L’Opinion : Vous avez participé, ce mercredi 15 mars 2023, au webinaire sur l’apport de la gent féminine marocaine dans les BTP. Quel est l’état des lieux à travers les chiffres ?
Bouchra Kadiri : Comme nous avons pu le constater lors du dernier salon du bâtiment (novembre 2022), la femme investit de plus en plus le secteur du BTP, que ce soit dans les métiers techniques ou dans ceux plus classiques de gestion. C’est une avancée d’autant plus perceptible que le métier se digitalise et se modernise faisant appel à un capital humain moins axé sur la force physique
Avec le temps, la femme a su s’imposer en innovant dans les process et en créant des entreprises pointues et reconnues dans toutes les branches du secteur BTP (gros œuvre, RD, menuiserie, domotique, aluminium, isolation…). Pour ce qui concerne les chiffres, je ne pense pas qu’il existe de véritables statistiques.
Mais d’une manière générale au Maroc, et même si le nombre de femmes dépasse en proportion le nombre d’hommes, le niveau de parité en termes d’activité reste très faible avec à peine 2,4 millions d’actifs féminins occupées. Vous vous doutez donc bien que dans un secteur principalement masculin comme celui du BTP, la représentativité féminine reste marginale. Toutefois, je reste confiante quant à l’évolution de la participation féminine que ce soit par nécessité, par goût ou par défi.
L’Opinion : Ce constat établi, que faire pour soutenir et encourager l'émergence de leadership féminin dans le BTP ?
Bouchra Kadir : Il existe plusieurs actions qui peuvent être entreprises pour soutenir et accentuer l’émergence de leadership féminin dans le secteur du BTP, il faudrait par exemple encourager les jeunes femmes à étudier les filières scientifiques et techniques pour accéder aux métiers de la construction, de l’ingénierie, de l’architecture et de la gestion de projet…
Cela peut aussi se faire à travers la promotion de l’égalité des sexes dans les entreprises de construction, en mettant en place des politiques et des pratiques qui encouragent l’embauche et la promotion de la femme, tout comme offrir des formations et des programmes de mentorat pour aider les femmes à développer leurs compétences professionnelles et à accéder à des postes de direction dans le secteur du BTP.
Il s’agit aussi d’encourager les femmes à créer leur propre entreprise en offrant des financements et des conseils en matière de gestion d’entreprise, en mettant en place des réseaux et des événements pour les femmes dans le secteur du BTP afin de leur permettre de s’entraider et de partager leurs expériences, ou encore en sensibilisant les entreprises et organisations du secteur aux avantages de la diversité de genre en termes d’innovation, de créativité et de rentabilité.
Chez URBACOM, nous mettons en avant, lors de nos événements et dès qu’il nous est possible de le faire, les femmes qui œuvrent dans le secteur. Nous proposons systématiquement des plateformes de partage et de visibilité telles que l’espace SIB Women qui a connu un grand engouement lors de notre dernier salon.
L’Opinion : Qu’en est-il de la parité homme et femme dans ce secteur ?
Bouchra Kadir : Il est évident que nous sommes très loin de la parité homme femme dans le secteur du BTP. Cela est cohérent dans un métier principalement et historiquement masculin. Très physique dans ses origines, c’est l’homme qui a investi ces métiers par effet biologique et par nécessité.
Aujourd’hui, les femmes qui se lancent de ce secteur, par vocation et par envie, y apportent beaucoup de valeur ajoutée en y intégrant des éléments pratiques et qualitatifs. Il est également important de noter que la promotion de la parité homme-femme dans le secteur du BTP ne doit pas être considérée comme une fin en soi, mais plutôt comme une étape nécessaire pour atteindre une culture de travail plus égalitaire et plus inclusive, où tous les travailleurs ont la possibilité de contribuer à leur plein potentiel, indépendamment de leur sexe.
L’Opinion : Pourquoi avez-vous choisi d'être sur un métier de terrain, à savoir la topographie ?
Kaltoum Momayiz : Le choix du métier de topographe est fondé sur ma volonté et ma passion. La topographie est un métier fondé principalement sur les mathématiques qui ne séparent pas la femme de l’homme. Ce métier regroupe la gestion, le travail sur terrain et au bureau. Du coup tout cerveau orienté et très bien appliqué dans ce métier réussit.
