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Interview avec El Mahdi Aboulmanadel : DeepLeaf ou le futur « lifesaver » de la culture de cacao en Afrique


Rédigé par Mina ELKHODARI Mardi 14 Mai 2024

Participant à la première édition du « Deep Tech Summit », organisé en fin de semaine, par l’Université Mohammed VI Polytechnique (L’UM6P) de Benguerir, la startup « DeepLeaf » a suscité l’intérêt des producteurs de cacao au Ghana. Ces derniers devront donc miser sur les solutions de rupture proposées par cette entreprise pour sauver les cultures de plante en Afrique. Interview avec El Mahdi Aboulmanadel, fondateur de DeepLeaf



  • DeepLeaf, startup agritech, s'apprête à jouer le rôle de « lifesaver » des cultures de cacao en Afrique après une rencontre majeure que vous avez faite lors de la première édition du « Deep Tech Summit ». Quelles problématiques projetez-vous de résoudre ? 

En marge de la première édition de cet événement phare, nous avons eu le plaisir de rencontrer le directeur général d’une entreprise de production de cacao en Afrique. Celui-ci a affiché un intérêt particulier pour notre caméra de détection des maladies des plantes, en vue de réduire les pertes dues à la propagation d’un virus ravageur qui a touché jusqu’à 50% des cultures de cacao dans le continent en 2024. 

Après discussion, nous avons compris que notre solution pourrait aider les agriculteurs en Afrique à optimiser la protection de leurs cultures de Cacao, en assurant la détection précoce des maladies. En accompagnant les agriculteurs pendant leurs cultures, nous allons diminuer les pertes qui ne touchent pas seulement l'agriculture du cacao, mais d’autres cultures en Afrique dans son ensemble. 

Notre équipe est prête à lancer le projet pilote au Ghana. Il ne reste donc qu’à établir une feuille de route claire pour commencer la mise en place de nos solutions au profit des agriculteurs africains.
 
  • Quelle est exactement la solution qui profitera aux producteurs de cacao en Afrique ? 

En effet, CropScan est une application accessible sur Smartphone. Il s'agit d'une caméra hyper-spectrale qui aide l'agriculteur à identifier le taux de résilience des pesticides et à obtenir le temps minimum de récolte, afin d’éviter toute nuisance à sa culture.
 
  • DeepLeaf offre aux agriculteurs d’autres solutions basées sur la technologie avancée. En quoi consistent-elles exactement ? 

En plus de CropScan, DeepLeaf propose deux solutions pour les agriculteurs, permettant de combattre les maladies de plantes et les insectes ravageurs, grâce à l’intelligence artificielle. Ces solutions nous permettent de prévenir les risques de maladies, de les identifier et de les contrôler. 

Notre première solution est « Morshida ». Comme son terme l’indique, c’est un agronome artificielle disponible pour les agriculteurs sur WhatsApp et en format d’application mobile, permettant de répondre de manière instantanée à toutes les doléances des agriculteurs. 

Pour ce faire, il suffit que l’agriculteur prenne en photo la plante en question pour recevoir la maladie identifiée ainsi que le traitement recommandé dans cette situation, grâce à l’intelligence artificielle.

La deuxième solution est « DeepFly ». C'est un petit drone substitué aux grands drones dédiés à la pulvérisation des pesticides et qui dégradent les sols. Ce drone est positionné dans la ferme ou dans le désert avec une caméra, Infrarouge, qui sert à identifier les coordonnées spatiales d'un objet volant. Quand il observe l'objet, il classe si c'est un pollinisateur ou un ravageur. Si c'est un ravageur, il envoie les coordonnées au drone.  Le drone s'attaque donc au ravageur pour l’éliminer avec les hélices. Ce produit sera disponible en tant que produit final dans six mois 
 
  • Ces solutions sont-elles réellement mises en œuvre par les agriculteurs aujourd'hui ?

Aujourd'hui, Morshida bénéficie gratuitement à tous les agriculteurs. Il y a déjà 700 utilisateurs qui s'en servent au Maroc, au Nigeria et en Tanzanie, pour les cultures de tomates, de myrtilles, de manioc et de moringa. 

Pour les agriculteurs qui utilisent Morshida, ils peuvent toujours passer à la version premium pour avoir une caméra gratuite. Nous proposons également un abonnement annuel qui comprend la caméra et les conseils de Morchida.

Quant à la solution CropScan, il s'agit d'un projet pilote que nous avons lancé dans le secteur de l'agriculture avec des partenaires qui nous ont fait confiance. Nous aurons le plaisir de le mettre à la disposition des agriculteurs au Maroc et en Afrique gratuitement.
 
  • Le développement de cette technologie de pointe n'est-il pas vraiment coûteux pour DeepLeaf ? 

La technologie de rupture est plus chère. Mais avec l'UM6P, nous avons accès à des FabLab, à des experts qui nous facilitent la tâche. Nous arrivons également à poursuivre ce travail grâce à nos partenaires, notamment Microsoft qui nous a octroyé 150 000 dollars de crédits cloud, gratuitement. Il s’agit aussi de NVIDIA, leader mondial du calcul informatique, qui nous a donné accès à leur GPU, cartographique, pour entraîner l'IA. L’activité la plus chère en startup Deep Tech. Actuellement, DeepLeaf est en phase de levée de fonds. Nous sommes donc toujours à la recherche d'investisseurs intéressés pour mettre des tickets sur notre startup.
 
  • Le monde de l’entrepreneuriat est plein de défis. Existe-il des situations spécifiques auxquelles les startups Deep tech font face ? 

Notre grand défi consiste déjà à pouvoir lever des fonds en étant en phase de grow up. Le produit d’une startup Deep tech a la particularité d’être très coûteux en termes de temps et d’investissements. En effet, le processus de développement d’une technologie de rupture nécessite des années de recherche et de développement, retardant ainsi la rentabilité du projet et donc l’attrait des investisseurs, naturellement intéressés par le gain.

Aujourd’hui, près de 700 utilisateurs utilisent « Morshida » gratuitement sans que DeepLeaf n’en génère un revenu. Pour nous rattraper, nous avons opté pour la vente des appareils pour la version premium. Or, le développement de ces caméras pour qu’ils prennent en charge toutes les cultures et tous les pesticides demande des investissements colossaux.

Je vous donne un exemple simple. Pour acquérir, par exemple, une simple lentille avec laquelle nous filtrons la lumière qui entre dans l'appareil photo, appelée mid-opt, il faut débourser jusqu'à 70 000 de dirhams. 
 
  • Que proposez-vous pour relever ces défis ? 

Le gouvernement pourrait, par exemple, offrir des incitations aux startups Deep tech, leur permettant de créer des solutions sans recourir aux investisseurs surtout dans la phase de grow-up. Ces solutions technologiques, notamment dans le secteur agricole, profiteront largement à notre pays qui perd 20% de ses cultures.
 
  • Quelle est aujourd’hui l’ambition de DeepLeaf ? 

DeepLeaf veut jouer le rôle de certificateur des produits agricoles marocains, en collaboration avec l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). L’idée derrière ce projet ambitieux est d’établir des rapports de traçabilité certifiant sur les produits agricoles marocains.  Ces rapports infaisables grâce à la technologie blockchain devront débloquer la crise de confiance qui sévit ces derniers temps dans le marché.








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