fédéral. Ils n’exigent pas les mêmes dispositions aux opérateurs. Ils n’autorisent pas l’usage du Cannabis pour les mêmes conditions. Ils n’autorisent pas non plus les mêmes produits.
Concernant le processus de l’ONU, Mme Engelking a rappelé que les Nations-Unies et l’OMS sont toutes les deux de grandes organisations. Le processus de changement est par défaut lent dans ce type d’organisation. C’est à peine en 2018 que l’OMS a commencé à étudier les programmes de planification du Cannabis, à quoi il pouvait servir ainsi que les résultats des politiques sur les drogues à travers le monde, nous rappelle Mme Engelking.

L’ONU et l’OMS ont établi que les politiques sur les drogues ne prévenaient pas les dommages sociétaux. Ils causent plus de problèmes qu’ils n’aident les gens.

La communauté d’experts sur les dépendances à la drogue constituée d’un groupe d’experts de la médecine et santé publiques (Expert Committee on Drug Dependence) sous l’égide de l’OMS, ont décidé d’étudier toutes les données disponibles afin de recommander une approche plus rationnelle pour la régulation des drogues en général et le Cannabis en particulier, basée sur les données de santé publique et de sécurité, et non sur la criminalisation.

Aux Etats-Unis, Mme Engelking a rappelé que les seuls produits autorisés par le gouvernement fédéral sont les produits pharmaceutiques qui ont suivi le traditionnel contrôle clinique (double-blind, randomized, placebo-controlled trial). Il s’agit d’un usage limité du Cannabis approuvé par l’administration fédérale FDA (Food & Drug Administration).

L’usage le plus étendu du Cannabis se trouve au niveau des programmes des Etats. Les patients utilisent le Cannabis pour des problèmes médicaux comme des douleurs chroniques. Et de rappeler que s’il y a un nombre croissant de décès et d'hospitalisations dus aux opioïdes à travers la planète, le Cannabis ne présente nullement le même risque.

Il faut également noter l’usage du Cannabis pour l’anxiété sociale, la dépression, le stress…ainsi que la sclérose en plaque. Le Cannabis peut également soigner des gens ayant vécu des traumatismes et qui ont du mal à se reprendre. Sans parler des usages liés à la chirurgie, au cancer…

Dans son exposé, Mme Engelking regrette la démarche urgente qu’adoptent certains pays pour mettre leur politique Cannabis en place car ils en connaissent les retombées socio-économiques immédiates.

D’après Mme Engelking, l’urgence empêche ces pays d’effectuer une bonne planification et les oblige souvent à sursoir voire annuler des actions importantes. Cela entraîne en général une mise à niveau de la politique après les trois ou quatre premières années.

Ayant visité le Maroc pendant plusieurs jours notamment la région du Rif, Mme Engelking rappelle que les institutions internationales savent parfaitement que les producteurs du Cannabis au Maroc existent depuis plusieurs siècles. Toute politique ou programme devra intégrer ces producteurs. Selon elle, l’Etat marocain devrait les former et les mettre à niveau avant le démarrage de toute industrie intégrant les coopératives, les unités de production, les revendeurs…afin que la loi adoptée porte ses fruits rapidement.    
 


En évoquant la loi sur le Cannabis aux Etats-Unis, Mme Engelking rappelle que chaque Etat (américain) fonctionne comme un pays indépendant. L’Arizona a sa loi. Le New Jersey a une tout autre loi. L’Etat du Mexique a également sa propre loi. C’est un grand défi pour les opérateurs et c’est tout l’enjeu de la standardisation, la raison d’être de FOCUS, pour protéger la santé publique et garantir la sécurité des consommateurs.

Ces standards doivent être conformes aux lignes directives de l’OMS et l’OMC pour les meilleures pratiques d’agriculture et de collecte, de fabrication, de production et de distribution. L’objectif est de disposer de standards reconnus partout dans le monde dans un cadre bilatéral ou multilatéral.  

Dans le cadre de l’accord de libre échange entre le Maroc et les Etats-Unis, Mme Engelking confirme que le marché américain serait parfaitement intéressé par les produits marocains de Cannabis thérapeutique. Cela sera possible lorsque le gouvernement fédéral américain changera sa politique vis-à-vis du Cannabis. Selon Mme Engelking, tous les intervenants du secteur du Cannabis travaillent de concert pour que la loi fédérale américaine change dans ce domaine.

Mme Engelking a toutes les raisons de croire que cela se concrétisera dans un délai proche. Elle n’a pas manqué de rappeler le développement important des huiles marocaines sur le marché américain comme l’huile d’olive et l’huile d’argan. Elle prédit le même développement pour les produits marocains de Cannabis thérapeutique.     

A la fin de son exposé et forte de ses expériences dans vingt (20) Etats américains et treize (13) pays à travers le monde, Mme Engelking a rappelé que le Maroc devrait prendre le temps de la réflexion, dans le cadre d’une démarche anticipative, avant de mettre en place son programme de développement du Cannabis thérapeutique.

Selon elle, la précipitation dans l’exécution du programme pour atteindre rapidement le développement socio-économique escompté, pourrait entrainer un échec comme il fut le cas dans certains pays et Etats américains. Elle a aussi mentionné plus haut la nécessité de la formation et la mise à niveau des populations marocaines concernées par la culture du Cannabis.   

* : Foundation of Cannabis Unified Standards



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