L’Opinion : Vous êtes aujourd'hui SG de votre Ordre, comment jugez-vous ce parcours de leadership au milieu d'un environnement d'hommes ?
Kaltoum Momayiz : Il faut dire que les circonstances au Maroc ont beaucoup changé. Cela fait pratiquement plus qu’un quart du siècle, les gens ne croyaient pas beaucoup aux compétences féminines mais actuellement ce n’est plus le cas surtout avec les orientations royales et politiques qui ont donné la chance et le droit à la femme d’être dans tous les domaines et la femme avec son caractère holistique a vraiment montré ses performances.
L'Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes et à la lutte contre toute forme de discrimination par application de la Constitution de 2011, article 19 : « L'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental ».
A mon époque 1992-1993, nous étions 2 filles parmi 28 étudiants, alors que depuis 2021-2022, le nombre des étudiantes topographes a dépassé celui des étudiants. Certes, au début de ma carrière j’ai rencontré beaucoup de problèmes liés au manque de confiance des gens en les compétences féminines, surtout en tant que femme exerçant dans le privé. Mais au fil des années, j’ai senti que cette notion s’est évaporée car ce sont les compétences et le savoir-faire qui parlent.
L’Opinion : Vous êtes précurseur du BIM, en quoi la technologie favorise-t-elle la femme dans le secteur ?
Kaltoum Momayiz : Le BIM (Building Information Modeling), c’est ce nouveau processus appliqué dans le bâtiment et l’infrastructure par tous les intervenants au tour d’une maquette numérique à travers une plateforme collaborative. C’est vrai qu’il n’a pas changé le métier mais c’est le BTP qui se féminise.
Certes le numérique facilite les métiers, à cet effet il favorise beaucoup la femme et plus particulièrement dans le secteur du BTP. Dans le métier de topographe, les technologies innovantes appliquées dans l’acquisition sur terrain, notamment les scanners 3D et les drones au vu de leur poids qui est léger ont vraiment contribué dans la facilitation du métier. Pour la partie logiciels et processus, la femme est toujours dedans. Femme ou homme, ce sont l’engagement, le savoir-faire et les compétences qui comptent.
L’Opinion : Comment se présente aujourd’hui l’entrepreneuriat féminin dans le secteur des BTP à l’heure des nouvelles technologies ?
Safae Badur : Comparé à autrefois, l'entrepreneuriat féminin dans le secteur des BTP a connu une augmentation significative ces dernières années. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s'impliquer dans ce domaine et à créer des entreprises, notamment grâce aux opportunités offertes par les nouvelles technologies.
Avant l'avènement des technologies de pointe, les femmes étaient souvent sous-représentées dans le secteur de la construction. Cela était dû à des facteurs tels que les stéréotypes de genre, le manque d'accès à la formation et à la certification, ainsi qu'à la discrimination. Cependant, aujourd'hui, les femmes entrepreneures dans le secteur des BTP peuvent tirer parti des nouvelles technologies pour se démarquer et être compétitives sur le marché.
Par exemple : les logiciels de gestion de projet tels que Procore ou PlanGrid permettent aux entrepreneures de suivre et de gérer les tâches de construction en temps réel, ce qui leur permet de gagner du temps et de l'argent tout en maintenant une efficacité opérationnelle accrue. Les technologies de modélisation 3D, telles que Revit ou Autocad, permettent aux femmes entrepreneures de concevoir et de visualiser des projets de construction en trois dimensions, ce qui facilite la communication avec les clients et les partenaires de projet.
Les drones et les capteurs IoT peuvent aider à surveiller les travaux de construction, ce qui améliore la sécurité sur le chantier et réduit les coûts de main-d'œuvre. La réalité augmentée peut être utilisée pour aider les entrepreneurs à visualiser les plans de construction en utilisant des outils de visualisation en temps réel.
e peux dire enfin que l'entrepreneuriat féminin dans le secteur des BTP a considérablement évolué grâce aux nouvelles technologies. Les femmes entrepreneures peuvent désormais accéder à des outils qui leur permettent de gérer plus efficacement leurs projets, d'améliorer leur productivité et de réduire les coûts de main-d'œuvre. Bien que des défis subsistent, les technologies de pointe offrent des opportunités importantes pour les femmes entrepreneures dans le secteur des BTP.
L’Opinion : Peut-on parler, actuellement, de transaction immobilière des hommes ou des femmes par l’approche méthodologique ?
Safae Badur : L'approche méthodologique dans les transactions immobilières diffère entre les hommes et les femmes. Au fil des ans, nous avons vu de plus en plus de femmes se lancer dans ce secteur, et il est intéressant de se pencher sur les raisons de leur succès.
Tout d'abord, il est important de noter qu'en termes d'approche méthodologique, il n'y a pas de différence fondamentale entre les hommes et les femmes. Les deux sexes suivent des méthodes similaires pour mener des transactions immobilières.
Toutefois, certaines études suggèrent que les femmes ont tendance à être plus organisées et plus méticuleuses dans leur approche des transactions immobilières. Cela peut s'expliquer par le fait que les femmes sont souvent confrontées à des obstacles supplémentaires dans le secteur de l'immobilier.
Elles doivent souvent travailler plus dur pour prouver leur valeur et leur compétence aux clients et aux collègues masculins. Cela les pousse à être plus efficaces dans leur travail et à être plus consciencieuses dans leur approche. De plus, les femmes ont tendance à être plus empathiques et à mieux comprendre les besoins de leurs clients.
Cela peut être un atout majeur dans le secteur de l'immobilier, où la satisfaction du client est essentielle pour réussir. Les femmes ont également tendance à avoir une approche plus collaborative et à travailler en équipe, ce qui peut aider à résoudre les problèmes et à trouver des solutions créatives pour les clients. En fin de compte, ce sont les compétences et les résultats qui comptent le plus dans le secteur de l'immobilier, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes.
Cependant, il est clair que les femmes ont la capacité de réussir dans ce secteur en utilisant leur approche méthodologique unique et leur capacité à comprendre les besoins de leurs clients. Certaines femmes ont réussi à dépasser les hommes dans ce domaine en se concentrant sur leur travail, en développant des compétences en matière de communication et de négociation et en s'appuyant sur leur réseau professionnel.
De plus, des initiatives telles que la promotion de l'égalité des sexes et de la diversité dans le secteur de l'immobilier peuvent aider à encourager davantage de femmes à rejoindre le secteur et à réussir dans ce domaine. Du côté clients, on remarque aussi une différence entre les genres. En tant que directrice d'agence immobilière, il est de mon devoir de veiller à ce que tous nos clients soient traités de manière égale et juste lors de leurs transactions immobilières.
À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, je souhaite aborder la question de l'égalité des sexes dans l'approche méthodologique des transactions immobilières. Alors, peut-on parler de transactions immobilières des hommes ou des femmes ? À mon avis, la réponse est non. Dans l'approche méthodologique des transactions immobilières, il est important de traiter tous les clients de manière égale, sans distinction de sexe, de race, de religion ou de toute autre caractéristique personnelle.
Les mêmes normes et les mêmes pratiques doivent être appliquées à tous, sans exception. Malheureusement, la réalité est que les femmes peuvent encore faire face à des obstacles lors de la réalisation de transactions immobilières. Les stéréotypes de genre peuvent influencer les comportements des professionnels de l'immobilier et entraîner une discrimination indirecte à l'encontre des femmes.
Cela peut se traduire par des prix plus élevés pour les biens immobiliers vendus par des femmes, des offres d'achat moins élevées pour les biens immobiliers achetés par des femmes, et une moindre considération des préférences et des besoins des femmes lors des négociations. En tant que professionnels de l'immobilier, nous avons, chez Century21 Casa Immo, la responsabilité de faire en sorte que tous nos clients soient traités de manière égale et juste.
Cela signifie que nous devons nous efforcer de comprendre les préoccupations et les besoins de nos clients, quel que soit leur sexe. Nous devons également faire preuve de transparence et de professionnalisme dans toutes nos interactions avec les clients, en leur fournissant des informations précises et complètes sur les biens immobiliers et les conditions de vente.
Heureusement, les choses évoluent dans la bonne direction. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes de direction dans le secteur immobilier et à s'impliquer dans les transactions immobilières. En conclusion, bien que la méthodologie de travail devrait être la même pour les hommes et les femmes dans le secteur de l'immobilier, il peut y avoir des différences de perception et de traitement des clients.
Cependant, les femmes ont prouvé qu'elles étaient capables de surpasser les hommes dans ce domaine grâce à leurs compétences en communication, en écoute et en négociation. Les femmes qui réussissent sont celles qui sont rigoureuses dans leur approche méthodologique, tout en offrant un service personnalisé et en établissant des relations à long terme avec leurs clients.
L’Opinion : Qu’en est-il de l’inclusion financière des femmes dans ce secteur de la transaction immobilière ? Quels sont les principaux défis ?
Safae Badur : En tant que directrice d'agence immobilière, je peux vous dire que l'inclusion des femmes dans le marché de la transaction immobilière est en constante progression, mais il y a encore du travail à faire pour atteindre une véritable parité. L'utilisation de la nouvelle technologie a certainement ajouté des avantages considérables pour les femmes dans ce domaine.
Les plateformes en ligne telles que Zillow et Redfin ont permis aux femmes de rechercher et de trouver des propriétés en toute sécurité depuis leur domicile, sans avoir à se rendre physiquement dans les agences immobilières. Les visites virtuelles, la réalité augmentée et la signature électronique ont également permis aux femmes de visualiser et de finaliser des transactions sans avoir à se déplacer physiquement sur le site.
Les réseaux sociaux ont également permis aux femmes de se connecter avec des clients potentiels et de promouvoir leur entreprise. Les agents immobiliers peuvent désormais utiliser Facebook, Instagram, LinkedIn et d'autres plateformes pour publier des photos et des descriptions de propriétés, et pour atteindre des clients dans leur région.
Cependant, il y a encore des défis à relever pour les femmes dans ce domaine. Les femmes sont souvent confrontées à des stéréotypes de genre et à des préjugés dans l'industrie immobilière, ce qui peut les empêcher de progresser ou d'obtenir les mêmes opportunités que leurs homologues masculins.
Les femmes peuvent également faire face à des situations potentiellement dangereuses lorsqu'elles rencontrent des clients seules ou lorsqu'elles visitent des propriétés en dehors des heures de travail. En somme, les nouvelles technologies ont certainement ajouté des avantages pour les femmes dans le domaine de l'immobilier, mais il reste encore des défis à relever pour garantir une véritable inclusion et égalité des sexes dans l'industrie.
Entretien réalisé par Wolondouka SIDIBE
Bouchra Kadiri : Comme nous avons pu le constater lors du dernier salon du bâtiment (novembre 2022), la femme investit de plus en plus le secteur du BTP, que ce soit dans les métiers techniques ou dans ceux plus classiques de gestion. C’est une avancée d’autant plus perceptible que le métier se digitalise et se modernise faisant appel à un capital humain moins axé sur la force physique
Avec le temps, la femme a su s’imposer en innovant dans les process et en créant des entreprises pointues et reconnues dans toutes les branches du secteur BTP (gros œuvre, RD, menuiserie, domotique, aluminium, isolation…). Pour ce qui concerne les chiffres, je ne pense pas qu’il existe de véritables statistiques.
Mais d’une manière générale au Maroc, et même si le nombre de femmes dépasse en proportion le nombre d’hommes, le niveau de parité en termes d’activité reste très faible avec à peine 2,4 millions d’actifs féminins occupées. Vous vous doutez donc bien que dans un secteur principalement masculin comme celui du BTP, la représentativité féminine reste marginale. Toutefois, je reste confiante quant à l’évolution de la participation féminine que ce soit par nécessité, par goût ou par défi.
L’Opinion : Ce constat établi, que faire pour soutenir et encourager l'émergence de leadership féminin dans le BTP ?
Bouchra Kadir : Il existe plusieurs actions qui peuvent être entreprises pour soutenir et accentuer l’émergence de leadership féminin dans le secteur du BTP, il faudrait par exemple encourager les jeunes femmes à étudier les filières scientifiques et techniques pour accéder aux métiers de la construction, de l’ingénierie, de l’architecture et de la gestion de projet…
Cela peut aussi se faire à travers la promotion de l’égalité des sexes dans les entreprises de construction, en mettant en place des politiques et des pratiques qui encouragent l’embauche et la promotion de la femme, tout comme offrir des formations et des programmes de mentorat pour aider les femmes à développer leurs compétences professionnelles et à accéder à des postes de direction dans le secteur du BTP.
Il s’agit aussi d’encourager les femmes à créer leur propre entreprise en offrant des financements et des conseils en matière de gestion d’entreprise, en mettant en place des réseaux et des événements pour les femmes dans le secteur du BTP afin de leur permettre de s’entraider et de partager leurs expériences, ou encore en sensibilisant les entreprises et organisations du secteur aux avantages de la diversité de genre en termes d’innovation, de créativité et de rentabilité.
Chez URBACOM, nous mettons en avant, lors de nos événements et dès qu’il nous est possible de le faire, les femmes qui œuvrent dans le secteur. Nous proposons systématiquement des plateformes de partage et de visibilité telles que l’espace SIB Women qui a connu un grand engouement lors de notre dernier salon.
L’Opinion : Qu’en est-il de la parité homme et femme dans ce secteur ?
Bouchra Kadir : Il est évident que nous sommes très loin de la parité homme femme dans le secteur du BTP. Cela est cohérent dans un métier principalement et historiquement masculin. Très physique dans ses origines, c’est l’homme qui a investi ces métiers par effet biologique et par nécessité.
Aujourd’hui, les femmes qui se lancent de ce secteur, par vocation et par envie, y apportent beaucoup de valeur ajoutée en y intégrant des éléments pratiques et qualitatifs. Il est également important de noter que la promotion de la parité homme-femme dans le secteur du BTP ne doit pas être considérée comme une fin en soi, mais plutôt comme une étape nécessaire pour atteindre une culture de travail plus égalitaire et plus inclusive, où tous les travailleurs ont la possibilité de contribuer à leur plein potentiel, indépendamment de leur sexe.
L’Opinion : Pourquoi avez-vous choisi d'être sur un métier de terrain, à savoir la topographie ?
Kaltoum Momayiz : Le choix du métier de topographe est fondé sur ma volonté et ma passion. La topographie est un métier fondé principalement sur les mathématiques qui ne séparent pas la femme de l’homme. Ce métier regroupe la gestion, le travail sur terrain et au bureau. Du coup tout cerveau orienté et très bien appliqué dans ce métier réussit.
L’Opinion : Vous êtes aujourd'hui SG de votre Ordre, comment jugez-vous ce parcours de leadership au milieu d'un environnement d'hommes ?
Kaltoum Momayiz : Il faut dire que les circonstances au Maroc ont beaucoup changé. Cela fait pratiquement plus qu’un quart du siècle, les gens ne croyaient pas beaucoup aux compétences féminines mais actuellement ce n’est plus le cas surtout avec les orientations royales et politiques qui ont donné la chance et le droit à la femme d’être dans tous les domaines et la femme avec son caractère holistique a vraiment montré ses performances.
L'Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes et à la lutte contre toute forme de discrimination par application de la Constitution de 2011, article 19 : « L'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental ».
A mon époque 1992-1993, nous étions 2 filles parmi 28 étudiants, alors que depuis 2021-2022, le nombre des étudiantes topographes a dépassé celui des étudiants. Certes, au début de ma carrière j’ai rencontré beaucoup de problèmes liés au manque de confiance des gens en les compétences féminines, surtout en tant que femme exerçant dans le privé. Mais au fil des années, j’ai senti que cette notion s’est évaporée car ce sont les compétences et le savoir-faire qui parlent.
L’Opinion : Vous êtes précurseur du BIM, en quoi la technologie favorise-t-elle la femme dans le secteur ?
Kaltoum Momayiz : Le BIM (Building Information Modeling), c’est ce nouveau processus appliqué dans le bâtiment et l’infrastructure par tous les intervenants au tour d’une maquette numérique à travers une plateforme collaborative. C’est vrai qu’il n’a pas changé le métier mais c’est le BTP qui se féminise.
Certes le numérique facilite les métiers, à cet effet il favorise beaucoup la femme et plus particulièrement dans le secteur du BTP. Dans le métier de topographe, les technologies innovantes appliquées dans l’acquisition sur terrain, notamment les scanners 3D et les drones au vu de leur poids qui est léger ont vraiment contribué dans la facilitation du métier. Pour la partie logiciels et processus, la femme est toujours dedans. Femme ou homme, ce sont l’engagement, le savoir-faire et les compétences qui comptent.
L’Opinion : Comment se présente aujourd’hui l’entrepreneuriat féminin dans le secteur des BTP à l’heure des nouvelles technologies ?
Safae Badur : Comparé à autrefois, l'entrepreneuriat féminin dans le secteur des BTP a connu une augmentation significative ces dernières années. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s'impliquer dans ce domaine et à créer des entreprises, notamment grâce aux opportunités offertes par les nouvelles technologies.
Avant l'avènement des technologies de pointe, les femmes étaient souvent sous-représentées dans le secteur de la construction. Cela était dû à des facteurs tels que les stéréotypes de genre, le manque d'accès à la formation et à la certification, ainsi qu'à la discrimination. Cependant, aujourd'hui, les femmes entrepreneures dans le secteur des BTP peuvent tirer parti des nouvelles technologies pour se démarquer et être compétitives sur le marché.
Par exemple : les logiciels de gestion de projet tels que Procore ou PlanGrid permettent aux entrepreneures de suivre et de gérer les tâches de construction en temps réel, ce qui leur permet de gagner du temps et de l'argent tout en maintenant une efficacité opérationnelle accrue. Les technologies de modélisation 3D, telles que Revit ou Autocad, permettent aux femmes entrepreneures de concevoir et de visualiser des projets de construction en trois dimensions, ce qui facilite la communication avec les clients et les partenaires de projet.
Les drones et les capteurs IoT peuvent aider à surveiller les travaux de construction, ce qui améliore la sécurité sur le chantier et réduit les coûts de main-d'œuvre. La réalité augmentée peut être utilisée pour aider les entrepreneurs à visualiser les plans de construction en utilisant des outils de visualisation en temps réel.
e peux dire enfin que l'entrepreneuriat féminin dans le secteur des BTP a considérablement évolué grâce aux nouvelles technologies. Les femmes entrepreneures peuvent désormais accéder à des outils qui leur permettent de gérer plus efficacement leurs projets, d'améliorer leur productivité et de réduire les coûts de main-d'œuvre. Bien que des défis subsistent, les technologies de pointe offrent des opportunités importantes pour les femmes entrepreneures dans le secteur des BTP.
L’Opinion : Peut-on parler, actuellement, de transaction immobilière des hommes ou des femmes par l’approche méthodologique ?
Safae Badur : L'approche méthodologique dans les transactions immobilières diffère entre les hommes et les femmes. Au fil des ans, nous avons vu de plus en plus de femmes se lancer dans ce secteur, et il est intéressant de se pencher sur les raisons de leur succès.
Tout d'abord, il est important de noter qu'en termes d'approche méthodologique, il n'y a pas de différence fondamentale entre les hommes et les femmes. Les deux sexes suivent des méthodes similaires pour mener des transactions immobilières.
Toutefois, certaines études suggèrent que les femmes ont tendance à être plus organisées et plus méticuleuses dans leur approche des transactions immobilières. Cela peut s'expliquer par le fait que les femmes sont souvent confrontées à des obstacles supplémentaires dans le secteur de l'immobilier.
Elles doivent souvent travailler plus dur pour prouver leur valeur et leur compétence aux clients et aux collègues masculins. Cela les pousse à être plus efficaces dans leur travail et à être plus consciencieuses dans leur approche. De plus, les femmes ont tendance à être plus empathiques et à mieux comprendre les besoins de leurs clients.
Cela peut être un atout majeur dans le secteur de l'immobilier, où la satisfaction du client est essentielle pour réussir. Les femmes ont également tendance à avoir une approche plus collaborative et à travailler en équipe, ce qui peut aider à résoudre les problèmes et à trouver des solutions créatives pour les clients. En fin de compte, ce sont les compétences et les résultats qui comptent le plus dans le secteur de l'immobilier, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes.
Cependant, il est clair que les femmes ont la capacité de réussir dans ce secteur en utilisant leur approche méthodologique unique et leur capacité à comprendre les besoins de leurs clients. Certaines femmes ont réussi à dépasser les hommes dans ce domaine en se concentrant sur leur travail, en développant des compétences en matière de communication et de négociation et en s'appuyant sur leur réseau professionnel.
De plus, des initiatives telles que la promotion de l'égalité des sexes et de la diversité dans le secteur de l'immobilier peuvent aider à encourager davantage de femmes à rejoindre le secteur et à réussir dans ce domaine. Du côté clients, on remarque aussi une différence entre les genres. En tant que directrice d'agence immobilière, il est de mon devoir de veiller à ce que tous nos clients soient traités de manière égale et juste lors de leurs transactions immobilières.
À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, je souhaite aborder la question de l'égalité des sexes dans l'approche méthodologique des transactions immobilières. Alors, peut-on parler de transactions immobilières des hommes ou des femmes ? À mon avis, la réponse est non. Dans l'approche méthodologique des transactions immobilières, il est important de traiter tous les clients de manière égale, sans distinction de sexe, de race, de religion ou de toute autre caractéristique personnelle.
Les mêmes normes et les mêmes pratiques doivent être appliquées à tous, sans exception. Malheureusement, la réalité est que les femmes peuvent encore faire face à des obstacles lors de la réalisation de transactions immobilières. Les stéréotypes de genre peuvent influencer les comportements des professionnels de l'immobilier et entraîner une discrimination indirecte à l'encontre des femmes.
Cela peut se traduire par des prix plus élevés pour les biens immobiliers vendus par des femmes, des offres d'achat moins élevées pour les biens immobiliers achetés par des femmes, et une moindre considération des préférences et des besoins des femmes lors des négociations. En tant que professionnels de l'immobilier, nous avons, chez Century21 Casa Immo, la responsabilité de faire en sorte que tous nos clients soient traités de manière égale et juste.
Cela signifie que nous devons nous efforcer de comprendre les préoccupations et les besoins de nos clients, quel que soit leur sexe. Nous devons également faire preuve de transparence et de professionnalisme dans toutes nos interactions avec les clients, en leur fournissant des informations précises et complètes sur les biens immobiliers et les conditions de vente.
Heureusement, les choses évoluent dans la bonne direction. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes de direction dans le secteur immobilier et à s'impliquer dans les transactions immobilières. En conclusion, bien que la méthodologie de travail devrait être la même pour les hommes et les femmes dans le secteur de l'immobilier, il peut y avoir des différences de perception et de traitement des clients.
Cependant, les femmes ont prouvé qu'elles étaient capables de surpasser les hommes dans ce domaine grâce à leurs compétences en communication, en écoute et en négociation. Les femmes qui réussissent sont celles qui sont rigoureuses dans leur approche méthodologique, tout en offrant un service personnalisé et en établissant des relations à long terme avec leurs clients.
L’Opinion : Qu’en est-il de l’inclusion financière des femmes dans ce secteur de la transaction immobilière ? Quels sont les principaux défis ?
Safae Badur : En tant que directrice d'agence immobilière, je peux vous dire que l'inclusion des femmes dans le marché de la transaction immobilière est en constante progression, mais il y a encore du travail à faire pour atteindre une véritable parité. L'utilisation de la nouvelle technologie a certainement ajouté des avantages considérables pour les femmes dans ce domaine.
Les plateformes en ligne telles que Zillow et Redfin ont permis aux femmes de rechercher et de trouver des propriétés en toute sécurité depuis leur domicile, sans avoir à se rendre physiquement dans les agences immobilières. Les visites virtuelles, la réalité augmentée et la signature électronique ont également permis aux femmes de visualiser et de finaliser des transactions sans avoir à se déplacer physiquement sur le site.
Les réseaux sociaux ont également permis aux femmes de se connecter avec des clients potentiels et de promouvoir leur entreprise. Les agents immobiliers peuvent désormais utiliser Facebook, Instagram, LinkedIn et d'autres plateformes pour publier des photos et des descriptions de propriétés, et pour atteindre des clients dans leur région.
Cependant, il y a encore des défis à relever pour les femmes dans ce domaine. Les femmes sont souvent confrontées à des stéréotypes de genre et à des préjugés dans l'industrie immobilière, ce qui peut les empêcher de progresser ou d'obtenir les mêmes opportunités que leurs homologues masculins.
Les femmes peuvent également faire face à des situations potentiellement dangereuses lorsqu'elles rencontrent des clients seules ou lorsqu'elles visitent des propriétés en dehors des heures de travail. En somme, les nouvelles technologies ont certainement ajouté des avantages pour les femmes dans le domaine de l'immobilier, mais il reste encore des défis à relever pour garantir une véritable inclusion et égalité des sexes dans l'industrie.
Entretien réalisé par Wolondouka SIDIBE
